Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, accuse le Conseil exécutif dont la mission est de conseiller et d’assister le premier ministre et le Conseil des ministres dans leur rôle de direction de l’État québécois, de pratiquer du « racisme systémique ».
Quelques jours après l’attentat qui a coûté la vie à 6 musulmans de la ville de Québec, le premier ministre Philippe Couillard lançait un appel à la lutte contre la discrimination et la facilitation de l’accès au marché de l’emploi aux membres de la communauté musulmane, et au-delà, aux minorités ethnoculturelles du Québec.
Les lois et les règlements seuls ne peuvent résoudre le problème, selon M. Couillard. « Ça appartient à toute la société, les gens d’affaires par exemple dans les entreprises, ceux qui ont des décisions à prendre pour engager des gens, de vraiment se dégager de tous ces stéréotypes et de voir la personne comme elle est. »
Mais selon le député de QS, le bureau du premier ministre ne prêche pas par l’exemple. Après un décompte rapide, il a noté que les personnes issues de minorités visibles constituent moins de 2 % des 400 à 500 nominations par an faites par le Conseil exécutif.
Amir Khadir explique ce qu’il a constaté et réitère la nécessité de mettre sur pied une commission parlementaire sur le racisme systémique au Québec.
ÉcoutezDans un point de presse mardi en ce jour de rentrée parlementaire, M. Couillard a rejeté les accusations de « racisme systémique » de M. Khadir, tout en reconnaissant qu’il y avait beaucoup de progrès à faire si l’on se fie aux chiffres sur la présence des minorités dans la fonction publique.
La ministre de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, Kathleen Weil, elle aussi, refuse de parler de « racisme systémique ». Mais elle admet qu’il y a un problème à corriger.

Après l’attentat meurtrier dans une mosquée la semaine dernière à Québec, Philippe Couillard a invité les partis à adopter rapidement le projet de loi 62. Il s’agit d’un texte qui vise à favoriser « le respect de la neutralité religieuse de l’État, et notamment à encadrer les demandes d’accommodements religieux dans certains organismes ».
Le projet de loi 62 exige entre autres que les services de l’État soient rendus à visage découvert, tout en autorisant quelques exceptions.
Québec solidaire a rejeté la main tendue du premier ministre, exigeant que cette pièce législative corresponde au moins aux recommandations de la commission Bouchard-Taylor.
« La main tendue, ce n’est pas d’avoir été dans l’inaction la plus totale depuis quelques années et de présenter un projet de loi en deçà de toutes les attentes », selon M. Khadir.

La commission Bouchard-Taylor recommandait l’interdiction des signes religieux chez les personnes en position de coercition, soit les policiers, les juges, les procureurs et les gardiens de prison.
Présenté en juin 2015, le projet de loi 62 est à l’étude article par article et les partis d’opposition réclament des amendements substantiels pour le renforcer. La ministre de la Justice Stéphanie Vallée tarde par ailleurs à présenter ses propres amendements, qui devraient être mineurs puisque l’esprit du projet de loi devrait être préservé, a-t-elle fait savoir.
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