Les concessions faites par le Canada sur les produits laitiers dans le nouvel accord de libre-échange nord-américain, conclu le mois dernier, n’améliorent pas le sort des producteurs américains. Ils n’ont accès qu’à moins de 4 % du marché laitier canadien.
L’agence de presse Reuters a parlé, entre autres, à un producteur laitier du Minnesota. Paul Fritsche dit ne plus avoir les moyens de s’offrir une assurance maladie puisqu’il a du mal à subvenir aux besoins de sa ferme laitière qui fait partie de sa famille depuis près d’un siècle.
Comme le prix du lait aux États-Unis en est à sa quatrième année d’effondrement en raison d’une offre excédentaire chronique, ce producteur de 58 ans ne sait pas s’il pourra transférer sa ferme de 30 vaches à ses fils et petits-fils.

(Photo : ©REUTERS/Oliver Doyle)
Rappelons que pendant les pourparlers, Donald Trump avait exigé des concessions de l’industrie laitière canadienne protégée et avait déclaré sur Twitter que le Canada faisait du tort aux agriculteurs américains en imposant des tarifs élevés. Après que le Canada eut cédé un peu de terrain, le président américain a revendiqué une grande victoire et a déclaré que les agriculteurs auraient plus d’options d’exportation.
Le secrétaire américain au Commerce extérieur, qui a négocié le nouvel accord avec le Mexique et le Canada, s’est refusé à tout commentaire. Le secrétaire américain à l’Agriculture, Sonny Perdue, a déclaré le 19 octobre 2018 que l’accord ouvrira l’accès à d’autres produits laitiers et a cité des « victoires importantes » pour l’agriculture américaine sans donner plus de détails.
La situation est-elle mieux au Canada?
Toujours selon Reuters, l’industrie laitière canadienne se porte beaucoup mieux et continue d’être l’un des secteurs agricoles les plus rentables du pays, ce qui permet à la plupart des agriculteurs d’absorber l’impact des concessions. De plus, Ottawa a promis d’indemniser les producteurs laitiers pour les pertes découlant de l’ouverture de l’industrie.
Les agriculteurs canadiens de troisième génération Alain Philippot et Henry Holtmann se préparent chacun à faire entrer leurs enfants dans l’entreprise. Ils disent que les concessions limiteront la croissance. Mais le système de gestion de l’offre, qui entraîne des prix plus élevés, reste intact.

Cynthia LaPrise, 52 ans, copropriétaire de la ferme laitière EMMA Acres, discute de l’état des fermes laitières avec son frère Paul Bailey, à East Greenwich, au Rhode Island. Cynthia est également infirmière à l’hôpital Miriam de Providence. (Photo : ©REUTERS/Oliver Doyle)
Force est de constater que le marché canadien ne peut tout simplement pas être une panacée pour les producteurs américains. Le Wisconsin à lui seul produit plus de lait que ce qui est consommé dans l’ensemble du Canada. Ainsi, l’accès supplémentaire à ce marché offre peu de confort.
Plus de 40 000 fermes laitières américaines ont déjà connu des ennuis, et la chute actuelle des prix est exceptionnellement longue. La production laitière a tout de même augmenté au cours des dernières années malgré la chute des prix. La consommation de lait par habitant aux États-Unis diminue régulièrement depuis les années 1970. Par contre, la consommation totale de produits laitiers a augmenté parce que les Américains consomment plus de yogourt, de beurre et de fromage, selon l’USDA.
Le nouvel arrangement avec le Canada ne sortira probablement pas les producteurs laitiers américains du fossé, a déclaré Mark Stephenson, directeur des politiques et analyses laitières à l’Université du Wisconsin.
L'industrie laitière dans le contexte des principales industries agroalimentaires du Canada (2016)
Source: Gouvernement du Canada

RCI avec les informations de Reuters et du Gouvernement du Canada.
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