Selon le Vérificateur général du Canada, le système de traitement des demandes d'asile devrait être amélioré.

Compatir avec les réfugiés sans compromettre la sécurité des Canadiens

L’accueil des réfugiés au Canada est devenu une grosse pomme de discorde politique entre le gouvernement fédéral et les partis d’opposition, notamment le Parti conservateur. Plus généralement, c’est un sujet qui oppose Canadiens de gauche et de droite. Ottawa précise son approche.

Dans une lettre adressée au premier ministre Justin Trudeau en juin, le chef du Parti conservateur demandait au gouvernement libéral de « stopper l’entrée illégale de migrants et la crise de sécurité publique à nos frontières ». Andrew Scheer a demandé par ailleurs aux libéraux de renégocier l’Entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis.

Cette entente, rappelons-le, a été signée en décembre 2002. Elle stipule que le demandeur d’asile présente officiellement sa requête dans le premier pays où il arrive en premier.

C’est dans ce pays qu’il sera renvoyé automatiquement s’il se présente aux frontières de l’autre signataire de l’entente. En revanche, si le demandeur d’asile traverse la frontière de manière irrégulière, il ne peut être renvoyé du pays. Voilà qui explique que de nombreuses personnes fuyant les États-Unis choisissent une entrée irrégulière au Canada.

Sujet de prédilection de la droite canadienne

Les conservateurs demandent à Ottawa de se retirer de cette entente qui, selon eux, est la cause de l’afflux des migrants au Canada qui traversent clandestinement la frontière. Pour d’autres raisons, des organismes comme Amnistie internationale, le Conseil canadien des réfugiés, le Conseil canadien des Églises, des groupes comme des enseignants en droit, etc. ont aussi contesté cet accord qui ne sert pas la cause des demandeurs d’asile.

Le gouvernement conservateur de l’Ontario voit quant à lui dans les migrants la cause de certains problèmes de la province. Il accuse notamment Ottawa d’être à l’origine de la crise du logement dans la province parce qu’il « encourage » les demandeurs d’asile à traverser « illégalement » la frontière canadienne. Des demandeurs d’asile qui mettent « en péril les services sociaux dont dépendent les familles ontariennes ».

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et son gouvernement reprpchent au gouvernement fédéral d’ouvrir généreusement les portes du Canada aux migrants. (REUTERS/Carlo Allegri )

Ottawa a souvent répliqué aux conservateurs et autres groupes opposés à l’ouverture des frontières canadiennes aux réfugiés de pratiquer de la désinformation, de ne pas comprendre les obligations canadiennes en matière de protection des réfugiés ou encore de préconiser une approche « contraire aux valeurs canadiennes » sur cette question.

Trouver le bon équilibre

Pour Ottawa, les choses se résument à la recherche d’un équilibre entre la préservation de la sécurité des Canadiens et l’obligation de traiter les demandeurs d’asile avec compassion, tout en respectant les lois du pays. Le gouvernement fédéral rappelle que plus de 62 millions de personnes sont actuellement déplacées dans le monde à cause de guerres, de persécutions et de catastrophes naturelles.

Géographiquement éloigné des principales régions de départ des demandeurs d’asile, le Canada est relativement épargné par la crise migratoire des dernières années. Mais, comparé aux années passées, le pays fait davantage face à un afflux de passages irréguliers à sa frontière.

En collaboration avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, l’Organisation internationale pour les migrations et le gouvernement des États-Unis, Ottawa dit travailler à la mise en place d’un système de gestion efficace de sa frontière. Il dit aussi veiller au maintien d’un système d’octroi de l’asile axé sur les intérêts des personnes vulnérables, tout en respectant les lois canadiennes et les normes internationales.

Le gouvernement affirme que le Canada demeure un pays juste et accueillant. Il dit avoir accéléré le traitement des demandes de permis de travail afin de limiter les répercussions sur les services sociaux, le logement et le soutien du revenu. Ottawa est conscient qu’un processus plus rapide permet aux demandeurs d’asile de subvenir plus rapidement à leurs besoins en attendant la décision sur leur demande.

Parallèlement, le gouvernement fédéral insiste sur un point : « il ne tolérera pas que l’on abuse de cette générosité ». Ottawa précise que « les personnes qui franchissent irrégulièrement la frontière seront entendues rapidement et, si l’on juge qu’elles n’ont pas besoin de la protection du Canada, elles seront aussitôt renvoyées ».

Que se passe-t-il lorsqu’un migrant franchit la frontière de façon irrégulière?
  • Interception par la Gendarmerie royale du Canada
  • Vérification de sécurité des antécédents effectuée par l’Agence des services frontaliers du Canada
  • Évaluation de l’admissibilité effectuée par l’ASFC ou Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada

Source: Immigration Canada

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Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique, Société
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