Le statue d’Edward Cornwallis au centre-ville de Halifax, capitale de la Nouvelle-Écosse.
Photo Credit: Anjuli Patil/CBC

Halifax en Nouvelle-Écosse : la campagne de retrait de la statue du fondateur de la ville tient bon

Une campagne sur les médias sociaux incite au retrait prochain de la statue d’un parc du centre-ville d’Halifax qui rend hommage au gouverneur britannique Edward Cornwallis, le controversé fondateur de la ville.

La page Facebook « Removing Cornwallis » invite la population à une manifestation, samedi, au cours de laquelle on espère retirer pacifiquement la statue de bronze de son socle.

Le maire est contre ce retrait

L’initiative est dénoncée par Mike Savage, qui affirme qu’elle n’a pas l’appui de l’Assemblée des chefs micmacs de la Nouvelle-Écosse.

Le maire Savage dit tout de même comprendre l’opposition des Autochtones à ce qu’un hommage soit rendu dans un parc public à Edward Cornwallis, mais il refuse que la violence se substitue au dialogue.

Rappelons qu’en avril dernier, le conseil municipal a voté en faveur d’un examen du recours au nom de Cornwallis sur les propriétés de la ville.

Pourquoi le nom de Cornwallis est-il si controversé?

Edward Cornwallis (Art Gallery of Nova Scotia)

Edward Cornwallis, fondateur d’Halifax en 1749, gouverneur de la Nouvelle-Écosse de 1749 à 1752, chef militaire et gouverneur de Gibraltar de 1762 à 1776 (né le 22 février 1713 à Londres en Angleterre et décédé le 23 janvier 1776 à Gibraltar).

En 1749, Cornwallis est nommé gouverneur de la Nouvelle-Écosse et envoyé pour fonder Halifax afin de faire contrepoids au fort français de Louisbourg. Les deux puissances européennes se battent alors pour la conquête de territoires en Amérique du Nord et affichent des prétentions concurrentes vis-à-vis de la Nouvelle-Écosse. À partir de Louisbourg, la France a déjà attaqué des implantations britanniques le long du littoral oriental.

Pour les Britanniques, la Nouvelle-Écosse comprend la Nouvelle-Écosse continentale d’aujourd’hui, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard. Pour les Français, en revanche, elle se limite à la partie continentale de la Nouvelle-Écosse. Les Mi’kmaqs estiment, quant à eux, que Cornwallis n’a aucun droit sur ce territoire. Le site choisi pour Halifax se trouve sur une aire de chasse à l’orignal des Mi’kmaqs et constitue également une zone de pèlerinage religieux; en outre, plusieurs voies d’eau revêtant une importance vitale partent également de cette région.

Après des premiers contacts pacifiques, les deux camps en viennent rapidement à s’affronter frontalement. Les guerriers mi’kmaqs lancent une campagne de guérilla visant à contenir les Anglais à l’intérieur de Halifax.

Octobre 1949 – Proclamation de la scalpation

En octobre 1749, il publie une ordonnance qui sera connue sous le nom de Proclamation de la scalpation. Son gouvernement prévoit de payer une prime à quiconque tuera un Mi’kmaq, les adultes comme les enfants, avec pour objectif de les expulser de la Nouvelle-Écosse continentale. On ignore le nombre exact de victimes, mais plusieurs rapports décrivent en détail des attaques contre des villages mi’kmaqs et des mercenaires rapportant des dizaines de scalps pour réclamer leurs primes.

Les Acadiens, une population de colons français neutres en Nouvelle-Écosse, refusent de prêter un serment de loyauté sans réserve à la Couronne britannique. Cornwallis avait prévu, à l’origine, d’établir des relations cordiales avec eux dans l’espoir qu’ils se convertiraient au protestantisme et prêteraient un tel serment. Après l’échec de cette stratégie, Cornwallis lance le recrutement, dans toute l’Europe, de colons appelés « protestants étrangers » pour s’installer en Nouvelle-Écosse. Lorsqu’il dispose de suffisamment d’hommes pour exploiter les terres agricoles acadiennes, il décide d’expulser les Acadiens. (La déportation des Acadiens aura finalement lieu en 1755.)

En 1993, l’historien mi’kmaq Daniel Paul rédige un ouvrage intitulé We Were Not the Savages qui décrit en détail la Proclamation de la scalpation et dresse un portrait de Cornwallis comme un suprématiste blanc responsable du génocide du peuple mi’kmaq. Paul mène une campagne pour que la statue de Cornwallis soit enlevée et pour que les écoles et les rues à son nom soient renommées. En 2011, l’école intermédiaire Cornwallis à Halifax est renommée École intermédiaire centrale de Halifax.

Source : Encyclopédie canadienne

RCI, Encyclopédie canadienne, Facebook, PC, Dictionary of Canadian Biography

Catégories : Autochtones, International, Politique, Société
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