(Google Maps)

Une tradition de vingt ans à Sackville au Nouveau-Brunswick « éteinte » par la plainte d’un citoyen

Sackville Nouveau-Brunswick, tout près de la frontière – oh combien illusoire – entre cette province et celle de la Nouvelle-Écosse au Canada atlantique.

Population : un peu plus de 5 000 habitants.

Sackville, c’est aussi là où l’on retrouve l’Université Mount Allison; c’est aussi cette petite ville des Maritimes qui a été désignée « capitale culturelle canadienne » en 2008.

Pour nous, à Radio Canada International, du moins pour ceux qui ne sont plus d’un certain âge, mais bien d’un âge certain, Sackville, c’était là où se trouvaient toutes nos antennes à ondes courtes, antennes qui ont été complètement démantelées après 2012 quand nous avons vu notre budget réduit de plus de 80 %, tout comme le personnel d’ailleurs, et que nous sommes devenus exclusivement web en cinq langues, fermant du coup nos sections en portugais brésilien et en russe.

Mais ça, c’est une autre histoire.

Cela dit, est-ce le fait que la ville soit toute petite et qu’elle revendique ses attraits historiques d’une communauté tissée serré des Maritimes? Est-ce le fait que les terres marécageuses qui ont accueilli pendant tant d’années les antennes de RCI? Ou est-ce la présence d’étudiants universitaires, d’ici et d’ailleurs qui a donné à Sackville certaines particularités? Nous n’en savons rien, mais sachez que la joie de vivre et l’autodérision y sont au menu depuis des lustres.

Notamment celle de la piste d’atterrissage balisée pour le père Noël.

(Twitter)

Depuis une vingtaine d’années, quelques rues du secteur Lower Sackville se parent de centaines de chandelles et bougies afin de permettre au père Noël de connaître un atterrissage sans heurts.

Cette jolie tradition faisait que les voisins se retrouvaient, partageaient des histoires, se racontaient leurs plus récentes nouvelles, des moments de pure simplicité et de convivialité au cours desquels on échangeait aussi de petits cadeaux : qui des tartes ou des biscuits, qui des portions de soupe ou des recettes de ragoût, qui enfin des nouvelles des enfants qui grandissaient ou de la grand-mère qui venait de décéder.

Et pourquoi parle-t-on à l’imparfait?

Parce que l’aérodrome pour le père Noël a été éteint au boyau d’incendie par le service des incendies le soir de 24 décembre à la suite d’une plainte d’un résident.

Oui, 20 ans de traditions, une plainte, un résident et arrivent les pompiers.

Depuis, les médias sociaux ont été pris d’assaut par des résidents vraiment déçus de cette décision du service des incendies de Sackville.

La piste d’atterrissage du père Noël, édition 2018, était composée de quelque 250 chandelles et bougies d’une quinzaine de centimètres chacune, et chacune insérée dans une bouteille vide de deux litres de boisson gazeuse fixée sur une base en bois.

L’instigateur du projet, Sheldon Bisson, vit à Sackville depuis bientôt un demi-siècle. À plus de 70 ans, l’homme en a vu des générations d’enfants parcourir cette piste, certains d’entre eux étant persuadés que le père Noël les trouverait grâce au dispositif en place que pendant quelques heures.

Bon, quand un voisin porte plainte, il faut « investiguer », n’est-ce pas?

Par la voix de son chef, le service des incendies de la Ville a fait savoir que certaines bouteilles commençaient à fondre, que le feu pouvait se propager à la base en bois, par la suite aux buissons, aux automobiles stationnées tout près, etc.

Et pourquoi la tradition s’est-elle tenue annuellement durant vingt ans sans intervention du service des incendies?

Au dire du chef Hebb : « Parce qu’à ce jour, nous n’avions reçu aucune plainte ».

Quant à Sheldon Bisson, il avoue candidement qu’il s’en remettra, que les pompiers n’ont fait que leur travail, mais ajoute qu’il a une année devant lui pour revoir les procédures, changer les matériaux – notamment les contenants de plastique – relancer la tradition… et revoir les sourires des gens de ce quartier qu’il affectionne tant.

Catégories : Société
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