Michaëlle Jean, Secrétaire-générale de la Francophonie

Michaëlle Jean, Secrétaire-générale de la Francophonie
Photo Credit: CyrilBailleul/OIF

Francophonie : la candidature de Michaëlle Jean plombée par ses « somptueuses dépenses »?

La candidature de Michaëlle Jean ne semble pas tenir le haut du pavé en vue de sa réélection au poste de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). L’Union africaine et la France se sont rangées du côté de sa rivale, la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo. Du coup, même au Canada, son pays, les appuis semblent s’effriter.

RCI avec Twitter

Une gestion controversée qui suscite l’embarras, y compris au Canada

Le prochain Sommet de la Francophonie se tiendra les 11 et 12 octobre en Arménie. Cette rencontre se veut stratégique à plusieurs égards. Sur le plan géopolitique, ce sera l’occasion pour les pays francophones de faire valoir leurs points de vue sur la pertinence d’une organisation internationale de la Francophonie plus centrée sur des enjeux politiques que linguistiques, culturels et éducatifs, tels que décriés par le président français.

Emmanuel Macron a précisé que la promotion de la langue française est la véritable raison de la création de l’OIF le 20 mars 1970, ce qui semble avoir échappé à l’actuelle secrétaire générale qui a placé son mandat davantage sous le signe de la défense de la démocratie, de l’État de droit et des droits de la personne.

En Arménie, au-delà de l’attention autour de l’importance de la France, partenaire qui pèse lourd au sein de cette institution, chacun des pays souhaite donner librement son point de vue, et contribuer à bâtir une francophonie au sein de laquelle différents apports linguistiques participent à l’enrichissement de la langue française.

Parlant du secrétariat général sous Michaëlle Jean, les enjeux autour de cet enrichissement de la langue semblent avoir été éclipsés au profit d’autres enjeux mentionnés plus haut, mais aussi d’un enjeu fortement décrié autour de la personnalité dépensière de la secrétaire générale.

À propos d’argent en rapport avec son niveau de vie, les dépenses jugées « somptueuses » de Mme Jean ont occupé toute la place, menant à des critiques parfois acerbes. Au Québec par exemple, elle a été sur la sellette dans plusieurs journaux qui ont dénoncé « son train de vie de petite reine », après des révélations troublantes au sujet des travaux de rénovation de son appartement parisien qui auraient coûté 500 000 $, en plus de l’achat d’un piano personnel au prix astronomique.

Les deux rivales ne se font pas de cadeau

Michaëlle Jean et Louise Mushikiwabo sont en campagne depuis plusieurs mois. Leurs partisans sont actifs dans les médias et les réseaux sociaux et se livrent à une bataille sans merci, à force d’arguments persuasifs.

Que peuvent les maigres appuis dont bénéficie l’ancienne gouverneure générale du Canada à l’échelle du monde francophone contre ceux de la Rwandaise qui est appuyée par son président?

On se souvient que le dernier Sommet de la Francophonie à Nouakchott, en Mauritanie, a été l’occasion pour le président Paul Kagame d’appeler tous les pays francophones d’Afrique à voter pour sa compatriote. Un appel qui a été suivi de lettres écrites à chacun des chefs d’État de pays africains membres pour réitérer sa demande.

En raison de la solidarité qu’affichent les 58 pays africains ces dernières années lorsqu’il est question de pourvoir un poste stratégique à l’international, ils ont décidé de ne pas présenter un troisième candidat au poste de secrétaire général de la Francophonie, question de rester soudés derrière la candidature de la Rwandaise.

Il est acquis que la France, dont le président a déclaré tout haut lors de la visite du président Kagame à l’Élysée, en mai dernier, que la candidate rwandaise avait « toutes les compétences pour occuper la fonction de secrétaire générale de la Francophonie », se range derrière les pays francophones d’Afrique.

Certains voient dans cet appui de la France une stratégie pour se réconcilier avec le Rwanda qui l’accuse d’avoir joué un rôle souterrain dans le génocide qui l’a déchiré dans les années 1990. Le vote de la France pourrait aussi bien se comprendre, au regard des relations politiques et économiques stratégiques qu’elle entretient depuis plusieurs décennies avec ces pays africains. D’un autre côté, il est important de souligner qu’en 2050, l’Afrique représentera 85 % des francophones du monde.

Michaëlle Jean a accueilli le premier ministre Justin Trudeau au siège social de l’Organisation internationale de la Francophonie, en avril dernier, à Paris.
PHOTO AFP

Il ne reste à Micahëlle Jean que peu de soutien, notamment en Haïti, son pays de naissance, et au Canada où le vent semble tourner en sa défaveur, au Québec notamment. La province francophone a un nouveau premier ministre désigné, François Legault, qui ne cache pas son amertume en raison des dépenses de la candidate canadienne qu’il a vivement critiquée à plusieurs reprises. Au fédéral, l’appui du premier ministre Justin Trudeau est loin de suffire à faire réélire Mme Jean au poste de secrétaire général auquel elle continue de s’accrocher, malgré les appuis qui s’évaporent. Mme Jean met de l’avant son bilan centré sur les valeurs universelles (humanisme, diversité des expressions culturelles, etc.).

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Catégories : International, Politique
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