La police indienne procède depuis deux semaines à une série de descentes dans des centres d’appels liés à des dizaines de milliers d’escroqueries téléphoniques. Des téléphonistes se faisaient passer pour des représentants du ministère canadien responsable du prélèvement des impôts, l’Agence du revenu du Canada (ARC).

Une enquête de CBC sur l’escroquerie téléphonique en Inde a permis de retracer certains appels à cet immeuble d’appartements à Mumbai. (Dave MacIntosh/CBC)
L’action policière aurait été menée à la demande de la Gendarmerie royale du Canada, en collaboration avec le FBI, notamment à Noida.
Il s’agit d’une banlieue de la capitale New Delhi et le lieu d’une enquête récente réalisée par une équipe de tournage du radiodiffuseur public canadien CBC.
C’est cette enquête de l’émission Market Place qui aurait mis la GRC sur la piste des auteurs de « l’escroquerie de l’ARC ».
La police indienne a fait irruption dans des centres d’appels soupçonnés d’actes illégaux, a arrêté toutes les personnes et a saisi des montagnes de matériel électronique servant à commettre les fraudes téléphoniques contre des étrangers.

Un groupe de suspects arrêtés en Inde dans le cadre de l’enquête sur une arnaque téléphonique visant des Canadiens, vue dans un cadre de la couverture télévisée indienne des raids de la police. (Grenonews.com)
L’opération policière n’en serait qu’à ses débuts

L’Inspecteur Peter Payne, chef des Crimes financiers à la GRC. Son message aux fraudeurs téléphoniques indiens : « Nous allons vous arrêter. (Jonathan Castell/CBC)
« Ce n’est que le début, dit le chef Ajay Pal Sharma de la station de police de Noida. D’autres centres d’appels illégaux fonctionnent dans la ville et seront bientôt démantelés. Nous ferons d’autres raids. »
Selon la police, 28 personnes ont été arrêtées au cours d’un seul de leurs ratissages, dont deux sont considérées comme les piliers de l’opération. La plupart sont dans la vingtaine. On s’attend à ce qu’ils soient accusés de fraude, ce qui pourrait entraîner des peines d’emprisonnement.
Plusieurs de ces centres d’appels ne seraient pas aussi clandestins qu’on pourrait le croire. Selon des observateurs de la sécurité indienne consultés par CBC News, certains d’entre eux opéreraient avec l’approbation de la police, payée pour détourner le regard.
Voyez comment les centres d’appels de l’Inde attrapaient leurs victimes canadiennes…
Explosion du nombre de plaintes et de victimes depuis 2014
En 2014, on comptait 1553 plaintes de Canadiens, et on en répertoriait 14 995 un an plus tard. Revenu Canada estime avoir reçu 60 000 plaintes en cinq ans.
Selon le Centre antifraude, ces statistiques ne représenteraient qu’environ 5 % de la population touchée par le phénomène. Des centaines de milliers de Canadiens auraient reçu depuis 2013 environ un appel téléphonique sur leur répondeur affirmant qu’ils faisaient l’objet d’une poursuite judiciaire de l’Agence du revenu du Canada. S’ils ne rappelaient pas rapidement à un certain numéro, ils s’exposaient au pire.
La personne au bout du fil se faisait passer pour un employé de l’ARC et affirmait à sa victime canadienne qu’elle devait beaucoup d’argent au fisc.
Au premier appel, on réclamait typiquement 2800 $. Mais au deuxième appel, quelques heures plus tard, on affirmait avoir découvert un autre manque à gagner, par exemple de 4128 $, remboursable immédiatement. Sinon, Revenu Canada n’aurait d’autre choix que d’entreprendre des poursuites judiciaires qui pourraient coûter près de 95 000 $ en frais de recouvrement.
On estime que ces arnaques auraient coûté 10 millions de dollars aux Canadiens depuis cinq ans.
L’édifice principal des quartiers généraux de l’Agence du revenu du Canada à Ottawa, la capitale canadienne. Photo : La Presse canadienne
RCI avec la contribution de Caroline Bordua et Louis-Philippe Ouimet de Radio-Canada et les informations de David Common et Nelisha Vellani de CBC
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