Photographie en couleur de la première explosion nucléaire lors de l’essai Trinity le 16 juillet 1945 à Alamogordo au Nouveau-Mexique.

Photographie en couleur de la première explosion nucléaire lors de l’essai Trinity le 16 juillet 1945 à Alamogordo au Nouveau-Mexique.
Photo Credit: US Army

Les dérives et dérivées de la recherche pacifique nucléaire canadienne

Le monde s’inquiète beaucoup à nouveau ces jours-ci de la présence de la technologie nucléaire dans les mains de la Corée du Nord. Peut-être le Canada a-t-il ici une part de responsabilité.

Le Canada a été le premier pays avec une capacité nucléaire substantielle à rejeter les armes nucléaires, et il continue à participer activement à la promotion internationale de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.

Dans les faits, le Canada, aujourd’hui encore, continue d’exporter vers plusieurs pays les produits de sa technologie nucléaire, une stratégie commerciale qui a accéléré la propagation dans le monde de la technologie et de l’armement nucléaire.

Trente accords de coopération nucléaire ont été signés entre le Canada et d’autres pays. Le Canada a notamment des accords de coopération nucléaire avec la Chine, l’Inde et les Émirats arabes unis et… la République du Kazakhstan.

Le Canada soutient son secteur nucléaire et encourage son expansion. Ce secteur qui produit de l’électricité d’une valeur annuelle de plus de 5 milliards de dollars dont les exportations d’uranium se chiffrent à environ 1 milliard de dollars par année. Il emploie directement plus de 30 000 Canadiens. Photo Credit: IS
Le Canada soutient son secteur nucléaire et encourage son expansion. Ce secteur qui produit de l’électricité d’une valeur annuelle de plus de 5 milliards de dollars dont les exportations d’uranium se chiffrent à environ 1 milliard de dollars par année. Il emploie directement plus de 30 000 Canadiens. Photo Credit: IS

Ces transferts du savoir-faire nucléaire canadien ne sont pas faits sans dérapage

Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a rencontré son homologue indien mercredi matin à Ottawa. Photo : PC/Sean Kilpatrick
L’ancien premier ministre canadien, Stephen Harper, et son homologue indien en 2016 lors de la signature de l’entente. Photo : PC/Sean Kilpatrick

En 2015, le Canada a accepté d’augmenter substantiellement vers l’Inde ses exportations d’uranium pour alimenter dans ce pays des réacteurs nucléaires.

C’était la première entente commerciale d’importance dans les deux pays depuis des décennies.

Le Canada et l’Inde entretenaient au début des années 1960 des relations beaucoup plus serrées frappées du sceau de la confiance réelle. Mais la situation s’est détériorée entre les deux pays lorsque l’Inde a été accusée de tester une arme nucléaire en 1974, puis à nouveau en 1998, en utilisant la technologie des réacteurs Candu que lui avait fournis le Canada.

Aide-mémoire…
Les bases pacifiques de la technologie nucléaire canadienne
– Le Canada a créé un réacteur unique à eau lourde et à uranium naturel appelé Candu.
– Ce réacteur utilise des canaux de combustible sous pression plutôt qu’un réservoir sous pression, de l’uranium naturel plutôt que de l’uranium enrichi ainsi que de l’eau lourde comme modérateur et réfrigérant plutôt que l’eau ordinaire comme dans les réacteurs à eau sous pression.
– Le système de rechargement est également unique en son genre, puisque les réacteurs Candu peuvent être rechargés même lorsqu’il fonctionne à pleine puissance.

Réacteur nucléaire CANDU de Chalk River.
Réacteur nucléaire CANDU de Chalk River. © EAC

Le Canada a travaillé activement aux premières bombes nucléaires américaines

Pierre Demers en 1960 (sixième au premier rang à partir de la gauche ) alors qu’il enseignait la physique à l’Université de Montréal. UdM
Pierre Demers en 1960 (sixième au premier rang à partir de la gauche ) alors qu’il enseignait la physique à l’Université de Montréal. UdM

Le Projet Manhattan était alors le nom de code du projet de recherche qui a produit la première bombe atomique durant la Seconde Guerre mondiale.

Le centre de recherche nucléaire de Chalk River en Ontario en 1945 était l’un des deux endroits au Canada qui s’est mis à travailler secrètement au Projet Manhattan.

L’autre centre de la recherche nucléaire canadienne se trouvait à quelques lieues à peine du centre-ville de Montréal, à l’Université du même nom sur les flancs du mont Royal.

Un physicien montréalais, Pierre Demers, a notamment travaillé au « laboratoire de Montréal », contribuant sans le savoir dit-on au Projet Manhattan. Il avait été engagé comme chercheur pour effectuer des mesures sur les neutrons lents et rapides.

Le lien qui existait entre le laboratoire canadien, le projet américain et la première bombe atomique était initialement inconnu de Pierre Demers et de plusieurs autres membres de la même équipe, et les résultats de ses recherches ont été transmis à son insu aux responsables du Projet Manhattan aux États-Unis.

Le 6 août 1945, Pierre Demers a appris, en même temps que tout le monde, que les États-Unis avaient lancé une bombe atomique sur la ville d’Hiroshima.

Nous discutons de cette affaire avec un auditeur de Radio Canada International

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La centrale nucléaire de Pickering a été inaugurée en 1971 et devrait rester en fonction jusqu’en 2020. © Annie Poulin

La centrale nucléaire de Pickering a été inaugurée en 1971 et devrait rester en fonction jusqu’en 2020. © Annie Poulin

Découvrez:
Failles dans les inspections de nos centrales nucléaires exposées aux séismes
– Selon un rapport très critique à l’endroit de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN), la moitié des inspections prévues entre 2013 et 2015 n’ont tout bonnement pas été réalisées.
– Le manque de disponibilité des inspecteurs et l’absence adéquate de guides écrits d’inspection sont en partie à la base de cet échec.
– LA CCSN n’aurait pas affecté un nombre suffisant d’employés à l’inspection des centrales nucléaires.
– Plus de 15 réacteurs nucléaires sont en service au Canada, répartis dans 5 centrales.
– Pickering 1 dans la région de Toronto est le réacteur le plus ancien en activité au Canada. Mis en service en juillet 1971, sa durée de vie dépasse les 40 ans.

RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada

En complément

Quand des aurores boréales ont presque déclenché une guerre nucléaire – RCI 

Minuit moins une pour l’Iran à l’heure nucléaire – RCI 

L’uranium canadien : entre bonnes mains ? – Radio-Canada 

Catégories : International, Internet, sciences et technologies
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