Quand on pense au Canada, à ses grands espaces et à ses lacs aux eaux claires, on s’imagine parfois qu’il est à l’avant-scène des pays où la protection de l’environnement et de la lutte aux changements climatiques sont les fers de lance de notre façon de vivre.
Oh que non!
Selon un document du Climate change performance index (trad. : index de performance de la lutte contre les changements climatiques), publié lundi en marge de la 24e Conférence de l’ONU sur le climat (COP24) en Pologne, « seulement quelques pays ont commencé à mettre en œuvre des stratégies pour limiter le réchauffement bien en deçà de 2 °C ou 1,5 °C » et que le Canada fait partie des cancres.
Si rien n’est fait, ces cibles prévues à l’Accord de Paris ne seront jamais atteintes, notamment au Canada.
Les ONG Germanwatch, Climate Action Network et le New Climate Institute affirment dans ce rapport que la faute n’est pas imputée au manque de connaissances ou d’identification du problème ni de compétences scientifiques pour y faire face, mais tout simplement d’un manque flagrant de volonté politique.
Et, dans certains cas, notamment quand vient le temps de parler des pires résultats – États-Unis et Arabie saoudite – de refus pur et simple de reconnaître l’état de fait.
En queue de peloton, l’Arabie saoudite et les États-Unis
Donc, les deux alliés contre vents et marées au Moyen-Orient obtiennent les pires résultats de l’index.
Dans le cas du royaume wahhabite, on se classe bon dernier dans toutes les sphères évaluées, des émissions de gaz à effet de serre à la politique climatique de l’État et aussi pour la faible part laissée aux énergies renouvelables. Songez que la péninsule arabique connaît plus de 300 jours de soleil par année, il est tout à fait plausible et possible de facilement capter l’énergie solaire.
Partageant la queue de peloton, les États-Unis connaissent un net recul par rapport à l’année dernière. Depuis que le président Trump a pris les rênes du pouvoir à la maison blanche, a retiré son pays de l’Accord de Paris et a promis de revitaliser le secteur du charbon, le pays de l’Oncle Sam a pris une tangente vers le bas et se retrouve carrément avant-dernier.
Cela dit, malgré les appels du président américain à démanteler l’Accord de Paris et son refus catégorique de reconnaître toute forme de modification du climat par l’activité humaine, on note une prise en main de la cause climatique chez les États et villes américaines, ce qui en soi est une note encourageante selon l’index.
Les autres cancres
Le Canada est accompagné dans ce groupe par le Japon, la Turquie, l’Australie, la Corée du Sud et la Russie.
Le Canada est classé au 54e rang avec un score de 34,26 % qui englobe les émissions de gaz à effet de serre, la politique climatique et l’utilisation des énergies renouvelables.
Rien qu’à titre de comparaison, l’Inde, avec sa population dépassant le milliard d’individus, se classe au 11e rang avec un score de 62,93 %.
Les bons élèves : le Maroc et la Suède
Avec sa quatrième position, la Suède obtient un résultat semblable à celui de l’an dernier et un score de 76,28 %. Mais c’est la performance marocaine qu’il faut souligner ici. Le royaume a fait le choix d’investir dans les énergies renouvelables, notamment avec la centrale solaire Noor 1, située à près de 20 km de Ouarzazate. Le Maroc gagne une place, jusqu’à la 5e, avec un score de 70,48 %.
Et les trois premiers sont :
Personne.
Les trois premières places sont laissées vides, car, notamment en ce qui a trait aux pays de l’Union européenne, il n’y a pas de chemin clairement tracé vers une limitation du réchauffement à 2 °C.
COP 24 au pays du charbon en Pologne
La Pologne dépend toujours à 80 % de son charbon pour ses besoins énergétiques (chauffage, climatisation, électricité). La ville de Katowice, au cœur du pays de la houille polonaise, reçoit jusqu’au 14 décembre la COP24, où quelque 200 pays tentent de mettre un peu plus de chair politique sur l’ossature de l’Accord de Paris.
Parle-t-on ici d’un paradoxe?
Sans doute. Cela dit, le slogan retenu par Katowice est « From black to green » (« du noir au vert »).
Reste que ce vert est plutôt vert-de-gris si l’on considère que les émissions de gaz carbonique provenant des énergies fossiles – pétrole, charbon, gaz naturel – ont connu une hausse sans précédent en 2018 si on la compare aux sept années précédentes.
En entrevue à l’AFP, Glen Peters, climatologue au centre de recherche Cicero (Oslo), a déclaré qu’il fallait remonter à 2011 et la sortie de la crise financière de 2008 pour trouver pire taux que ceux de cette année.
AFP, SRC, CCPI, Cicero
Plus:
Choosing the lesser of two evils (Tread: Choisir le moindre des deux maux) ( The Strait Times, Singapour – Blog de Glen Peter)
Les dossiers de Radio Canada International sur les changements climatiques (RCI)
Climat, où en sommes-nous? (Radio-Canada)
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