Justin Trudeau rappelait mardi son intention de négocier avec la Chine un accroissement des échanges commerciaux dans le cadre de sa stratégie de diversification économique. Elle vise à minimiser les risques sur l’économie canadienne dont 73 % de ses exportations sont dirigées vers les États-Unis.
Alors que le Canada vient de s’entendre dimanche sur les termes d’un nouveau traité de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique, le premier ministre réaffirme ses intentions de faire avancer les pourparlers avec la Chine qui traînent depuis 2016, malgré sa visite officielle dans ce pays en décembre dernier.
L’ambassadeur de Chine au Canada déclarait lui aussi, en août, que son pays espérait progresser sur la voie d’un accord de libre-échange avec le Canada dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre Pékin et Washington.
« Des divergences demeurent entre la Chine et le Canada sur certaines questions, mais je pense qu’elles ne sont pas liées au commerce. Et j’espère que ces questions n’influeront pas sur les discussions et les négociations futures », a dit l’ambassadeur Lu Shaye.
Rappelons que le Canada insiste en effet pour négocier un accord commercial « progressiste », qui couvrirait certaines questions liées aux conditions de travail, à l’environnement, à l’égalité hommes-femmes et à la gouvernance.
Voyez à quelles conditions le Canada et la Chine signeraient un accord de libre-échange…
Climat de négociation difficile avec la Chine
Après des négociations difficiles et imprévisibles avec les États-Unis de l’administration Trump, celles avec la Chine sont pour le moins délicates.
Les efforts du gouvernement canadien pour entamer des pourparlers officiels avec la Chine ont été freinés à la fin de l’année dernière, parce que les dirigeants chinois ont semblé agacés par la volonté de M. Trudeau de mettre les droits des femmes, des travailleurs et des peuples autochtones à l’ordre du jour.
La visite de quatre jours du premier ministre en Chine, en décembre 2017, s’était en fait terminée sans avancées sur un traité de libre-échange, mais Justin Trudeau continuait d’insister sur l’inclusion dans tout futur accord d’éléments progressistes reflétant les valeurs des Canadiens, et il ajoutait que cette inclusion était essentielle.
« Il est reconnu que les progrès en matière d’environnement sont très bons pour les citoyens, très bons pour le pays, bien que certains leur accolent l’étiquette de progressistes. La Chine a été un leader mondial dans ce domaine », a mentionné M. Trudeau en Chine. – M. Trudeau avait également décrit la Chine comme étant une « âme soeur économique », déclarant qu’elle était « bien alignée » sur le Canada pour défendre des échanges commerciaux libres, une critique à peine voilée du protectionnisme américain.
– Justin Trudeau affirmait l’an dernier que la Chine doit savoir que les valeurs chères aux Canadiens (pratiques environnementales, égalité des sexes et des travailleurs, normes de commerce) doivent être inscrites dans un accord commercial.
Trudeau critiqué d’avoir négocié l’abandon de la souveraineté du Canada aux mains de Trump
M. Trudeau annonçait, mardi, son désir de poursuivre les négociations économiques avec la Chine alors que certains lui reprochaient d’avoir cédé la souveraineté canadienne en matière de commerce international lors de ses négociations avec l’administration Trump.
L’Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMC) permet à ses signataires de s’en retirer avec un préavis de six mois dans l’éventualité où l’un des partenaires conclut un accord de libre-échange avec un pays n’ayant pas une économie de marché.
Ces termes sont largement considérés comme étant une référence à la Chine.
Aux Communes, les députés conservateurs désignent cette clause comme étant un « veto Trump », mais les experts en matière de commerce demeurent divisés sur la question.
Au moment où les États-Unis et la Chine s’échangent des mesures de représailles, certains experts estiment que la clause entravera encore davantage les aspirations commerciales du Canada à Pékin.
Il est concevable que les États-Unis déchirent l’accord si le Canada entreprend des discussions formelles avec la Chine, estime par exemple Cyndee Todgham Cherniak, une avocate torontoise spécialisée en droit du commerce.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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