L’immigration est au centre des débats de la campagne électorale québécoise, où s’affrontent deux visions.
Pour le parti la Coalition avenir Québec (CAQ), il faut réduire le nombre d’immigrants de 20 %. Selon son chef, François Legault, la société québécoise ne peut intégrer le trop grand nombre de nouveaux arrivants par année (50 000) au marché de l’emploi ainsi qu’à une langue et à une culture françaises.
Au coude à coude dans les plus récents sondages, le Parti libéral du premier ministre sortant, Philippe Couillard, prétend qu’on ne peut faire marche arrière en immigration, car cela aggraverait la pénurie de travailleurs promise depuis 10 ans et qui s’avère en ce moment.
Les électeurs québécois auront donc à choisir le 1er octobre entre ces deux visions. Appartiendraient-elles toutes deux à la réalité-fiction ou une de ces visions serait-elle dans les faits moins fausse que l’autre?
Vérification des faits
Depuis une quinzaine d’années, le pourcentage de postes vacants dans les entreprises québécoises est passé de 2 % à 3,9 %. Le Québec est maintenant la province la plus touchée par la pénurie de travailleurs au pays.
En raison du vieillissement de sa population, le Québec manque de travailleurs. Depuis 2006, la moitié de tous les postes ont fini par être pourvus par des immigrants.
Bonne nouvelle cependant dans une certaine mesure : la pénurie de personnel entraîne une pression à la hausse sur la rémunération. Selon la Fédération canadienne de l’entreprise Indépendante, les entreprises qui ont au moins un poste à pourvoir prévoient une augmentation moyenne globale des salaires de 2,7 %, contre 1,9 % pour celles sans poste vacant.
La crise de la pénurie est commencée véritablement depuis l’an dernier
De récentes données de Statistique Canada rendent compte de la crise. Le nombre de postes vacants a bondi de 23 % au Canada en 2017 et de 46 % au Québec. La proportion de postes vacants est particulièrement importante dans les secteurs de l’hébergement, de la restauration, du transport et des services administratifs.
Dans l’ensemble du Canada, on dénombrait, fin 2017, un total de 470 000 postes vacants : Québec : 93 000 (hausse de 46 %); C.-B. : 89 000 (hausse de 21 %); Alberta : 51 000 (hausse de 21 %); Ontario : 191 000 (hausse de 17 %)
Quelle est la meilleure solution?
Pour contrer la pénurie de personnel, le maintien ou l’augmentation du nombre d’immigrants n’est pas l’unique solution pour l’économiste Pierre Fortin, professeur émérite à l’Université du Québec à Montréal.
Il faut, selon lui, mieux retenir le personnel existant en investissant dans la formation ou en augmentant les salaires. « On ne peut pas dire qu’on va augmenter les quotas généraux d’immigration et que ça va régler notre problème. Il faut miser sur l’adéquation entre les compétences des immigrants et celles requises par les entreprises. »
Il faut aussi mieux arrimer l’éducation aux besoins du marché du travail, croit Simon Gaudreault, de la Fédération canadienne de l’Entreprise Indépendante. « Pendant longtemps, on a peut-être trop fait la promotion de métiers ou de voies académiques très spécialisées au détriment d’autres parcours », avance-t-il.
« Ça prend des gens qui vont vouloir travailler en production, en vente, dans le domaine du transport. » La mise en place de stages et de visites en entreprise permettra aussi de mieux guider les étudiants.
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RCI avec La Presse canadienne et la contribution d’Annie Desrochers, Barbar Leroux, Ximena Sampson , Gérald Fillion et Hugo Lavallée de Radio-Canada
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