Bannissez l’automobile, cet instrument de mort. L’histoire du conflit automobile de 1908 à l’Île-du-Prince-Édouard
Photo Credit: Rudy Croken

Le conflit automobile de 1908 à l’Île-du-Prince-Édouard

La toute première automobile à avoir roulé au Canada – reconnaissance officielle de l’Association nationale des clubs automobiles du Canada et de l’Association des clubs de voitures anciennes de l’Île-du-Prince-Édouard – a été payée 300 $ à Philadelphie par le père Georges-Antoine Belcourt qui venait de s’installer à l’Île-du-Prince-Édouard en 1866.

Ce qu’on appelait à l’époque « un fiacre sans chevaux » fonctionnait à la vapeur.

Georges-Antoine Belcourt ptre (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

L’abbé Belcourt avait acheté cette voiture afin de visiter plus facilement ses paroissiens, mais, comme l’engin était plutôt poussif et requérait beaucoup de soin, plus en fait que ne réclamait un attelage de chevaux, le père Belcourt a laissé tomber son automobile pour revenir au « fiacre avec chevaux. »

La toute première voiture au Canada, celle du père Belcourt à l’IPE. (virtualmuseum.ca)

L’automobile dont il est question ici était un véhicule à une seule place. La chambre à vapeur faisait 1,2 mètre de haut et le moteur était relié aux essieux par des chaînes.

Évidemment, il n’y avait ni capote ni pare-brise.

Une province contre l’usage de l’automobile

Saviez-vous qu’au début du XXe siècle un sérieux contentieux faisait rage sur l’Î.-P.-É. : pour ou contre le droit de circulation automobile?
Et ce contentieux a duré 14 ans.

Ban the Automobile: Instrument of Death 

(Rudy Croken)

Quel titre n’est-ce pas? Bannissons l’automobile cet instrument de mort.

C’est en fait le titre d’un nouveau livre de Rudy Croken rappelant ces 14 années de luttes et de tiraillements, pour ou contre l’automobile à l’île.

Et l’on ne mâchait pas ses mots ni d’un côté ni de l’autre.

Bon d’accord, il y a bien eu l’automobile à vapeur du curé Belcourt en 1866, mais par la suite rien, et ce jusqu’au début du XXe siècle à l’Île-du-Prince-Édouard.

La toute première automobile à essence est arrivée en 1905.

En 1908, il n’y avait que huit automobiles sur l’Î.-P.-É., la population de la province ne dépassant pas encore les 100 000 habitants.

Et ces huit automobiles ont causé un tollé à la législature provinciale.

Interdiction totale

Le gouvernement de Charlottetown a interdit l’usage et la présence des véhicules à moteur sur l’ensemble de l’île, interdiction qui a tenu pendant huit ans.

Cette décision a même fait la manchette de plusieurs journaux sur la scène internationale.

Cela dit, cette décision a été abolie en 1913 bien que 90 % de la population insulaire y tenait encore.

Fait cocasse, le retrait de l’interdiction de rouler en automobile avait été approuvé avant que les données d’un référendum sur la question n’arrivent avec ce résultat favorable à 90 %.

Le gouvernement de l’île se retrouvant dans l’eau chaude, il a été décidé que l’interdiction reprendrait effet à moins que 75 % des gens ayant une adresse civique le long d’une route ou d’une rue signent une pétition pour son abrogation définitive.

Au cours des six années subséquentes, l’Île-du-Prince-Édouard était un patchwork de routes ouvertes ou fermées à la circulation automobile.

Ce n’est qu’en 1919 que l’interdiction de rouler en automobile à essence a été levée.

RCI, PC, CBC, Encyclopédie canadienne, Association des clubs automobiles du Canada

Catégories : Société
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