
Des travailleurs chinois au port de Nantong transportent des sacs de soya. Les États-Unis sont un grand exportateur de cette céréale. Photo : Reuters/China Stringer Network
On assiste à une escalade très nette entre la Chine et les États-Unis. Jusqu’à présent, Pékin avait pris soin de ne pas s’attaquer à des produits d’exportation majeurs des États-Unis, mais là elle vient de répondre aux nouveaux droits de douane sur les importations chinoises aux États-Unis avec des taxes de 25 % sur le soya, le bœuf, les cigarettes, les voitures et les avions de moins de 45 tonnes.
Le montant des produits visés par les deux pays atteint maintenant les 100 milliards de dollars américains, soit presque un cinquième de tous leurs échanges commerciaux bilatéraux.
L’administration Trump avait publié mardi une nouvelle liste d’importations chinoises, d’une valeur globale cette fois de 50 milliards, qu’elle projette de soumettre à de nouvelles taxes.
Le Canada devra avancer avec précaution entre les deux géants qui s’affrontent

Des débardeurs regardent un bateau au quai d’un port chinois. Photo : Associated Press/Chinatopix via AP
Cette guerre commerciale où s’affrontent les deux principaux partenaires commerciaux du Canada représente un défi diplomatique particulier, mais aussi peut-être des occasions d’affaires nouvelles dans un environnement économique incertain.
L’ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum, estimait déjà l’an dernier que le renforcement des relations entre Ottawa et Pékin pouvait se poursuivre sans compromettre les relations de plus en plus tendues entre les deux grandes puissances.
Avec John McCallum, le Canada est solidement engagé dans une politique de dynamisation de ses relations politiques et économiques avec Pékin avec pour objectif la conclusion d’un accord de libre-échange avec Pékin.
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L’ambassadeur du Canada en Chine, John McCallum © Radio-Canada
Un climat politique difficile, mais peut-être profitable pour les entreprises canadiennes

Le monde de l’électronique sera-t-il touché?
La guerre commerciale entre Washington et Pékin pourrait aussi, paradoxalement, aider les détaillants canadiens, car elle pourrait venir diminuer les achats faits par les Canadiens aux États-Unis. Selon une analyse du Conseil canadien du commerce de détail, les taxes américaines vont augmenter le prix des biens chinois vendus aux États-Unis, dont les produits électroniques, ce qui pourrait amener plus de Canadiens à magasiner chez eux.
Les États-Unis achètent l’équivalent de 500 milliards de dollars de biens provenant de Chine chaque année, allant des jouets aux souliers, jusqu’aux téléphones cellulaires.
Les prix de ces produits pourraient bondir en raison de l’imposition de taxes. La baisse de la demande aux États-Unis pour des produits chinois pourrait aussi aider les détaillants canadiens à avoir de meilleurs prix auprès d’entreprises de la Chine qui tenteront d’éponger leurs pertes.
Les producteurs de fruits canadiens craignent que les produits américains destinés à la Chine soient redirigés au Canada et inondent le marché en raison de l’imposition de nouveaux droits douaniers, ce qui devrait exercer une pression à la baisse sur les prix.
Plus de produits chinois acheminés directement au Canada

Wall Street en baisse après l’annonce des sanctions contre la Chine Photo : Getty Images/Spencer Platt
De plus, pour éviter que leurs produits soient pénalisés par des tarifs, les détaillants multinationaux, dont Costco, Best Buy et Walmart, pourraient envoyer leurs produits directement au Canada plutôt que de les acheminer d’alors aux États-Unis comme ils le font actuellement.
La présidente de l’Association canadienne des importateurs et exportateurs, Joy Nott, croit aussi que les Américains pourraient être tentés d’acheter leurs produits au Canada. Les produits canadiens qui sont semblables aux biens chinois pourraient aussi être préférés par les acheteurs américains.
D’autres affirment que cette guerre commerciale pourrait en contrepartie ouvrir la porte aux exportateurs canadiens qui pourraient remplacer de coûteux produits américains, notamment en agriculture.
En fin de compte, pourtant, une guerre commerciale prolongée entre les deux superpuissances finirait par nuire ultimement à l’économie canadienne, selon les experts, car elle viendrait plomber l’économie mondiale.
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RCI avec La Presse canadienne, l’Agence France-Presse et la contribution de Anyck Béraud, Michel C.Auger, Anyck Béraud, Claude Bernatchez et Christian Latreille de Radio-Canada
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