Le premier ministre Philippe Couillard et la  la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre.

Le premier ministre Philippe Couillard et la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre,
Photo Credit: PC / Jacques Boissinot

Québec dépoussière sa politique internationale et reçoit des fleurs

Les réactions se multiplient au lendemain du dévoilement de la nouvelle politique internationale du Québec (PIQ). Un budget de 100 millions de dollars sur 5 ans sera consacré aux actions de la province à l’étranger.

La politique internationale, qui s’étale sur 10 ans (2017-2027), établit trois grandes orientations qui guideront l’action du gouvernement du Québec

  • Rendre les Québécois plus prospères
  • Contribuer à un monde plus durable, juste et sécuritaire
  • Promouvoir la créativité, la culture, le savoir et la spécificité du Québec

Selon le premier ministre Philippe Couillard, l’accent sera cependant mis sur deux questions « fondamentales » pour les Québécois : l’égalité entre les hommes et les femmes, et les droits des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres (LGBT).

Philippe Couillard constate qu’au Québec « il y a un très large consensus sur ces deux questions-là et la projection du Québec sur la scène internationale doit s’accompagner de la représentation de ces valeurs-là ». Point de vue que semble partager l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), qui se réjouit des orientations de la solidarité internationale incluses dans la nouvelle politique internationale du Québec. Michèle Asselin est la directrice générale de l’AQOCI.

Écoutez
Christine Saint-Pierre
La ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec, Christine Saint-Pierre, a dévoilé la nouvelle politique internationale de la province mardi. © Radio-Canada

Philippe Couillard a aussi promis que la promotion des droits et libertés de la personne sera intensifiée, ainsi que les liens avec les acteurs de la région nordique et arctique, dont la Russie.

Cela dit, la lutte contre les changements climatiques est au centre de la nouvelle politique étrangère du Québec, dans un contexte où certains grands pays, notamment les États-Unis, semblent avoir mis de côté cet enjeu. Couillard avait reçu des fleurs d’Al Gore, ancien vice-président des États-Unis, en 2015, pour son leadership « fantastique » sur les questions environnementales.

Le Québec avait alors annoncé qu’il comptait, d’ici 2030, réduire de 37,5 % les émissions de GES par rapport au niveau de 1990, soit 0,5 % de plus que l’Ontario. Il s’était aussi lancé dans la tarification du carbone. « C’est l’occasion pour nous de réaffirmer l’importance de ce thème-là, a déclaré M. Couillard. On a constaté à même la préparation de l’Accord de Paris que le Québec avait une voix originale, efficace et écoutée sur cette question dans le monde, et on a voulu l’ajouter à la palette de nos actions. »

L’ancien vice-président américain Al Gore en 2008
L’ancien vice-président américain Al Gore a félicité le Québec pour son leadership en matière de lutte contre les changements climatiques © Getty/AFP/JANEK SKARZYNSKI

Se préparer face à l’énigmatique Donald Trump

Les fonds débloqués par Québec dans le cadre de sa nouvelle politique vont permettre de « bonifier »  les équipes à l’étranger, créer des postes d’émissaires thématiques, ouvrir de nouvelles représentations et transformer des « bureaux » en « délégations ». Le Québec, qui compte déjà plusieurs représentants en Europe, en Asie, au Mexique et aux États-Unis, ouvrira un bureau à Cuba et accentuera sa présence en sol américain avec l’ouverture d’un neuvième bureau, à Philadelphie. Philadelphie est le quatrième partenaire commercial en importance du Québec aux États-Unis.

L’arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis n’a pas « teinté » la politique internationale du Québec, a maintenu M. Couillard, mais face à la tendance protectionniste, le Québec réaffirmera son engagement en faveur des partenariats économiques qui stimulent la prospérité. Quelque 12 000 entreprises québécoises font des affaires avec les États-Unis sur une base régulière. La ministre de l’Économie, Dominique Anglade, a d’ailleurs promis que le Québec sera « très actif » lors des discussions sur la renégociation de l’ALENA.

En 2006, le gouvernement libéral de Jean Charest avait présenté une politique qui visait notamment à accroître l’influence du Québec dans les organisations internationales et à renforcer les liens économiques de la province avec les autres pays. Dans un monde en mutation, plus fragmenté et incertain, bouleversé par de multiples attentats terroristes, le Québec entend aussi  « renforcer les mécanismes de coopération » afin de prévenir la radicalisation menant à la violence et à la cybercriminalité.

Jean-François Lisée, chef du Parti québécois
Jean-François Lisée, le chef du Parti québécois, estime que les libéraux ne font que réparer les dégâts qu’ils ont commis dans la politique internationale du Québec. © PC/Presse canadienne/Jacques Boissinot

Réactions globalement positives

En raison des nombreuses compressions budgétaires qui ont touché le ministère des Relations internationales au cours des dernières années, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, voit dans la nouvelle PIQ une tentative du gouvernement de Philippe Couillard de « réparer leurs dégâts, tant mieux, mais il ne fallait pas les causer ». M. Lisée a aussi rappelé que les libéraux avaient déjà songé à abolir le ministère des Relations internationales.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain quant à elle trouve que la PIQ envoie un message positif à la communauté d’affaires et aux partenaires internationaux. Selon le président et chef de la direction de la Chambre, Michel Leblanc, cette nouvelle politique réaffirme l’engagement du Québec en faveur de l’ouverture des marchés et s’inscrit en faux contre la tendance protectionniste constatée dans certains marchés étrangers. L’accès aux marchés internationaux, dit-il, est déterminant pour les entreprises montréalaises.

La Fédération québécoise des municipalités, le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ), la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) ainsi que la Chambre de commerce LGBT du Québec sont quelques-uns des autres organismes qui ont salué la nouvelle politique internationale du Québec

Le lancement de cette nouvelle politique internationale et l’argent frais coïncident avec le 50e anniversaire du ministère, qui a été créé en 1967

(Avec La Presse Canadienne)

Lire aussi

L’action internationale du Québec

Cure minceur dans les délégations du Québec à l’étranger

Simplifier la vie aux entreprises québécoises à Londres

Catégories : Environnement et vie animale, International, Politique, Société
Mots-clés : ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.