Destieros, documentaire signé Hubert Caron-Guay
Photo Credit: Les Films du 3 mars

Destierros (l’exil) : la terrible réalité de la fuite vers le Nord des migrants d’Amérique centrale

L’exil, c’est cette peine qui condamne quelqu’un à quitter son pays, soit pour un temps, soit à jamais.

C’est une déchirure, un « hors de chez soi » à saveur aigre, violente, permanente.

En Amérique centrale, Honduras, Guatemala, El Salvador et Nicaragua, l’exil se vit vers le nord, « El Norte ».

C’est partir, tenter de traverser le Mexique, la peur au ventre, c’est très souvent la capture et le retour au pays et une autre tentative, et une autre, et une autre.

Pourquoi?

Quel est cet El Dorado américain qui attire ces migrants comme des mouches le sont par une lampe allumée?

C’est évidemment la misère, la violence, la corruption et, surtout, l’horizon bouché pour sa génération comme pour la prochaine.

Destierros

Les mécanismes frontaliers qui agissent sur les migrants sont multiples.  De refuge en refuge, en empruntant les trains, les migrants prennent direction nord à travers le Mexique pour atteindre les États-Unis et le Canada.

À la veille de l’élection américaine de l’automne 2016, ils savaient que ce pourrait être leur dernière chance de franchir la frontière.

En suivant la trajectoire des migrants, Destierros trace la situation d’une réclusion.  Il trace une route où le temps reste encore le chemin le plus long entre deux endroits.

Scénarisé, réalisé et produit par Hubert Caron-Guay, avec des images signées Étienne Roussy, Destierros a été projeté en compétition officielle, en première mondiale, à Visions du Réel en Suisse, et récemment en première nord-américaine aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM).

Destierros prend l’affiche dès le 19 janvier 2018.

Hubert Caron-Guay (Films du 3 mars)

En 2014, je me porte volontaire dans un refuge pour personnes migrantes au sud du Mexique, tout près de la frontière du Guatemala.

Ceux qui prennent le chemin des États-Unis et du Canada transitent d’abord par les refuges mexicains. Ils proviennent en grande majorité du Honduras, du Belize, du Guatemala, du Nicaragua, du El Salvador, mais il s’agit aussi d’Africains ayant pris le chemin de l’Amérique du Sud avant d’entreprendre leur remontée vers le Nord.

Pour pallier la stratégie des cartels et des autorités migratoires, les migrants se partagent des renseignements sur les trajectoires à emprunter, celles à éviter, et sur les ressources financières à disposer pour débourser les droits de passage aux gangs criminels.

Les épreuves créent des sentiments d’insécurité. Les refuges sont mandatés pour segmenter ces étapes en permettant de reprendre un souffle. Pour les migrants qui parviennent au prochain refuge, les expériences physiques et émotives accumulées provoquent des chamboulements importants. Certaines épreuves redéfinissent leurs comportements. Chaque refuge devient un arrêt nécessaire pour prendre contact avec ces transformations.

Au travers du trajet des migrants, je tente de retracer la multitude de barrières visibles et invisibles qu’ils affrontent. D’un côté, je m’attarde à la complexité des rapports de pouvoirs qui s’exercent sur eux et entre eux. De l’autre, je demeure attentif aux moments d’introspections émanant de l’épuisement. Finalement, le film se construit comme un interminable vertige, qui prend source dans la confusion dans laquelle chacun est enrayé.

Hubert Caron-Guay

Hubert Caron-Guay revient sur cette aventure au sein de l’exil, Destierros.

Catégories : Immigration et Réfugiés, International
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