S’achemine-t-on vers la mort de l’ALENA? La question mérite d’être posée au moment où l’administration américaine dit qu’elle veut négocier des ententes séparées afin de remplacer l’Accord de libre-échange nord-américain. En tout cas, le principal conseiller économique de Donald Trump, Larry Kudlow, a informé le Canada de la volonté de Washington de privilégier l’approche bilatérale en matière de commerce.
Kudlow a déclaré sur la chaîne Fox News avoir discuté lundi avec l’un des plus hauts responsables canadiens, proche du premier ministre Justin Trudeau. À la demande de la Maison-Blanche, il a informé Ottawa du projet du président américain de négocier des accords séparés avec le Canada et le Mexique. Il espère en outre avoir « une réponse dès que possible pour faire avancer l’ensemble du processus ».
Mardi, une source gouvernementale canadienne a déclaré à l’AFP qu’Ottawa n’exclut pas de conclure un traité bilatéral de libre-échange avec les États-Unis, en lieu et place de l’ALENA. « Mais pour le moment, a précisé la source gouvernementale, nous restons concentrés sur la renégociation fructueuse de l’ALENA. »
Donald Trump n’a jamais fait mystère de sa préférence pour des négociations bilatérales. Surtout que dans le cas de l’ALENA, qu’il qualifie d’accord « calamiteux », il considère que le Canada et le Mexique sont deux pays trop différents pour être régis par la même entente. Pour Larry Kudlow, les négociations pour moderniser l’ALENA, entamées en août 2017, s’éternisent, alors que des accords séparés pourraient être conclus plus rapidement.

Visions divergentes
Contrairement à l’administration Trump, le Canada et le Mexique ne perçoivent pas l’ALENA comme un mauvais accord. Certes les trois pays sont d’avis que le traité originel signé en 1994, devrait être revu afin de l’adapter au contexte social et environnemental actuel. Mais l’ALENA reste vital pour le Mexique qui exporte près de 80% de ses produits vers le marché américain.
La volonté de l’administration Trump d’imposer une « clause crépusculaire » qui permettrait aux parties, tous les cinq ans, de mettre fin à l’accord constitue le principal point d’achoppement des discussions. Le premier ministre canadien Justin Trudeau y est fermement opposé. Autre chose : la Maison-Blanche exige une refonte des « règles d’origine » de l’accord. Elle demande notamment que les voitures vendues sans droits de douane dans l’espace nord-américain contiennent davantage de pièces d’origine américaine. Une demande qui ne fait pas non plus l’affaire de Mexico et d’Ottawa.

Les négociations sont désormais suspendues en raison des échéances politiques (élections présidentielles le 1er juillet au Mexique et de mi-mandat aux États-Unis le 6 novembre). Le mois dernier, les trois pays semblaient pourtant sur le point de parvenir à un accord avant le 17 mai. Ce qui aurait permis au Congrès américain de le ratifier avant les élections de mi-mandat.
Cela dit, les taxes douanières annoncées par Washington contre l’acier et l’aluminium importés du Mexique et du Canada compliquent les choses. En réponse à ces mesures, Mexico a promis des mesures semblables sur des produits américains tels que la viande porcine, les pommes, les raisins et les lampes. Le Canada et l’Union européenne ont également annoncé des mesures de rétorsion.
(Avec l’AFP)
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