Une pizza hawaïenne au four à bois
Photo Credit: PC / Presse canadienne

Pizza hawaïenne, rouleau californien et Bloody Caesar : trois histoires d’immigrations, trois histoires d’intégration

Quand vient le temps de parler de gastronomie canadienne – oui, de fait, il y en a une – on se doit de prolonger les recherches et l’aventure gustative au-delà de la poutine, des barres Nanaimo et des classiques queues de castor (un beignet plat et non pas une partie de l’anatomie du rongeur) couvertes de sucre.

Ce sont là trois éléments culinaires qui n’ont absolument rien d’hypocalorique, loin de là.

Voici quelques exemples d’autres particularités gastronomiques canadiennes

Le rouleau californien

Croyez-le ou non, le rouleau californien est une invention canadienne. (David Donnelly/CBC)

Plongeons tout de go dans la culture du sushi.

Quand Hidekazu Tojo immigre au Canada de son Japon natal en 1971, les bars à sushi étaient pour le moins inexistants.

De plus, le Canadien moyen croyait fermement en la cuisson maximale de tout poisson et que la place des algues se devait de rester là où elles étaient, dans l’océan.

Hidekazu Tojo avait la certitude que le sushi « prendrait racine » au Canada. Pour ce faire, il s’est rabattu sur la chair de crabe cuite et l’avocat et, pour cacher les « terribles algues », il a roulé le tout en plaçant le riz vers l’extérieur.

Le chef vancouverois Hidekazu Tojo (Tojo’s)

Une hérésie dans la tradition japonaise.

C’était en 1974 et, comme l’avocat pousse à profusion en Californie, ainsi a été nommé « California Roll » la création du chef Hidekazu Tojo.

De grâce, n’en commandez pas au pays du Soleil levant.

Cela dit, le chef Tojo a reçu du Japon le titre « d’ambassadeur de bonne volonté » de la part du ministre japonais de l’Agriculture, des Forêts et des Pêches.

Ils ne sont que 13 dans monde à avoir reçu une telle nomination.

À 67 ans, Hidekazu Tojo travaille tous les jours dans son restaurant du centre-ville de Vancouver, Tojo’s.

La pizza hawaïenne

Une pizza hawaïenne
(Radio-Canada)

Cette appellation est vraiment intéressante, non?

Et c’est une autre invention d’un immigrant au Canada.

Nous sommes en 1954, Sam Panopoulos quitte sa Grèce natale et prend de nouvelles racines au Canada.

À l’époque, la pizza n’était servie que dans les quartiers italiens.

Par contre, à Détroit, elle était partout et, peu à peu, se faisait un nom juste en face, à Windsor, en Ontario.

Et Windsor, c’est tout près de Chatham, là où Sam Panopoulos commençait sa nouvelle vie en terre canadienne dans son petit restaurant nouvellement ouvert.

Le petit restaurant de Sam Panopoulos à Chatham en Ontario vers 1962 (Photo gracieuseté de la famille)

Il mange une pizza à Windsor et décide d’en faire chez lui dans son restaurant de Chatham.

La pizza d’alors, c’était une pâte recouverte de sauce tomate, de champignons, de bacon, de pepperoni et de fromage. POINT.

C’est en fouillant dans son garde-manger qu’il tombe sur une boîte de conserve contenant des morceaux d’ananas.

Il l’ouvre, en verse le contenu sur une pizza et voilà, la pizza hawaïenne était née.

C’était en 1962, huit ans après son arrivée au Canada.

Sam Panopoulos est décédé à 82 ans en juin dernier. Sa pizza est servie partout dans le monde.

Sam Panopoulos, (Photo gracieuseté de la famille)

Le Bloody Caesar

(Shutterstock / Jeff Wasserman)

Traduction littérale, le « César sanguinaire » est un cocktail d’invention canadienne, mais qui n’est pas très répandu ailleurs dans les bars de la planète.

Et c’est encore une histoire d’immigration.

En 1969, Walter Chell, italien d’origine, travaille comme gérant du service des boissons et bars à l’hôtel Westin de Calgary en Alberta.

Il se lance un défi, concevoir une boisson originale pour le nouveau restaurant de l’hôtel.

Il mélange du jus de tomate, du jus de palourde, de la sauce au nom impossible – Worcestershire – des épices et de la vodka et nomme la mixture « César ».

Et l’adjectif « sanguinaire »?

Walter Chell offre un verre de César à un client britannique de l’hôtel.

Commentaire du touriste britannique: « This is a bloody good Caesar. »

Et voilà, le nouveau mélange est né et baptisé.

Bloody en anglais a plusieurs sens selon l’intonation qu’on y donne.

Bloody Sunday : dimanche sanglant pour décrire la tuerie survenue le dimanche 30 janvier 1972 en Irlande du Nord.

Alors que « bloody good » pourrait se traduire par un superlatif de bon goût. Il en va de même avec le français au Québec et l’expression « écœurant » qui va d’un bout à l’autre du spectre – de dégoûtant à savoureux – selon l’intonation utilisée.

Walter Chell est devenu porte-parole pour la promotion du Bloody Cesar (Mott’s)

Un succès immédiat

Le Bloody Caesar a connu un tel succès que la société américaine Mott’s achète la recette de M. Chell

Walter Chell est décédé en 1997 à71 ans.

De nos jours, presque tous les bars au Canada offrent le Bloody Caesar. De plus, le Parlement canadien a déclaré le Bloody Caesar comme étant le cocktail officiel de la colline Parlementaire en 2009.

Quant à la queue de castor, à la poutine et aux barres Nanaimo (aussi appelées Dominos de Marleen)…

(Twitter)

Poutine (Radio-Canada)

Barres Nanaimo (Radio-Canada)

RCI, CBC, PC, Mott’s

Catégories : Économie, Immigration et Réfugiés, International, Société
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