Taxer les étrangers à Toronto qui achètent de l’immobilier pour spéculer et non pour y vivre pourrait avoir un effet domino négatif sur les acheteurs dans le second marché immobilier au pays, celui de Montréal.
C’est la crainte exprimée par la Fédération des Chambres immobilières du Québec. « On peut penser qu’une partie de la demande pourrait se déplacer à Montréal, a dit le représentant de cette Fédération, Paul Cardinal, qui précise qu’un tel effet de déplacement s’est déjà produit lorsque Vancouver a décidé de réglementer les achats des étrangers.
La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) estime qu’il n’y a pour le moment que 1,3 % d’acheteurs étrangers dans la région montréalaise, comparativement 3,3 % à Toronto et 3,5 % dans la région de Vancouver. Mais la situation pourrait évoluer rapidement parce que la ville de Toronto annoncerait à son tour d’ici quelques jours l’imposition d’une surtaxe immobilière.
Montréal pourrait maintenant être la prochaine sur la liste des spéculateurs – 5:11
La surtaxe à Vancouver est venue aggraver la surchauffe à Toronto
L’intérêt des acheteurs chinois dans les marchés immobiliers de Calgary, de Toronto et de Montréal a déjà connu une hausse fulgurante après l’imposition d’une taxe supplémentaire en août 2016 pour calmer leurs spéculations dans la région du Grand Vancouver sur la côte ouest-canadienne.
D’après un rapport de Sotheby’s International Realty Canada et du site immobilier chinois Juwai.com, les demandes à Calgary ont grimpé de 1050 % en août 2016 par rapport à août 2015. À Montréal, elles avaient grossi de 152 % en septembre 2016 par rapport à septembre 2015. À Toronto, elles n’avaient en comparaison augmenté que de 62 % en août 2016 par rapport à août 2015.
Le rapport soulignait que l’intérêt de biens immobiliers à partir de Juwai.com s’est immédiatement tourné vers d’autres marchés canadiens lorsque la taxe sur les étrangers a été adoptée dans le Grand Vancouver. Il y a donc eu un déplacement des acheteurs étrangers, en particulier les Asiatiques de Vancouver, vers le marché de Toronto.
Le prix moyen des propriétés dans la région torontoise a augmenté de 33 % en mars par rapport à la même période l’an dernier.

Le marché immobilier des grandes villes sous la loupe aussi du gouvernement canadien
Depuis la dernière élection, le gouvernement fédéral canadien est intervenu à deux reprises pour ralentir les marchés immobiliers, en particulier à Vancouver et à Toronto.
Ces interventions comprennent un dépôt minimum dorénavant de 10 % pour l’achat d’une propriété au Canada de plus de 500 000 $ ainsi que des tests plus rigoureux pour s’assurer que les acheteurs pourront toujours s’acquitter de leur hypothèque au cas où leurs revenus déclineraient ou que les taux d’intérêt augmenteraient.
De plus, le gouvernement fédéral examine en ce moment la possibilité de mettre plus de responsabilités sur les épaules des banques dans le cas de défauts de paiement des propriétaires d’hypothèques.
Certains analystes affirment que ces mesures, qui visent les marchés les plus chauds, pourraient avoir un effet néfaste sur les marchés moins problématiques comme celui de Montréal.

RCI avec la contribution d’Annie Desrocher, Jasques Dufresne et Marie Villeneuve de Radio-Canada
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