Donald Trump est-il prêt à sacrifier l’indépendance de son système de justice et à intervenir politiquement pour éviter l’extradition dans son pays de Meng Wanzhou?
La question se pose dans la foulée d’une déclaration qu’il a faite à l’agence Reuters sur la situation au Canada, où la directrice financière de la compagnie Huawei a été arrêtée pour être extradée aux États-Unis. La dirigeante de 46 ans y fait face à des accusations de commerce illégal avec l’Iran.
Trump estime qu’il pourrait intervenir dans cette affaire judiciaire contre Meng Wanzhou, si cela pouvait l’aider ultimement à conclure un accord commercial avec la Chine, qui serait « certainement le plus important accord commercial jamais conclu ».
Du coup, le président américain mine les efforts du gouvernement canadien qui tente de faire comprendre à la Chine que la libération de Meng Wanzhou serait illégale au Canada si elle était le fruit d’une ingérence politique dans les affaires de la justice et que celle-ci doit suivre son cours.
Meng Wanzhou quitte la Cour suprême de la Colombie-Britannique au centre-ville de Vancouver vers 20 h, heure locale, près de cinq heures après l’annonce de sa libération. Photo : CBC
Un juge de Vancouver l’a libérée mardi en échange d’une caution de 10 millions et de conditions strictes. Elle a nié les allégations par l’intermédiaire de son avocat, au tribunal, en promettant de les combattre si elle était extradée aux États-Unis.
Donald Trump minerait les efforts du Canada
Roland Paris, ex-conseiller en politique étrangère du premier ministre canadien Justin Trudeau, estime que Donald Trump devrait éviter de mettre en doute l’engagement du Canada envers l’État de droit.
« La remarque était troublante, soutient l’expert en affaires internationales à l’Université d’Ottawa. Le Canada agit de bonne foi en répondant à une demande d’extradition présentée par les États-Unis conformément à la loi. »
Justin Trudeau a jugé nécessaire de réaffirmer l’attachement du Canada à la primauté du droit, mercredi matin, à la suite de cette déclaration de Donald Trump selon laquelle il pourrait intervenir dans le processus judiciaire visant la dirigeante de l’entreprise chinoise. « Quel que soit ce qui se passe dans d’autres pays, le Canada demeurera toujours un pays qui respecte la loi », a assuré le premier ministre.
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a dû pour sa part insisté sur le fait que la politique ou des pressions américaines n’ont absolument rien eu à voir avec cette arrestation.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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