En Amérique du Nord comme dans le reste du monde, la révolution musicale apportée par Apple, Amazon, Spotify et cie, se confirme : l’industrie musicale a enregistré une croissance record en 2017 et plus de la moitié des ventes viennent des services d’écoute en continu.
L’introduction en Bourse au début avril du suédois Spotify, l’un des principaux services d’écoute en continu avec Deezer et Apple Music, illustrait déjà le boom de cette façon de consommer de la musique. Mais voici que des données publiées mardi par la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) confirment ce virage.
Selon l’IFPI, les ventes de musique numérique, jusqu’ici à peu près équivalente à l’échelle mondiale aux ventes de disques et CD représentent pour la première fois plus de la moitié du total des ventes, soit 54 %, en 2017.
Les ventes de CD et d’autres supports matériels ont continué à baisser, à l’exception notable les disques vinyle (hausse de 22 %), qui restent l’apanage d’une frange d’audiophiles.
De tous les continents, c’est l’Amérique du Sud qui enregistre la plus forte croissance. Les ventes numériques y ont augmenté de 17,7 % par rapport à l’année précédente grâce à l’écoute en continu, avec des croissances particulièrement fortes au Brésil, au Chili et au Pérou.
La situation au Canada
Les Canadiens vont-ils à contre-courant? Même si les services d’écoute en ligne connaissent ici une popularité croissante, la radio demeurait numéro un chez les Canadiens, selon le rapport 2017 de l’agence Nielsen Music.
Même si la musique à la radio n’a jamais connu une concurrence aussi forte, elle demeure malgré tout au sommet des habitudes d’écoute des Canadiens et elle est de loin le format le plus populaire pour écouter de la musique.
L’écoute de la radio AM/FM a même augmenté, passant de 61 % en 2016 à 64 % en 2017. Dans une semaine typique, elle représente 37 % du temps d’écoute de musique, comparativement à 19 % pour la musique en ligne et 12 % pour les supports physiques (disques et vinyles).
Pas assez de revenus aux artistes
Ici comme ailleurs, les gains enregistrés par les services de musique en continu ne se traduisent pas cependant en gains financiers importants pour les artistes.
Le problème est particulièrement aigu au sein des chanteurs d’expression française qu’ils soit Canadiens ou Québécois.
Il y a deux ans, la chanteuse québécoise Diane Tell a calculé que, sur 245 000 écoutes en continu de ses chansons en août de cette année-là, elle avait touché seulement 904 $.
Le Québécois Jean Leloup, pour sa part, n’avait reçu que 30 $ pour 540 000 écoutes sur Spotify.
ÉcoutezUne progression de la musique en continue confirmée aux États-Unis
Il y a un mois, la nouvelle domination de l’écoute en continu en Amérique du Nord avait été confirmée par l’association de l’industrie du disque américaine, la RIAA. Elle annonçait que le chiffre d’affaires de l’ensemble de l’industrie avait bondi de 16 % en 2017.
Encore une fois, cette hausse était largement imputable à l’écoute en continu, toujours plus populaire auprès du grand public.
Les abonnements aux États-Unis sur les plateformes comme Spotify, Apple Music ou Tidal avaient augmenté de 56 %. Les ventes de musique sous tous leurs formats avaient ainsi rapporté 8,7 milliards de dollars en 2017. Un tel chiffre n’avait pas été vu depuis 2008, même s’il est encore loin des standards d’avant la crise du disque.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Philippe-Antoine Saulnier, Gérald Fillion et Céline Galipeau de Radio-Canada
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