Les fortes précipitations de neige, les avalanches et une hausse de 78 % du nombre de jours où la température est descendue sous les -25 degrés Celsius ont forcé les transporteurs ferroviaires à réduire la vitesse et la longueur des trains.
Des températures plus froides qu’à l’habitude peuvent engendrer un certain nombre de problèmes, comme des aiguillages défectueux en raison de rails glacés. Et cela oblige les transporteurs à ralentir leur cadence et à réduire le nombre de wagons de marchandises que peuvent tirer leurs locomotives par mesure de sécurité.
La problématique ne date pas d’hier. Cela fait plusieurs années que les agriculteurs de l’Ouest canadien demandent l’amélioration du réseau de transport des céréales. En 2014, des tensions similaires étaient apparues entre les agriculteurs et le duopole ferroviaire lorsque les chemins de fer ont offert la même défense liée aux conditions météorologiques.

Un train du CN Photo : Étienne Dumont/Radio-Canada
Incapable de répondre et de s’ajuster à une hausse de la demande
Ultimement, l’incapacité des transporteurs ferroviaires de répondre à la demande viendrait de leurs décisions d’investissement, selon Brendan Mashall, vice-président de l’Association minière du Canada. Lui aussi critique fortement les transporteurs pour leurs retards de livraison cet hiver, lesquels ont entraîné une accumulation des livraisons de céréales.
Les agriculteurs sont d’avis que les différentes stratégies de réduction de coûts depuis une vingtaine d’années ont fini par provoquer un étranglement de la capacité et de la flexibilité des transporteurs pour faire face aux changements imprévus dans la demande. Ils montrent du doigt les réductions d’équipages, de locomotives et de wagons, qui permettent de gonfler les profits pour les chemins de fer.

Du grain se déverse dans un camion dans la ferme de Bill Prybylski, à Willowbrook, en Saskatchewan. Photo : Radio-Canada/Mike Zartler
Des techniques d’exploitation imprécises?
Mise au point il y a 20 ans, l’exploitation ferroviaire précise est une stratégie qui consiste à améliorer l’efficience en déplaçant les trains en fonction d’un horaire qui optimise l’utilisation des wagons et des locomotives, plutôt qu’en attendant que les trains soient pleins.
« Le problème, c’est que l’exploitation ferroviaire précise n’est pas très précise », observe ironiquement le directeur général de la Western Grain Elevators Association, Wade Sobkowich.

Mike Cory – CN Rail
Le chef de l’exploitation du CN Mike Cory a indiqué, il y a quelques jours, aux membres d’un comité parlementaire fédéral sur l’agriculture qui s’est penché sur le problème des retards, que son entreprise n’avait pas assez de locomotives ou de personnel pour répondre à la hausse inattendue du volume.
Le CN s’attendait à ce que la croissance de la demande soit de 3 % en 2017, mais elle a plutôt atteint 11 % et grimpé jusqu’à 25 % dans certaines régions des prairies du Canada.
Impatience des agriculteurs dans l’attente d’une nouvelle loi
Les fermiers s’impatientent des retards dans le transport du grain et souhaitent l’entrée en vigueur de la loi qui pourrait forcer les transporteurs ferroviaires à répondre à la demande.
Depuis le 2 novembre 2017, le comité permanent des transports du Sénat révise les 67 pages du projet de loi qui vise à améliorer les réseaux de transport ferroviaire, aérien et maritime au Canada d’ici 2030.
Le comité sénatorial de révision doit revoir le projet de loi, clause par clause. Il espère soumettre son rapport au Sénat d’ici la fin du mois de mars.

Les modifications à la Loi sur les transports au Canada permettront aux producteurs de grain d’avoir un droit d’arbitrage face aux transporteurs ferroviaires en cas de retard de livraison. Photo : Courtoisie CN
RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada
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