L’économie québécoise était en feu en 2016. La province a occupé la tête du classement au pays en matière de création d’emplois. Mais il pourrait être difficile de répéter cette performance en 2017 en raison d’une multitude de facteurs, dont l’incertitude économique mondiale ainsi que la rareté de main-d’oeuvre.
Selon l’Institut du Québec (IdQ), 2016 a été l’une des meilleures années économiques du Québec depuis 10 ans. 89 500 nouveaux emplois ont été crées. Des emplois principalement à temps plein et dans le secteur privé. À l’exception du Québec, la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Manitoba sont les seules autres provinces où la création de postes à temps plein a été positive.
Même si les prévisions demeurent bonnes pour 2017, le directeur associé du groupe de réflexion, Jean-Guy Côté, affirme néanmoins qu’il y a beaucoup d’incertitude, notamment au sud de la frontière. Plusieurs craignent que les politiques protectionnistes du président américain Donald Trump, qui souhaite renégocier prochainement l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), aient une incidence négative au Québec ainsi que dans le reste du Canada.
« C’est sûr qu’il y a beaucoup d’incertitudes sur le libre-échange, le commerce extérieur et les exportations, concède M. Côté. On pense que (l’élan de 2016) va continuer, mais les prévisions, c’est comme la météo. Des fois, on se trompe »

Taux de chômage faible, main-d’oeuvre recherchée
Par ailleurs, avec un taux de chômage ayant atteint un creux historique de 6,2%, un taux d’emploi de 83% chez les 25-54 ans ainsi qu’une diminution de la population active, les enjeux entourant la rareté de la main-d’oeuvre pourraient avoir un impact sur la création d’emplois, estime le directeur associé de l’IdQ. « Une des bonnes questions, c’est ‘est-ce qu’on va être capable d’aller chercher une main-d’oeuvre qui va pouvoir remplacer celle qui part? ».
En 2016, la grande majorité des emplois ont été créés pendant la deuxième moitié de l’année, un phénomène que l’IdQ est encore en train d’analyser, mais chez Desjardins Études économiques, on estime que cela correspond plutôt à un rattrapage, étant donné qu’au cours des sept premiers mois de la dernière année, le marché québécois du travail avait affiché une perte nette de 2800 postes. « Cela a permis de ramener le Québec à un niveau plus compatible avec la croissance économique » explique l’économiste Benoit Durocher, qui a rédigé une note sur le sujet au cours de la semaine.

Puisque 2016 a été une « année exceptionnelle » au chapitre de la création d’emplois, M. Côté estime que la province devrait retrouver un « niveau normal », avec l’ajout d’environ 40 000 postes.
Chez Desjardins, M. Durocher évoque plutôt une fourchette de 30 000 à 35 000 nouveaux emplois, ce qui, à son avis, correspondrait à la croissance de 1,5 pour cent du produit intérieur brut (PIB) estimée en 2017 par l’institution financière. On saura la semaine prochaine si l’élan de 2016 s’est poursuivi au mois de janvier, alors que les données de Statistiques Canada sur l’emploi sont attendues.
Dans son document, l’IdQ dresse le constat que l’économie de la province tourne de plus en plus autour du secteur des services qui inclut notamment les technologies de l’information, l’intelligence artificielle et l’industrie du multimédia dans lequel quelque 86 000 emplois ont été créés au cours des 12 derniers mois. Depuis 10 ans, plus de 546 000 emplois ont été créés dans ce secteur.

À l’inverse, celui de la fabrication a vu 102 000 postes disparaître depuis 2006 — le plus important recul parmi l’ensemble des industries — ce qui vient confirmer les difficultés traversées par le secteur manufacturier au cours de la dernière décennie.
En dépit de cette baisse marquée, M. Côté s’est réjoui des efforts du gouvernement Couillard pour tenter de relancer l’industrie manufacturière en l’incitant à se moderniser.« Il y a une prise de conscience de ce côté, a dit le directeur associé de l’IdQ. Mais malgré tout, il y a quelque chose de réel: depuis 15 ans, l’économie de la province s’est déplacée du secteur de la fabrication vers celui des services. C’est un changement », conclut-il.
(Avec La Presse canadienne)
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