En novembre 2016, un spécialiste de la protection de l'enfance à l'UNICEF marche avec des enfants, au centre de transit de Maiduguri, dans l'état de Borno, au Nigéria © UNICEF/UN038572/Naftalin (Groupe CNW/UNICEF Canada)

Des enfants soupçonnés d’entretenir des liens avec le groupe islamiste Boko Haram étaient emprisonnés

Ils étaient au total 180 enfants placés en détention par les forces armées nigérianes à Maiduguri, dans l’État de Borno, situé dans le nord-est du Nigeria, en Afrique. Il leur était reproché d’entretenir des liens avec le groupe islamiste radical Boko Haram, une secte tristement célèbre pour ses meurtres, enlèvements de jeunes filles, attentats et autres exactions au Nigeria et dans les pays voisins au cours des dernières années. Aujourd’hui innocentés, ces enfants ont recouvré la liberté.

Comment en est-on arrivé à soupçonner et à arrêter de si jeunes enfants?

Ils sont âgés de 7 à 18 ans. Des enfants avec leurs lots de naïveté et d’insouciance. Pourtant, on leur prête des desseins suffisamment vicieux pour les rattacher à la secte qui sème la terreur au Nigeria et dans ses environs.

Être en accointance avec Boko Haram, c’est pouvoir partager ses sombres idéaux, piller, violer, détruire et assassiner sans état d’âme. Est-on capable de tels exploits à seulement 7 ans? À 18 ans, c’est possible, étant donné que la jeunesse insaisissable, mystérieuse, allumée et particulièrement agitée à cet âge pubère est souvent très active, ou brille par un dynamisme débordant, qui doit bénéficier d’un encadrement adéquat, faute de quoi certains jeunes courent trop souvent à leur perte.

Sans sourciller, la secte Boko Haram a habitué le public ces dernières années à des scènes apocalyptiques où elle se sert de tous ces enfants, qu’ils aient moins de 7 ans ou plus, comme de véritables chairs à canon. On les aura alors vus porter des explosifs et se faire exploser dans des lieux achalandés, dont des marchés et des écoles, à l’instigation de Boko Haram, et tuer des milliers de personnes.

Cela s’est vu au Cameroun l’année dernière où une fillette avait causé la mort de cinq enfants, en blessant deux autres, lorsqu’elle avait activé sa ceinture d’explosifs. Une scène tragique semblable avait été observée cette même année sur un marché au Nigeria. Il ne s’agit que de quelques exemples parmi tant d’autres.

Le groupe islamiste Boko Haram utilise de plus en plus d'enfants pour commettre des attentats-suicides. Le récit de Frédéric Nicoloff

Un enfant kamikaze ou devenu soldat sous la contrainte devrait-il être condamné?

« Les enfants enfreignant la loi ne peuvent pas être tués, torturés ou traités de manière cruelle, ni emprisonnés à vie ou emprisonnés dans des prisons destinées aux adultes. La prison doit être la toute dernière option à envisager, et ceci pour une durée minimale. Les enfants en prison doivent bénéficier d’une aide juridique et garder un contact avec leur famille. » – UNICEF

C’est depuis bientôt 10 ans que Boko Haram est engagé dans une mission guerrière particulièrement dévastatrice au Nigeria, au Cameroun, au Niger et au Tchad. À ce jour, plus de 20 000 personnes ont été tuées dans les exactions de la secte qui s’est illustrée aussi par l’enlèvement de près de 300 lycéennes à Chibok et d’une centaine d’autres à Dapchi dans le nord-est du Nigeria.

La secte a libéré certaines de ces jeunes, moyennant une rançon. Une bonne partie ont été violées, mariées de forces et trois d’entre elles ont eu des enfants. Libres depuis quelques mois, certaines des filles sont victimes de rejet de la part de leurs familles et proches, du fait des liens qu’elles ont entretenus avec les membres de Boko Haram, ce qui complique leur réintégration dans la société.

Au moins 82 anciennes lycéennes de Chibok ont le sourire après avoir été libérées l’année dernière. Photo : AFP

En ce qui concerne les 183 enfants qui viennent d’être libérés par les forces armées nigérianes à Maiduguri, ils ont été innocentés de tout lien avec les insurgés du groupe Boko Haram, mais l’on se préoccupe à présent de leur avenir au sein de la société.

« Ces 8 filles et 175 garçons sont avant tout des victimes du conflit en cours, et leur libération est une étape importante sur le long chemin menant à leur rétablissement. Nous travaillerons en collaboration avec le ministère des Affaires féminines et du Développement social de l’État de Borno, ainsi qu’avec des partenaires, pour apporter aux enfants toute l’aide dont ils ont besoin. Je tiens également à saluer les mesures prises par les militaires et les autorités. Ces mesures témoignent d’un engagement clair à mieux protéger les enfants dont la vie est bouleversée en raison du conflit » –  Mohamed Fallreprésentant de l’UNICEF au Nigeria.

Après avoir été placés en détention administrative, les enfants recevront des soins médicaux et un soutien psychologique avant que ne commence le processus de réunification avec leur famille et leur réinsertion sociale.

Depuis 2017, l’UNICEF a soutenu la réintégration sociale et économique de plus de 8700 enfants libérés de groupes armés, en aidant à retracer leur famille, en les ramenant au sein de leur communauté, en leur offrant un soutien psychologique, une éducation, une formation professionnelle et des stages informels, et en leur donnant la possibilité d’améliorer leurs moyens de subsistance.

Sources : UNICEF, AFP, UNICEF CANADA et RADIO-CANADA

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Des militaires nigérians avec des otages libérés de Boko Haram (archives) Photo : Reuters/Armée nigériane

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