Selon un article d’Alexandre Shields publié par le journal Le Devoir, le pipeline 9B d’Enbridge aurait connu plus de 60 réparations depuis le début de cette année où il transporte le pétrole jusqu’à Montréal. De quoi se préoccuper de la sécurité de la population des différentes municipalités serpentées par cet oléoduc qui permet d’acheminer au quotidien près de 270 000 barils de pétrole de l’ouest vers l’est du Canada.
Des raisons de s’inquiéter
Des documents obtenus par Le Devoir auprès de l’Office national de l’Énergie mentionnent qu’au départ, ce pipeline est censé transporter chaque jour 240 000 barils de pétrole. Aujourd’hui, il en transporte 30 000 de plus et il menace de dépasser le cap des 300 000 barils d’ici l’année prochaine.
Le pipeline existe depuis 1975 et sa fiabilité peut être mise en doute aujourd’hui dans la mesure où, en moins d’un an, il a subi plus de 60 réparations : 41 en Ontario et 22 au Québec. En Ontario comme au Québec, les interventions ont eu lieu souvent tout près des habitations ou des lieux densément fréquentés: cours de résidences, près d’écoles primaires ou de centres de la petite enfance, au cœur de certaines rivières comme la rivière des Mille-Îles et la rivière des Prairies.

Le Devoir rapporte que l’Office national de l’énergie, l’organisme qui s’occupe de la réglementation des pipelines au Canada, a tenté de minimiser la nature de ces interventions, les réduisant à de simples « opérations de maintenance » faisant partie de « l’entretien préventif ». Le quotidien a interrogé un expert qui compte plusieurs années d’expérience dans l’industrie des pipelines, Richard Kuprewicz, et celui-ci a clairement démontré le contraire.
Selon cet expert, les multiples interventions sur les infrastructures trahissent de graves problèmes de dégradation de l’oléoduc 9B et un manque criant de transparence de la part de l’entreprise Enbridge.
Il existe suffisamment d’informations pour qu’on comprenne qu’avec le pipeline 9B, ils ont clairement un problème de corrosion, de craques et de déformations. Il n’y a pas de doute à ce sujet
Des tests insuffisants en amont?
Selon l’expert Kuprewick qui a produit un rapport sur les risques associés ce pipeline, dans le cadre des audiences de l’Office national de l’énergie, l’entreprise Enbridge aurait commis une grave erreur en ne procédant pas à un nombre suffisant de tests hydrostatiques avant l’utilisation du pipeline à des fins de transport de produits dangereux, mentionne l’article du Devoir.
Le test hydrostatique permet en effet de vérifier l’étanchéité du pipeline en y injectant de l’eau. D’après les dires de l’expert Kuprewick, ce test n’aurait été exigé que pour trois tronçons de ce tuyau, dont un seul au Québec, notamment à Mirabel.

Monsieur Kuprewicz a indiqué qu’il était hautement «risqué» d’augmenter la pression dans le système de tuyauterie du pipeline qui a depuis dépassé les capacités de son flot, après avoir obtenu le feu vert de l’Office national de l’énergie.
L’organisme fédéral qui a tenu à défendre son programme «d’intervention préventive» a, non seulement estimé que le sens d’écoulement du pétrole dans le pipeline pouvait être inversé, mais aussi rassuré Enbridge sur le fait que les quantités transportées quotidiennement pouvaient être augmentées, cela sans courir le moindre risque, a souligné l’article du Devoir.
L’intention de notre programme d’entretien préventif sur nos pipelines est d’identifier les caractéristiques du pipeline longtemps avant qu’elles représentent une menace pour l’intégrité du pipeline. Nous continuerons à effectuer des travaux d’entretien préventif sur la ligne 9 pendant la durée du cycle de vie opérationnel du pipeline
Ken Hal, porte-parole d’Enbridge
RCI avec des informations de l’article du journal Le Devoir .
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