Donald Trump (Reuters/Kevin) et l'ancien premier ministre Jean Chrétien en entrevue pour parler de son nouveau livre. (Evan Mitsui/CBC)

Trump marque la fin de l’Empire américain selon l’ex-premier ministre canadien Jean Chrétien

L’ancien premier ministre libéral Jean Chrétien, qui a dirigé le Canada pendant tout près de 10 ans de 1993 à 2003, affirme que Donald Trump n’est pas qualifié pour la présidence des États-Unis et que son élection annonce le déclin de l’Empire américain et de son influence.

M. Chrétien dévoile cette opinion peu flatteuse à l’égard de Trump dans, Mes histoires, son nouveau livre d’anecdotes de ses 10 années comme premier ministre du Canada. Celui qui a pris sa retraite de la vie politique en 2003 après avoir remporté trois mandats électoraux majoritaires n’hésite pas à s’exprimer sur l’actualité, notamment sur Trump.

« Il a été très triste d’observer l’erreur monumentale commise par nos voisins du sud en novembre 2016 », écrit-il dans un chapitre où il raconte les moments heureux que lui et sa femme, Aline, ont passés avec l’ancien président américain Bill Clinton et sa femme, Hillary, qui a été battue par Trump aux dernières élections présidentielles.

Dans une série d’entrevues qu’il accorde aux médias pour parler de son nouveau livre, Jean Chrétien révèle à quel point, malgré son âge (84 ans), il pourrait aisément remettre des gants de boxe et replonger dans l’arène politique. Il ne ménage pas ses coups à l’endroit de Donald Trump.

Dans son livre, M. Chrétien dit que le rassemblement de la suprématie blanche de l’an dernier à Charlottesville, en Virginie, nous a exposé le vrai visage de Donald Trump.Il décrit l’occupant de la Maison-Blanche comme un fanatique.

Les empires disparaissent

Jean Chrétien, ancien premier ministre du Canada  Photo Credit: PC / Adrian Wyld

« Je crains que la défaite d’Hillary et l’arrivée du fanatique Trump ne marquent la véritable fin de l’Empire américain. Tu peux comprendre pourquoi Aline et moi sommes si heureux d’avoir les Clinton comme amis, et presque aussi fiers d’être éloignés autant que possible de Donald Trump. »

« Vous savez, vous voyez l’émergence des Chinois et le déclin de l’Amérique. Quand je voyage à travers le monde, j’ai l’impression que leur influence diminue très rapidement », ajoute-t-il.

M. Chrétien déclare que l’administration protectionniste de M. Trump tente de briser l’ordre international qui a pourtant créé la prospérité dans le monde depuis les années 1940 ,et cela inquiète les alliés traditionnels. Les États-Unis se sont entre autres retirés de l’accord de dénucléarisation de l’Iran. « Si vous voulez être en isolement, c’est très bien. Mais tu as moins d’influence. »

La montée et la chute des superpuissances sont naturelles et inévitables, a mentionné M. Chrétien. « Vous savez, les empires disparaissent. Beaucoup de gens sont nostalgiques de l’Empire britannique. Beaucoup de gens en France rêvent encore de Napoléon. Il est mort depuis longtemps. La vie est comme ça. »

Durant ces années au pouvoir (1993-2003)
– On se souvient de Jean Chrétien comme du premier ministre qui a cherché à étoffer la politique étrangère de son pays afin que le Canada puisse remplir un rôle à sa mesure sur la scène internationale et contrebalancer le poids des États-Unis
– Sur le plan intérieur, on se souvient de sa réduction du déficit annuel du gouvernement fédéral alors qu’il avait hérité d’un pays largement endetté. Avec l’aide de son ministre des finances, Paul Martin, qui lui a succédé comme premier ministre de 2003 à 2006, Jean Chrétien a éliminé un déficit budgétaire de 42 milliards de dollars, 5 budgets excédentaires ont été enregistrés.
– Les provinces affirment par contre qu’elles ont dû assumer les frais d’une large part de ces économies budgétaires fédérales.

Jean Chrétien, le 4 mai 1980 alors qu’il était ministre de la Justice. Photo : Radio-Canada

Le Canada est-il lui aussi vulnérable à une montée du populisme à la Donald Trump?

Bien que Jean Chrétien écrive dans son livre qu’aucun pays n’est à l’abri d’un « retour en arrière en matière de valeurs sociales » et que le Canada doit demeurer vigilant, il affirmait cette semaine en entrevue que le Canada a évité le genre de polarisation qui afflige les États-Unis parce que le pays a de bien « meilleures institutions ».

Il montre du doigt notamment le processus de nomination très politisé des juges aux États-Unis, ce qui ne se fait jamais au Canada. La récente confirmation de Brett Kavanaugh, candidat à la Cour suprême de Trump, est devenue à ses yeux un cirque partisan.

Le système judiciaire canadien n’a pas été touché par cette politisation, conclut Jean Chrétien, qui a été ministre de la Justice de 1980 à 1982. « Je n’ai jamais su si le juge en chef [de la Cour suprême du Canada] avait voté pour moi et je ne lui ai jamais posé la question », indique M. Chrétien en parlant de Beverley McLachlin qu’il a nommée juge en chef de la Cour suprême en 2000. Elle a pris sa retraite en décembre dernier.

Voyez comment le Parti conservateur du Canada pourrait profiter du populisme aux prochaines élections, selon l'ex-premier ministre conservateur Stephen Harper...

L’ancien chef conservateur Stephen Harper et Donald Trump (Brendan Smialowski/AFP/Getty Images)

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de CBC News

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