La candidate Ève Torres. PHOTO LA PRESSE CANADIENNE

La candidate Ève Torres. PHOTO LA PRESSE CANADIENNE

Le débat sur le hidjab rejaillit avec l’arrivée d’une candidate voilée aux élections québécoises

Le débat sur les vêtements que choisissent de porter les femmes musulmanes est de retour au Québec parce qu’Ève Torres, une mère de famille de 44 ans qui arbore fièrement le hidjab, annonce qu’elle va briguer l’investiture de son parti, Québec solidaire, dans une circonscription de Montréal.

Mme Torres, qui n’a pour l’instant pas d’opposition, pourrait devenir la toute première femme voilée à se présenter à des élections provinciales.

Moins de six mois avant les élections québécoises, la candidature de Mme Torres soulève les critiques de plusieurs chroniqueurs à la télévision, à la radio et dans les journaux.

Dans le Journal de Montréal notamment, l’écrivaine Denise Bombardier a écrit un article intitulé Notre sombre avenir. Mathieu Bock-Côté, dans une chronique publiée dans le même journal, écrit pour sa part « On l’oublie souvent, mais le voile, loin d’être une stricte marque de spiritualité personnelle, est un symbole utilisé par les islamistes pour marquer leur présence dans l’espace public et l’occuper selon le principe de la visibilité maximale. »

Le Parti québécois en fait un cheval de bataille

Jean-François Lisée Photo : Radio-Canada

Jean-François Lisée Photo : Radio-Canada

Lors d’une entrevue télévisée sur les ondes d’un réseau privé , le chef du Parti québécois (PQ) Jean-François Lisée a affirmé que si son parti remporte les élections du 1er octobre, il présentera rapidement un projet de loi pour interdire aux employés de la fonction publique comme les juges, les procureurs de la Couronne, les policiers, les gardiens de prison, ainsi que les enseignants aux écoles primaires et secondaires de porter des signes religieux dans le cadre de leur emploi.

Cette mesure s’appliquerait aux nouveaux employés, les anciens bénéficieraient d’un droit acquis.

Une décision mûrement réfléchie?

Ève Torres - RCI

Ève Torres – RCI

Mme Torres, qui se décrit comme une féministe souhaitant se battre pour la « justice sociale », a confié à La Presse canadienne, lundi, qu’elle s’attendait à cette réaction.

Elle affirme qu’elle a beaucoup réfléchi avant de se joindre à Québec solidaire, qui, comme les autres partis d’opposition à Québec, est lui aussi est en faveur d’interdire le port de signes religieux aux juges, aux policiers et aux gardiens de prison.

« Ça fait 10 ans que les femmes musulmanes qui portent le foulard, entre autres, font partie de la scène médiatique et politique, dans un sens contre leur gré. Je ne suis pas une islamiste, je ne l’ai jamais été et je n’ai pas l’intention de le devenir. »

Avant d’aller en politique, Mme Torres était porte-parole pour le Conseil national des musulmans canadiens, un groupe qui poursuit actuellement le gouvernement pour sa loi sur la neutralité religieuse, qui force les citoyens à recevoir des services publics à visage découvert.

« À partir du moment où je fais le saut en politique, il ne s’agit plus de mes considérations personnelles, donc c’est clair qu’à ce moment-là, je défends les lignes du parti. »

ÉCOUTEZ ÈVE TORRES DANS UNE ENTREVUE DE RCI LE 8 MARS 2016

Un peu de contexte québécois

Voilà plus de 10 ans que le Québec débat de la place du religieux dans la société. Le principe de laïcité de l’État n’était inscrit avant 2017 dans aucune loi québécoise. En octobre dernier, le gouvernement du Québec promettait à ses citoyens qu’avec sa nouvelle loi, la neutralité religieuse de l’État serait garantie lorsque ses fonctionnaires offrent leurs services.

À ceux qui réclamaient la laïcité de l’État, le gouvernement libéral de Philippe Couillard n’offrait donc que la neutralité religieuse, ce qui déplaît à tous les autres partis d’opposition. Pour eux, ce n’est donc qu’une coquille vide qui ne défend pas l’identité québécoise.

Pour d’autres, la nouvelle loi va trop loin, car trop lâchement écrite selon eux, elle laisse libre cours aux interprétations et pourrait favoriser une autre campagne de dénigrement populiste et raciste contre les femmes musulmanes, entre autres.

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Photo Credit: AP/M. Spencer Green

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RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada

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