Une oeuvre monumentale de plus de 20 mètres de hauteur de l’artiste Charles Joseph a été dévoilée ce jeudi devant le pavillon Michal et Renata Hornstein du Musée de beaux-arts de Montréal. Le totem est un hommage aux enfants autochtones − dont Charles Joseph fut l’un d’eux − qui ont été pris à leur famille et envoyés dans les pensionnats de communautés religieuses. Le 29 mai 2015, le Gouvernement canadien a reconnu que ces enfants avaient été victimes d’un génocide culturel entre 1820 et 1996.
« La présentation de ce mât est destinée à tous les Canadiens, pas seulement aux survivants des pensionnats. C’est mon geste de réconciliation, et toute mon histoire est sur ce mât. Cette histoire parle de Charles Joseph, mais aussi de tous ceux qui ont enduré cette épreuve. J’ai besoin de raconter cette histoire sous cette forme, mais elle touche tous les survivants d’un bout à l’autre du Canada. »
L’artiste Charles Joseph de la nation kwakiutl de la côte Ouest canadienne, dévoile son oeuvre Mât totémique des pensionnats dans le cadre du lancement du parcours de l’exposition d’art public La Balade pour la Paix – un musée à ciel ouvert, conçue et organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal avec le soutien de l’Université McGill dans le cadre de la programmation officielle des célébrations du 375e anniversaire de Montréal.
©Charles Joseph/MBAM
Le totem a été installé sur le territoire ancestral de la nation kanien’keha:ka, à qui l’artiste a rendu hommage lors d’une cérémonie officielle d’accueil de l’oeuvre.
« Nous sommes émus de dévoiler aujourd’hui le nouveau totem de Charles Joseph dans le cadre de cette célébration. Seules six des Premières Nations de la côte Ouest en sculptaient jadis… encore moins aujourd’hui, tant est exigeante cette prouesse technique et artistique. Traditionnellement, ces témoins colossaux de leur histoire préservaient le récit des événements importants des clans autochtones. La Commission canadienne de vérité et de réconciliation du Canada estime que 150 000 enfants ont été arrachés à leurs familles durant le siècle dernier dans le cadre des politiques gouvernementales d’assimilation. Raconter cette tragédie par la vitalité de l’expression artistique d’un de leurs meilleurs artistes est essentiel dans la perspective de notre nouveau siècle », a dit Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM.
Radio Canada International avec le Musée de beaux-arts de MontréalBiographie courte de l'artisteSculpteur, Charles Joseph, né à Alert Bay (Colombie-Britannique) en 1959, travaille aussi comme pêcheur et dans la forêt pour subvenir aux besoins de sa famille. Durant son enfance, il ne parlait que sa langue maternelle, le kwak’wala, avant d’apprendre l’anglais. Joseph est très engagé dans la sauvegarde de sa culture. La revitalisation et la diffusion des traditions kwakiutls, tel est le legs qu’il souhaite offrir aux générations futures. Ses oeuvres régénèrent une culture, la sienne, qui aurait pu être décimée par les politiques et les pratiques colonialistes. Elles participent donc au processus de réappropriation de l’identité et de la conservation du mode de vie des anciens.
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