Lors de son passage à Peterborough, en Ontario, le premier ministre canadien a lancé un pavé dans la marre du secteur pétrolier canadien.
Le Canada, sixième producteur mondial de pétrole, doit « mettre un terme progressivement » à l’exploitation des sables bitumineux d’Alberta et cesser sa « dépendance » aux hydrocarbures, a plaidé le premier ministre.
« On ne peut pas fermer [les mines] de sables bitumineux demain. On doit y mettre un terme progressivement », a déclaré le dirigeant libéral lors d’une rencontre en Ontario avec des citoyens.
« Nous devons préparer la transition pour rompre notre dépendance aux énergies fossiles », a-t-il ajouté, tout en soulignant que « cela prendra du temps ».
Justin Trudeau lors d’un forum rencontre en anglais avec les citoyens – 0:58
Le Canada à la croisée de choix difficiles

Justin Trudeau répondait à une question portant sur sa décision, fin novembre, d’autoriser l’augmentation de la capacité de deux oléoducs dans l’ouest du pays. Leur modernisation va accroître de près d’un million de barils par jour la capacité à l’export du pays.
« On ne peut pas choisir entre l’environnement et l’économie », a affirmé en outre M. Trudeau, convaincu de pouvoir concilier la lutte contre le réchauffement climatique et la croissance économique.
Engagé à réduire les émissions canadiennes de gaz à effet de serre conformément à l’accord de Paris, ratifié par le Canada, M. Trudeau a ainsi annoncé cet automne une taxe nationale sur le carbone en vigueur en 2018, avec l’appui de l’Alberta, province où est concentrée l’industrie pétrolière.
Ses commentaires suscitent l’indignation en Alberta

En Alberta, le Wildrose Party et le Parti progressiste-conservateur ont rapidement condamné la déclaration.
« Je suis malade et fatigué des gens qui attaquent nos sables bitumineux », a déclaré le chef du parti Wildrose Brian Jean à la SRC. « Je suggère vraiment que M. Trudeau garde ses commentaires pour lui-même quand il ne sait pas de quoi il parle. Si M. Trudeau veut fermer les sables bitumineux d’Alberta, et ma ville d’origine, qu’il soit averti : il devra d’abord me passer dessus et sur les quatre millions d’habitants de l’Alberta ».
Brian Jean est député conservateur de Fort McMurray, capitale pétrolière du pays.
Rappelons que la semaine dernière l’actrice américaine Jane Fonda s’est jointe aux chefs autochtones canadiens pour dénoncer deux projets d’oléoducs des sables bitumineux acceptés par Ottawa récemment.
Pour Jane Fonda, Justin Trudeau tourne le dos à ses engagements en faveur de la lutte contre les changements climatiques.
Aide-mémoire…
Les sables bitumineux sont décriés pour le coût économique et environnemental de leur extraction
– Présent sous forme sablonneuse dans le sous-sol de la forêt boréale, le pétrole est produit au terme d’un long processus polluant et énergivore.
Ce pétrole n’est rentable que si le cours mondial du baril est élevé.
– En octobre et en décembre, deux géants des hydrocarbures, Shell puis Statoil, ont d’ailleurs décidé de se désengager des sables bitumineux canadiens.

RCI avec La Presse Canadienne, AFP et CBC
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