J'aurais pu laisser tomber le dossier il y a longtemps, et j'ai heurté un mur plusieurs fois ", dit David Serkoak à CBC News. (Photo soumise par David Serkoak)

Les Inuit forcés de se déplacer dans les années 1950 seront indemnisés

Une entente de 5 millions de dollars signée à Arviat, au Nunavut, le 20 août, entre des gens qui ont vécu la relocalisation et leurs descendants a permis de régler une poursuite contre le gouvernement fédéral en 2008 afin d’obtenir réparation pour les déplacements forcés.

David Serkoak, président de l’Ahiarmiut Relocation Society qui représente les descendants de dizaines d’Inuits déplacés, a prévenu que son peuple avait pardonné, mais qu’il n’oublierait pas. Il a ajouté que le Canada devait apprendre de ses erreurs passées.

M. Serkoak travaille sur ce règlement depuis plus de 20 ans. Il a commencé par interviewer les survivants des réinstallations et recueillir des informations sur ce qui s’est exactement passé.

L’entente conclue entre les Ahiarmiuts et le gouvernement canadien stipule que :

  • les personnes ayant vécu la réinstallation recevront 100 000 $ chacune. Il ne reste que 21 personnes dans cette catégorie. Steven Cooper, l’avocat de la société, a dit que lorsque la réclamation a été déposée à l’origine, il y en avait 27 dans cette catégorie.
  • chaque descendant de déplacé recevra 3000 $. Ce groupe est beaucoup plus grand, avec environ 164 personnes.

David Serkoak a dit qu’il n’y a qu’un seul survivant qui était un adulte pendant les réinstallations.

« C’est le dernier parent vivant aujourd’hui. J’étais très, très heureux de voir son témoin à ce sujet. » David Serkoak

À l’origine de l’action en justice déposée par les Ahiarmiuts, il y a une série de déplacements forcés qui se sont amorcés en 1949 au lac Ennadai dans ce qui est aujourd’hui le sud-ouest du territoire canadien du Nunavut.

Ottawa a contraint ces Inuits du Grand Nord canadien de quitter leurs terres ancestrales et plusieurs d’entre eux seraient morts de faim ou de froid.  

Un peu d’histoire…

En 1949, l’Armée canadienne avait construit une station radio près du lac et ses administrateurs craignaient que les Inuits ne deviennent dépendants des produits provenant du Sud, même s’ils chassaient le caribou sur ce territoire depuis des générations.

David Serkoak a dit à CBC News avoir recueilli des entrevues avec des aînés et des survivants pour savoir ce qui s’est passé pendant les relocalisations. (Photo soumise par David Serkoak)

L’année suivante, environ 50 Inuits ont été déplacés vers le lac Nueltin, où la pêche commerciale commençait à se développer. Le gouvernement ne leur a toutefois pas laissé le loisir d’apporter leurs biens et leurs équipements.

Des déplacés sont éventuellement revenus au lac Ennadai, mais plusieurs d’entre eux avaient entre-temps succombé au froid. Un autre déplacement a eu lieu en 1957, cette fois vers le lac Henik.

Encore une fois, les Inuits sont partis sans provisions et sans matériel. Selon des anciens, les proies étaient si rares que beaucoup des déplacés sont morts de faim.En 1958, les Inuits ont été déplacés vers la pointe de l’Esquimau, aujourd’hui appelée Arviat, sur la côte de la baie d’Hudson. Le public a été mis au courant du calvaire des Inuits grâce au livre Moeurs et coutumes des Esquimaux caribous de l’auteur canadien Farley Mowat.

M. Serkoak a précisé que l’argent obtenu dans le cadre de l’entente serait distribué aux survivants et aux descendants, en plus de servir à financer des monuments commémoratifs et des projets éducatifs.

Avec les informations de La Presse canadienne et CBC News.
Catégories : Autochtones, Société
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