Les paradis fiscaux ont fait l’objet de dénonciations virulentes au cours des derniers mois au Canada comme ailleurs dans le monde. Le scandale qui a parfois touché jusqu’au sommet, des personnalités parmi les plus insoupçonnées, a suscité une mobilisation tous azimuts de citoyens et du collectif « Échec aux paradis fiscaux » qui vient de lancer une nouvelle campagne grâce au site Internet « VraiesSolutions.com ».
Les vraies solutions en question
Le collectif Échec aux paradis fiscaux estime que les mesures actuellement prises par le gouvernement fédéral pour combattre le fléau des paradis fiscaux et ses effets néfastes sur l’économie du pays sont tout simplement insuffisantes.
Alors que le souvenir des désastres des Pananama Papers, et le cas des Paradise Papers qui a récemment éclaboussé le financier du Parti libéral du Canada, Stephen Bronfman, entre autres personnalités, demeurent encore frais dans les esprits, le collectif qui a vu le jour dans le pays pour combattre ce mal cible particulièrement Ottawa dans sa nouvelle campagne.
En plus de soutenir l’initiative de l’Agence du revenu du Canada, qui vise une plus grande surveillance et davantage de vérifications fiscales, le gouvernement fédéral est appelé à prendre d’autres mesures jugées plus efficaces :
L’imposition d’une taxe Google aux multinationales.
La fin de certaines conventions fiscales conclues avec des paradis fiscaux notoires.
Plus de sévérité envers les fautifs et des poursuites judiciaires menées jusqu’à leur terme.
Une politique étrangère ayant en priorité la lutte contre les paradis fiscaux.

« La fuite des Paradise Papers soulève de sérieuses préoccupations sur l’intérêt réel du Canada à mettre fin à l’existence des paradis fiscaux. » – Gérald Fillion
Les citoyens mis à contribution
La nouvelle campagne place les citoyens canadiens au cœur de l’action. Ceux-ci ont le pouvoir de contacter, à travers le site web qui vient d’être créé, le premier ministre du Canada, le ministre des Finances, ou encore les représentants du peuple, à la Chambre des communes, pour les mettre au courant de toute question digne d’intérêt, en lien avec les paradis fiscaux.
Au mois de novembre, plusieurs révélations au cœur des Paradise Papers, à la suite d’une fuite de documents obtenus par Süddeutsche Zeitung et transmis au Consortium international des journalistes d’enquête (ICIJ) et à ses partenaires, dont fait partie Radio-Canada, avaient permis de constater que Stephen Bronfman, qui est très proche de Justin Trudeau, et l’ex-sénateur libéral Leo Kolber avaient joué un rôle clé dans la fiducie de plus de 60 millions de dollars américains aux îles Caïmans.
À cela, il convient d’ajouter les ententes fiscales avec KPMG, ou encore l’idée soutenue par l’auteur Alain Deneault selon laquelle « plusieurs paradis fiscaux comme tels ont été l’oeuvre des Canadiens qui, dans les années 60 et 70,ont créé les Bahamas, les Caïmans, les îles Turks et Caicos, Trinité-et-Tobago, la Jamaïque et, d’une certaine façon, la Barbade, avec l’accord de non double imposition. »
En 2016, les investissements des Canadiens à la Barbade, aux Bahamas, au Luxembourg, dans les Bermudes, aux îles Caïmans, aux Pays-Bas ont totalisé 263 milliards de dollars.
Pour mettre un terme à cette évasion fiscale qui prive le pays de ressources importantes à investir dans les services de base à la population, le premier ministre avait relevé que son gouvernement avait réservé, dans ses deux premiers budgets, près d’un milliard de dollars uniquement à la lutte contre les paradis fiscaux.
Ottawa s’implique également dans des actions coordonnées à l’international par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), ce que salue le collectif « Échec aux paradis fiscaux » qui souligne la nécessité de suivre les exemples de pays qui ont pris des mesures plus audacieuses pour récupérer les millions de dollars, après les premières révélations concernant les paradis fiscaux.
RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada
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