La ministre canadienne responsable du développement international, Marie-Claude Bibeau, assure que le Canada de Justin Trudeau est « de retour » sur la scène mondiale. Les critiques maintiennent cependant que les sommes investies par le Canada peignent le portrait d’un désinvestissement dans ce secteur.
En voyage en sol africain cette semaine, la ministre du Développement international a rétorqué que le pays joue un rôle de premier plan sur la scène internationale, qui va, selon elle, au-delà du financement.
« Ce n’est pas tout de faire un chèque, c’est tout notre savoir-faire, notre présence à la table, notre rôle de médiateur qui est tellement apprécié. Ça aussi, ça a une valeur. »
Selon Marie-Claude Bibeau, le Canada veut notamment miser sur son rôle de leadership pour attirer plus de bailleurs de fonds du secteur privé.
L’aide internationale canadienne au pouvoir des femmes, mais sans le pouvoir de l’argent
La nouvelle rhétorique de Justin Trudeau, clamée sur plusieurs tribunes internationales depuis son arrivée au pouvoir en 2015, est de dire que le sort des femmes dans le monde doit être au coeur de tout projet d’amélioration des conditions de vie et de la prospérité économique.
Le problème, pour le moment, c’est que cette stratégie d’aide internationale ne vient pas avec un financement accru.
La ministre responsable du dossier de l’aide internationale, Marie-Claude Bibeau, a certes annoncé le lancement du Programme sur la voix et le leadership des femmes qui sera doté d’un budget de 150 millions de dollars sur cinq ans. Mais globalement, le financement des activités du pays à l’étranger est en pleine glissade.
Alors que l’aide internationale au développement a atteint un nouveau sommet de 142,6 milliards de dollars américains en 2016 dans le monde, la contribution du Canada a effectivement diminué sous le gouvernement Trudeau.
Le Canada ne suit même pas la tendance mondiale
Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’aide publique au développement du Canada ne s’est élevée qu’à 3,9 milliards de dollars américains en 2016, une diminution de 4,4 % par rapport à l’année précédente. Si l’on soustrait les montants dépensés pour l’accueil des réfugiés au Canada, la baisse de l’aide internationale est de 9,3 %.
La contribution internationale ne représente plus que 0,26 % du revenu national brut (RNB) du pays, ce qui est bien en deçà de la moyenne de 0,32 % affichée par les 28 autres pays membres du Comité d’aide au développement, sans parler de l’objectif de 0,7 % fixé par l’ONU.
Plus de deux ans après l’élection de Justin Trudeau, certains organismes s’inquiètent du manque de ressources dont elles disposent pour mettre en oeuvre la politique féministe qu’a annoncée la ministre Bibeau en juin dernier. Lors de son annonce, l’Association québécoise des organismes de coopération internationale s’était désolée que le budget « déjà insuffisant » alloué à l’aide internationale ne soit pas augmenté.
Une politique internationale du Canada qui manque de mordant?
François Audet, directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaire à l’UQAM, déclare dans une entrevue accordée à La Presse canadienne que « les organisations non gouvernementales canadiennes (ONG) ont été extrêmement mises à l’écart pendant la période des conservateurs, donc là il y a un retour, quand même, du dialogue. Mais ça ne se concrétise pas en financement », a-t-il soutenu.
« Si vous avez une politique et vous n’avez pas de mordant, vous ne permettez pas à vos partenaires, à vos ONG d’avoir du financement pour pouvoir porter des actions concrètes à ce niveau-là, la politique ne sert pas à grand-chose. »
Selon M. Audet, le Canada adopte une attitude « molle » de peur de froisser les États-Unis en période de négociation commerciale.
La ministre Marie-Claude Bibeau invite les Canadiens à la générosité en cette semaine du développement international.
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RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada
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