La professeure canadienne d’origine iranienne Homa Hoodfar a été libérée de la prison d’Evin, en Iran, où elle croupissait depuis près de quatre mois.
La nouvelle de la libération de Mme Hoodfar a été rendue publique lundi par l’agence de presse officielle iranienne IRNA, citant un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Professeure retraitée de l’Université Concordia de Montréal où elle enseignait l’anthropologie et la sociologie, Homa Hoodfar était détenue en Iran sur la base d’accusations nébuleuses.
Selon les autorités iraniennes, Homa Hoodfar, malade, a été libérée pour des raisons humanitaires. La professeure retraitée souffre en effet de myasthénie, une maladie auto-immune rare caractérisée par une faiblesse musculaire. Elle a immédiatement quitté Téhéran à destination du Canada.

Une présence dérangeante
Homa Hoodfar, 65 ans, était en Iran pour visiter la famille après la mort de son mari. Elle devait également mener des recherches archivistiques à la bibliothèque parlementaire de Téhéran, Mais elle été interpellée, interrogée, puis interdite de quitter le pays en mars.
Ses proches aveint fait état de son incarcération à la prison d’Evin, à Téhéran depuis le 6 juin où elle était maintenue en isolement cellulaire.
Mercredi dernier, des amis, d’anciens collègues de l’universitaire montréalaise et des membres de sa famille ont manifesté pour réclamer sa libération. Parce que, disaient-ils, Mme Hoodfar était détenue sur la base d’accusations inventées de toutes pièces.
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Début septembre, un groupe de professeurs de l’université Concordia et des membres de sa famille avaient déjà demandé à l’Iran, au Canada et à l’Irlande, trois pays dont Mme Hoodfar avaient la nationalité, de tout faire pour la libérer. Plus tôt cet été, près de 5000 universitaires à travers le monde avaient signé une pétition en soutien à Mme Hoodfar.

Satisfaction d’Ottawa
Le premier ministre canadien Justin Trudeau n’a pas dissimulé sa satisfaction suite au dénouement de cette affaire. « Les Canadiens sont soulagés de constater que Mme Hoodfar a été libérée et qu’elle retrouvera bientôt sa famille, ses amis et ses collègues» a-t-il déclaré dans un communiqué.
« Le gouvernement du Canada s’est impliqué de façon active et constructive aux plus hauts niveaux dans le dossier de Mme Hoodfar depuis le début de cette dure épreuve, en travaillant en vue d’obtenir sa libération et son retour au Canada » a poursuivi M. Trudeau.
En l’absence d’une représentation diplomatique canadienne en Iran, le gouvernement a travaillé « en étroite coopération’ avec l’Oman, l’Italie et la Suisse, qui ont joué un rôle déterminant menant à la libération de la professeure Hoodfar »
Jeux de coulisses
Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et son homologue canadien Stéphane Dion s’étaient rencontrés la semaine dernière à New York pour la première fois depuis que les relations entre Téhéran et Ottawa avaient été rompues en 2012.

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Le Canada avait alors fermé son ambassade en Iran et expulsé tous les diplomates de Téhéran au Canada. Pour Ottawa, l’Iran constituait la plus grande menace à la sécurité mondiale, en raison notamment de son programme nucléaire et de son assistance militaire au président syrien Bachar al-Assad.
Après avoir conclu un accord nucléaire historique avec les puissances mondiales en juillet dernier, l’Iran cherche à mettre fin à son long isolement.
Cependant, le potentiel d’ouverture de Téhéran à l’Occident après l’accord nucléaire de l’an dernier a alarmé les radicaux iraniens. Depuis l’année dernière, les Gardiens de la révolution iranienne ont arrêté au moins sept citoyens ayant la double nationalité, ou des expatriés en visite dans le pays.
(Avec CP et La Presse Canadienne)
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