Il semble que les influenceurs d’opinions russes qui ont infiltrés les médias sociaux lors de l’élection présidentielle américaine s’en sont aussi pris à des cibles canadiennes, comme des infrastructures pétrolières ou le premier ministre Justin Trudeau.
C’est ce qui ressort de certaines données rendues publiques aux États-Unis par des mebres du Congrès américain qui examine des renseignements russes obtenus dans la foulée de l’élection de 2016.
Le phénomène des informations fausses ou trompeuses largement répandues en ligne a atteint une nouvelle ampleur pendant la campagne électorale américaine ayant mené à la victoire de Donald Trump.
Ces messages misaient sur des divisions politiques aux États-Unis dans le but de semer la zizanie et le chaos dans ce pays.
4000 fausses identités et 9000 messages trompeurs
Un rapport du comité de la Chambre des représentants indique que l’usine à trolls établie à Saint-Pétersbourg a tenté de réorienter l’opinion publique en utilisant plus de 4000 comptes et en publiant plus de 9000 messages sur Facebook, Twitter et Instagram concernant des oléoducs et la fracturation du sol, dont un certain nombre non précisé au sujet du projet de pipeline canado-américain Keystone XL.
Selon une analyse postélectorale du site BuzzFeed News, les 20 histoires fausses les plus populaires avaient engendré presque 2 millions de partages, réactions et commentaires de plus que 20 des sites conventionnels les plus importants comme le New York Times, Fox News et CNN.
Dans une analyse, La Presse canadienne a repéré des dizaines de micromessages se prononçant contre le projet Keystone dans un ensemble de fichiers fourni par Twitter au comité de la Chambre des représentants.
Les messages des trolls russes visant le Canada
Le pourcentage de messages au sujet du Canada est très faible. Ainsi, sur plus de 203 000 micromessages remis par Twitter au Congrès, moins de 150 mentionnaient Justin Trudeau ou Keystone XL.
Certains messages se contentaient de rediriger des titres de journaux, des références à des fuites de pétrole ou de rédiger un lien menant vers des articles de blogue. Un de ces derniers portait le titre : « Oh! Oh! Les partisans progressistes de Justin Trudeau vont déchanter (indice: Keystone, Trump, OMG!) ».
Le même fichier comprenait aussi des messages concernant M. Trudeau. La plupart d’entre eux étaient des messages redirigeant les opinions du premier ministre sur les réfugiés, les musulmans et Fidel Castro.
Les 9000 faux messages ne seraient que la pointe de l’iceberg
Facebook disait en novembre dernier avoir découvert 80 000 publications soupçonnées d’être liées à des intérêts russes, et qui ont été vues de prime abord par 29 millions d’Américains. Avec les partages et les commentaires, la portée de ces publications a atteint 126 millions d’utilisateurs entre janvier 2015 et août 2017.
Twitter dit avoir recensé pour sa part 36 746 comptes automatiques (bots) liés à la Russie, ayant publié 1,4 million de tweets portant sur les élections entre le 1er septembre et le 15 novembre 2016. Ces messages ont été vus 288 millions de fois en bout de piste.
Google affirme avoir déterminé 18 comptes YouTube suspects ayant mis en ligne 1108 vidéos totalisant 43 heures de matériel, qui ont été visionnées 309 000 fois entre juin 2015 et novembre 2016.
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RCI avec La Presse canadienne
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