Chalk River accueille le plus vieux laboratoire de recherche nucléaire du Canada. On y a notamment développé le réacteur CANDU. Photo : Radio-Canada

Chalk River accueille le plus vieux laboratoire de recherche nucléaire du Canada. On y a notamment développé le réacteur CANDU. Photo : Radio-Canada

Une relique de l’âge atomique du Canada ferme pour de bon à Chalk River

Le réacteur nucléaire national de recherche universelle de Chalk River, en Ontario, a été fermé samedi soir après 61 ans de mise en service.

Le réacteur NRU était autrefois responsable de la production d’environ 40 % de tout l’approvisionnement mondial en isotopes médicaux utilisés pour le diagnostic et le traitement du cancer, en commençant par le cobalt 60 et en s’étendant à d’autres isotopes, comme le molybdène 99. L’approvisionnement en isotopes médicaux du NRU aidait plus de 76 000 personnes par jour, dans plus de 80 pays.

Un arrêt de service d’un mois en 2007 et une fuite détectée en mai 2009 ont fini par provoquer une pénurie mondiale d’isotopes médicaux. Le réacteur NRU n’a pas fabriqué d’isotopes depuis l’automne 2016 et sa technologie est maintenant considérée comme étant désuète.

Une petite cérémonie a eu lieu samedi soir pour les employés actuels et anciens afin de souligner le départ à la retraite du réacteur NRU.

Recherche en médecine nucléaire au laboratoire de Chalk River en 1958, tirée du documentaire Here & There de la CBC Photo : Radio-Canada

Recherche en médecine nucléaire au laboratoire de Chalk River en 1958, tirée du documentaire Here & There de la CBC. Photo : Radio-Canada

Un vieux réacteur qui a fait son temps

Ce réacteur n’était pas la première incursion du Canada en science nucléaire. Les scientifiques canadiens ont fait leurs premiers efforts pour sonder les secrets de l’atome au coeur de la Seconde Guerre mondiale, au moment où le gouvernement britannique cherchait un endroit sûr pour relocaliser son laboratoire nucléaire basé à Cambridge.

En 1942, le Canada avait d’abord construit des laboratoires secrets dans la ville de Montréal pour aider à développer des armes nucléaires dans le cadre du fameux projet Manhattan dirigé par les États-Unis. Un physicien montréalais, Pierre Demers, a notamment travaillé au laboratoire de Montréal, contribuant sans le savoir, dit-on, au projet Manhattan. Il avait été engagé comme chercheur pour effectuer des mesures sur les neutrons lents et rapides.

Le Canada aidait aussi les États-Unis dans ses travaux sur la bombe atomique en lui fournissant du minerai uranifère d’une mine des Territoires du Nord-Ouest, qui était ensuite raffinée à Port Hope, en Ontario.

 Bon nombre des cadrans, des alarmes et des capteurs qui tapissent encore aujourd'hui les murs de la salle de commande du NRU sont des artefacts d'un autre temps. Photo : Sarah Sears/CBC News


Bon nombre des cadrans, des alarmes et des capteurs qui tapissent encore aujourd’hui les murs de la salle de commande du NRU sont des artefacts d’un autre temps. Photo : Sarah Sears/CBC News

Durant la guerre froide

Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, des scientifiques américains, britanniques, français et canadiens ont collaboré à la conception du réacteur ZEEP (Zero Energy Experimental Pile), logé à Chalk River.

Ce petit réacteur prototype a été construit pour démontrer que l’uranium et l’eau lourde pouvaient être utilisés pour la fission nucléaire et que le plutonium pouvait être produit et extrait du procédé pour des applications militaires.

Lorsque ZEEP est entré en service en septembre 1945, il s’agissait du premier réacteur nucléaire opérationnel se trouvant à l’extérieur des États-Unis. Il était niché dans une région reculée où peu de gens pouvaient le détecter et des espions s’en approcher. Il fonctionnait jour et nuit pour produire des isotopes et pour mener aux recherches nucléaires de pointe.

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RCI avec les informations de Susan Lunn de CBC

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