Un optométritste en train de réaliser une examen de la vue.

Un optométritste en train de réaliser une examen de la vue.
Photo Credit: IS / Waltraud Ingerl

La santé visuelle des conducteurs devrait être au cœur de la sécurité routière!

La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a récemment organisé une consultation concernant la sécurité routière dans la province. À cette occasion, l’Ordre des optométristes du Québec a formulé une série de recommandations touchant la santé visuelle des conducteurs, considérée comme un élément fondamental dans l’amélioration du bilan routier.

Améliorer la santé visuelle des conducteurs

Langis Michaud
Langis Michaud © Radio-Canada

Langis Michaud est le président de l’Ordre des optométristes du Québec.

Il croit que la santé visuelle demeure, selon des données probantes et des études récentes, le premier facteur relié à la sécurité de la conduite automobile.

Dans le but d’aider le gouvernement et la SAAQ à réaliser l’objectif d’assurer une plus grande sécurité routière, l’Ordre a formulé des recommandations suivant deux axes principaux :

  • la fréquence des examens requis pour l’obtention d’un permis;
  • les critères requis pour l’obtention d’un permis, entre autres, pour la conduite de véhicules articulés et de véhicules d’urgence.

Langis Michaud observe qu’au Québec, il n’y a pas de contrôle de la vue avant l’âge de 75 ans pour la conduite de véhicules de promenade.

C’est une situation « paradoxale », étant donné que la plupart des pathologies oculaires vont se développer à l’âge de 50 et 55 ans et avoir des conséquences graves sur la vision des conducteurs qui vont souvent être exposés à une cataracte, un glaucome, une dégénérescence maculaire, un diabète qui affecte presque 10 % de la population au Québec ou une rétinopathie diabétique qui sont, selon lui, autant de pathologies qui peuvent être dépistées et traitées pour maintenir les personnes en bonne santé afin qu’elles conduisent de façon prudente.

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Examen de la vue chez un optométriste
Examen de la vue chez un optométriste © Gouvernement de l’Alberta

Des contrôles de la vue plus tôt et plus fréquents

La principale recommandation est d’avoir des contrôles de la vue plus fréquents. Et Langis Michaud préconise qu’au lieu de 75 ans, il faille commencer à 65 ans.

Il souligne qu’il est aussi important d’avoir un premier examen de la vue avant même l’obtention du premier permis de conduire, ce qui éviterait la situation qu’on vit trop souvent, dans le cas de chauffeurs de camion, de véhicules articulés ou de véhicules d’urgence, qui passent leur premier contrôle de la vue, s’ils ne conduisent qu’au Québec, à 45 ans et aux 5 ans par la suite.

M. Michaud dit qu’il lui est arrivé, comme à la plupart de ses collègues, de recevoir des gens qui conduisent un camion, un autobus ou une ambulance et qui à 45 ans doivent remplir leurs formulaires, pourtant ils n’ont pas les capacités visuelles pour satisfaire à leur classe de permis.

Ils sont donc obligés de quitter leur emploi et de se trouver autre chose. M. Michaud déplore cette situation qu’il juge « totalement inhumaine, voire dramatique », pour ces personnes à qui un permis n’aurait jamais dû être délivré dans de telles conditions.

Il soutient qu’en procédant à un premier examen de la vue à 16 ou 18 ans, on dépisterait les personnes dans cette catégorie, ce qui permettrait de les orienter tout de suite vers d’autres métiers, vers d’autres fonctions.

Citant l’exemple des États-Unis, Langis Michaud relève que pour ceux qui conduisent des camions ou des véhicules articulés, un examen lors de l’obtention du permis de conduire est obligatoire, suivi d’un contrôle aux trois ans.

L’Ordre des optométristes estime que les exigences devraient être les mêmes, que l’on conduise aux États-Unis ou au Canada, que ce soit pour la conduite d’un véhicule lourd, d’urgence ou articulé.

Un examen avant l’obtention du permis et un contrôle régulier aux 5 ans devraient ainsi permettre d’éviter certaines surprises et d’améliorer sensiblement le bilan routier.

Pour les conducteurs de véhicules articulés, un examen de la vue devrait être obligatoire avec un contrôle tous les 3 ou 5 ans comme c'est le cas aux États-Unis.
Pour les conducteurs de véhicules articulés, un examen de la vue devrait être obligatoire avec un contrôle tous les 3 ou 5 ans comme c’est le cas aux États-Unis. © Radio-Canada

Éliminer le recours à des procédures obsolètes comme la mesure du champ visuel par confrontation

Le champ visuel c’est l’étendue du regard qu’on peut avoir, précise M. Michaud.

Ce champ visuel est très important dans la conduite automobile. Étant donné qu’il rétrécit avec la vitesse, si on va vite, moins large on voit. Il est important de s’assurer que le champ visuel reste normal et qu’il est fonctionnel à haute vitesse.

Le champ visuel par confrontation ne se fait pas par des machines ou de façon automatique, c’est simplement le médecin, l’optométriste ou l’ophtalmologiste qui est placé devant le patient, qui va faire le compte des doigts ou qui va montrer une cible très proche, dans différents angles du regard et le patient doit dire s’il voit ou pas, explique M. Michaud.

C’est une « pratique grossière » qui ne permet pas de détecter les problèmes qui sont subtils. À titre d’exemple, il mentionne qu’une telle technique peut efficacement permettre de détecter un éléphant dans un couloir, mais difficilement une souris ou un chat.

Il y a donc beaucoup de problèmes qui ne peuvent être déterminés par cette technique, ce qui est susceptible de nuire à la conduite automobile, d’où la nécessité de l’éliminer, comme recommandé par plusieurs études scientifiques, et de les remplacer par des tests plus classiques, qui sont automatisés, qui sont réalisés par des appareils standardisés de mesure de champ visuel qui reproduisent de manière plus intelligente les besoins qui existent en conduite automobile.

« C’est vers cela qu’il faut se tourner pour s’assurer que les conducteurs aient de bons yeux et une fonction visuelle qui est vraiment adéquate, parce que la vision est une chose, la fonction visuelle en est une autre et le fait de faire identifier simplement une lettre lors d’examens oculaires à travers une charte immobile, n’a rien à voir avec la conduite automobile qui est essentiellement dynamique, qui exige de voir des objets dans l’espace et de les suivre en mouvement », dit Langis Michaud.

Si l’on s’assure que les automobilistes ont une bonne vision et une bonne fonction visuelle, cela permettrait d’avoir un meilleur bilan routier, conclut le président de l’Ordre des optométristes du Québec.

Catégories : Santé, Société
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