Un internaute nous pose cette question : pourquoi le Canada mène-t-il une politique d’immigration pour ensuite retarder le processus et l’octroi des visas?
La politique canadienne d’immigration suscite beaucoup d’espoir, mais elle n’a plus les moyens de ses ambitions et le problème ne date pas d’hier.
L’actuel gouvernement canadien affirme que les ressources de l’État vouées à l’immigration ont été réduites et que l’accueil du gouvernement s’est fait moins enthousiaste à partir de 2006-2007, période qui coïncidait avec l’arrivée au pouvoir du précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Dans les faits, les problèmes et les délais dans l’acceptation des demandes d’immigration remontent aux gouvernements libéraux précédents.
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Le 11 septembre 2001 est venu refroidir la générosité canadienne

Si les délais d’attente pour la réunification des familles par exemple ont explosé durant les années au pouvoir de M. Harper, une glissade bien nette avait été mentionnée par les experts en immigration bien avant, depuis le tournant des années 2000 environ. L’opinion publique canadienne était peut-être en partie responsable initialement de cette glissade.
Suivant les attaques terroristes, de plus en plus de Canadiens ont semblé se braquer contre les candidats à l’immigration et les réfugiés musulmans et nos propres auditeurs en Afrique du Nord ont commencé alors à nous signaler à cette époque des délais importants en ce qui concernait l’analyse de leurs dossiers d’immigration.

En octobre 2006, le Conseil canadien des réfugiés s’alarmait dans une lettre ouverte devant ce qui s’est avéré être une première vague de compressions budgétaires ou de restrictions de dépenses de la part du gouvernement : « nous demandons au gouvernement de reconsidérer les compressions qui affecteront les individus et les groupes qui souffrent encore de la discrimination, tels que les réfugiés et les immigrants. Nous nous attendons à ce que le secteur bénévole et communautaire canadien soit inclus dans le processus actuel et futur d’élaboration des politiques, en conformité avec les engagements pris dans le cadre de l’Initiative sur le secteur bénévole et communautaire. »
Par rapport à 2007, le délai de traitement des demandes de réunification des familles avait ainsi augmenté en 2015 de 70 % pour les conjoints et les enfants – et de 500 % pour les parents et les grands-parents.
Les conseillers en immigration exigent des changements

En entrevue au Journal de Montréal, Klaudios Mustakas, un ancien gestionnaire d’Immigration Canada aujourd’hui conseiller en immigration en Ontario, confiait l’an dernier avant l’élection du gouvernement libéral de Justin Trudeau : « Le gouvernement doit ajouter des ressources dans le système et demander des comptes aux fonctionnaires imputables. Ça ne peut plus continuer comme ça ».
« les budgets n’ont pas été augmentés, il y a eu des coupes dans le nombre de bureaux de traitement et de fonctionnaires, et le nombre de demandes a augmenté. Donc tous les délais ont augmenté», explique Me Jean-Sébastien Boudreault, président de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration.
Le gouvernement canadien de Justin Trudeau promet de réparer le système

L’actuel ministre de l’Immigration, John McCallum, livrait cette semaine, la nouvelle cible du Canada en matière d’immigration qui sera de 300 000 immigrants en 2017 et il a du coup répéter qu’il espérait que les fonctionnaires de son ministère ont appris de l’expérience de l’arrivée des 25 000 réfugiés syriens pour accélérer leurs méthodes de travail : «Il faut faire les choses plus rapidement, éliminer les choses qui ne sont pas nécessaires. Il faut faire plusieurs choses simultanément plutôt qu’une seule chose à la fois.»
Dans le plan d’immigration de 2015, les conservateurs de Stephen Harper avaient établi cette fourchette entre 260 000 et 285 000 nouveaux résidents permanents.Citoyenneté et Immigration Canada devrait donc si tout va bien et avec un peu plus de 130 millions de dollars additionnels pouvoir accélérer le traitement des demandes, principalement dans les dossiers de réunification des familles, dit le ministre : «Ça prend plus ou moins deux ans, ce qui est loin d’être acceptable. Ça devrait plutôt être six mois.»
Le saviez-vous?
– Autour de 10 000 demandes de parrainages seraient en attente au pays, uniquement dans la catégorie des conjoints.
– Pour eux, le délai moyen de traitement des demandes est passé de 14 mois en 2013, à 25 cette année, soit plus de deux ans.Le temps de traitement varie d’un centre à l’autre et d’un pays à l’autre.
– Cela dépend du nombre de demandes dans un centre à un moment donné. Nous avons vu des demandes traitées en 3 mois et d’autres en aussi longtemps que 5 ans.
– C’est dans les pays africains et du Moyen-Orient dans l’ensemble que les délais sont les plus longs.
RCI avec les informations de Radio-Canada, Journal Métro et le Journal de Montréal.
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