Le pétrole albertain a été à l’origine d’une certaine crise ces derniers jours entre le Québec et l’Alberta, à la suite d’une déclaration du premier ministre québécois François Legault qui a estimé que le pétrole albertain était « une énergie sale ». Dans la foulée de cette déclaration, la firme Léger a réalisé un sondage qui montre que les Québécois préfèrent de loin ce pétrole albertain à celui de tout autre endroit dans le monde.
RCI avec Ressources naturelles Canada, l'Institut économique de Montréal, la Fédération des chambres de commerce du Québec et Radio-Canada
Le pétrole pèse d’un poids important dans l’économie canadienne
En 2017, le secteur de l’énergie au Canada comptait plus de 276 000 emplois directs et plus de 624 000 emplois indirects.
Le secteur de l’énergie représente environ 11 % du produit intérieur brut (PIB) nominal du Canada.
Les revenus gouvernementaux provenant de l’énergie ont atteint 10,3 milliards de dollars en 2016. Plus de 650 millions de dollars ont été investis pour la recherche, le développement et la mise en œuvre de technologies dans le secteur de l’énergie en 2016-2017.
Le Canada est le sixième producteur d’énergie et le cinquième exportateur net.
Il se situe au huitième rang des consommateurs.
Une bonne partie de cette recette provient de l’industrie pétrolière et gazière dont les activités sont plus importantes dans l’Ouest canadien que partout ailleurs au pays.
L’Alberta et ses sables bitumineux se démarquent comme l’un des plus gros pourvoyeurs, aussi bien sur le plan financier que pour les emplois.
Les retombées sont multiples tant pour cette province que pour les autres, le Québec, l’Ontario et la Saskatchewan notamment.

Ces retombées sont sous-estimées en partie en raison de la mobilité de certains travailleurs dans les provinces productrices, mais résidant au Québec ou en Ontario. À l’exception de l’Alberta et de la Saskatchewan, où les retombées économiques directes et indirectes représentent respectivement 11,2 % et 4,7 % de leur PIB, les autres provinces canadiennes bénéficient de retombées variant entre 0,2 % du PIB pour l’Atlantique et 0,6 % du PIB pour la Colombie-Britannique.

Crédit : Ressources naturelles Canada
Comprendre le choix des Québécois qui optent pour le pétrole albertain
Plusieurs analystes ont dénoncé le caractère « contre-productif » de la déclaration du premier ministre du Québec. François Legault a en effet affirmé qu’il ne souhaitait pas que l’énergie « sale » du Canada passe par le territoire québécois.
« L‘Alberta, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick veulent raviver le projet d’oléoduc Énergie Est, qui traverserait le Québec. »
Cette déclaration a suscité la colère des principaux responsables de l’Alberta, de plusieurs analystes et a fait réagir même le premier ministre du Canada. Rappelant qu’il est important pour tout leader politique de chercher à rassembler, Justin Trudeau a laissé entendre que ce n’est pas très utile de se lancer dans une telle enflure verbale et qu’il faut « éviter des propos qui peuvent être divisibles à travers le pays ».
À titre de rappel, le programme de péréquation canadien profite largement au Québec qui recevra 13, 1 milliard de dollars du fédéral en 2019-2020, soit 66 % des paiements de péréquation au pays.
La péréquation est un programme fédéral qui permet aux provinces, peu importe la force de leur économie, d’offrir des services publics comparables. La formule est révisée tous les cinq ans et devrait l’être avant la fin de l’exercice financier 2019-2020 si Ottawa n’avait pas décidé de la maintenir encore pour les quatre prochaines années.
D’abord, on détermine le taux moyen d’imposition à travers le pays (le Québec est au-dessus de la moyenne, l’Alberta en dessous). Ensuite, on applique ce taux, dans chaque province, pour déterminer quel serait le revenu moyen par habitant. Les provinces qui ont un revenu moyen plus faible reçoivent de l’argent du fédéral.
Bill Morneau, ministre des Finances du Canada Crédit : Radio-Canada
Toutes les provinces contribuent à la péréquation avec les impôts fédéraux. Celles qui en reçoivent ont une capacité fiscale plus faible que la norme établie pour tout le pays. Celles qui n’en reçoivent pas ont une capacité fiscale plus élevée.
Ceux qui dénoncent la péréquation estiment qu’il est injuste que l’Alberta finance des provinces plus pauvres. Le Québec touchera un peu plus de 50 % des quelque 19 milliards de dollars versés par le programme.
Le Québec est parmi les plus gros consommateurs de pétrole au pays, et ce pétrole provient principalement de l’Ouest canadien.
Le sondage Léger réalisé pour le compte de l’Institut économique de Montréal (IEDM) révèle que les Québécois préfèrent de loin ce pétrole par rapport à tout autre provenant d’ailleurs.
En effet, 66 % des répondants privilégient le pétrole de l’Ouest canadien, contre 7 % seulement qui préfèrent importer du pétrole des États-Unis. Suivent l’Algérie (3 %), le Nigeria (1 %) et l’ensemble des pays du Moyen-Orient (1 %). 53 % des répondants souhaitent que le Québec exploite ses propres ressources pétrolières plutôt que de continuer d’importer le pétrole qu’il consomme.
« Fait intéressant pour le nouveau gouvernement à Québec et son chef, parmi les répondants qui s’identifient à la CAQ, 79 % préfèrent le pétrole de l’Ouest canadien, note Germain Belzile, chercheur associé principal à l’IEDM.
« Il est grand temps de commencer à sevrer l’État québécois de sa dépendance envers les paiements de péréquation en écoutant les Québécois et en exploitant nos propres ressources. La situation économique en Alberta rend plus impératif que jamais de laisser passer le pétrole de l’Ouest sur notre territoire, d’autant plus que ce pétrole est le plus prisé des Québécois », a relevé Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM.
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