En zones de conflits, les droits des enfants sont bafoués, selon l'UNICEF. (Photo : REUTERS/Mohammad Ponir Hossain)

UNICEF : avenir incertain et droits inexistants pour les enfants en zones de conflit

Être un enfant dans une région en conflit armé n’est pas une sinécure, selon l’UNICEF. L’avenir des millions d’enfants qui y vivent est menacé et leurs droits sont violés.  Le reste du monde pendant ce temps est silencieux, se désole le Fonds des Nations-Unies pour l’enfance.

Dans son bilan de l’année 2018, l’UNICEF, par la voix de son directeur des programmes, Manuel Fontaine affirme que « Les enfants vivant dans des zones de conflit à l’échelle mondiale ont continué d’être victimes d’actes de violence extrême au cours des douze derniers mois, et la communauté internationale les a une fois de plus abandonnés ».

Fontaine ajoute que les belligérants dans ces conflits commettent des atrocités dans une impunité quasi totale. Et la situation est loin de s’améliorer. « Nous pouvons et devons faire beaucoup plus pour protéger et aider les enfants. », soutient-il. C’est bien connu, en temps de guerre, souligne l’UNICEF, les enfants sont des cibles faciles. Non seulement on s’en prend directement à eux, mais en plus, servent de boucliers humains. Ils sont tués, mutilés ou enrôlés par des groupes armés.

6,1 millions de personnes frappées de faim extrême au Soudan du sud

L’UNICEF évoque quelques cas comme celui du Soudan du Sud où 6,1 millions de personnes, dont de nombreux enfants, souffrent d’une faim extrême. La raison? Le conflit qui oppose depuis 2013 le président Salva Kiir à son ancien vice-président devenu chef rebelle Riek Machar. L’insécurité sociale ainsi créée a nourri  l’insécurité alimentaire.

Même si les deux hommes ont signé un accord de paix lors d’un sommet régional à Addis Abeba,  en septembre, dans une nouvelle tentative pour mettre un terme à une guerre civile dévastatrice qui ensanglante le pays depuis près de cinq ans, les violences extrêmes contre des femmes et des enfants se poursuivent dans le pays, selon des rapports reçus par l’UNICEF.

Au Yémen en proie à une guerre qui oppose depuis 2014 les rebelles chiites Houthis aux forces gouvernementales,  les dégâts ont pris une ampleur nouvelle depuis l’implication en 2015 de l’Arabie saoudite dont l’aviation bombarde les positions rebelles. Résultat : selon l’ONU, quelque 1 427 enfants ont été tués ou mutilés dans des attaques, notamment un attentat contre un autobus scolaire à Sa’dha.

L’UNICEF ajoute que les écoles et les hôpitaux du Yemen sont fréquemment pris pour cible ou sont utilisés à des fins militaires. Une situation qui prive les enfants de leur droit à une éducation et à des soins de santé. Ce qui «alimente la crise qui sévit dans ce pays, où toutes les dix minutes, un enfant meurt d’une maladie évitable et où 400 000 enfants souffrent de malnutrition sévère aiguë»

Boko Haram et sa hantise de l’éducation à l’occidentale

Dans le nord-est du Nigéria où sévissent des groupes armés, notamment des factions de Boko Haram, des filles sont violées, forcées de se marier à des combattants ou utilisées comme « bombes humaines ». En février, rappelle l’UNICEF, Boko Haram  a enlevé 110 filles et un garçon dans une école technique à Dapchi, dans l’État de Yobe. Même si la majorité des enfants ont été libérés, cinq filles sont décédées et une fille est toujours retenue en esclavage.

Les actions de Boko Haram ne se limitent pas au Nigeria. Tous les pays du bassin du lac Tchad en font les frais.  Le nord-est du Nigéria, la région du lac Tchad, l’extrême nord du Cameroun et la région de Diffa au Niger sont le théâtre de déplacements forcés. Hostile à l’éducation à l’occidentale, Boko Haram s’en prend notamment aux écoles, au personnel enseignant ainsi qu’à d’autres infrastructures scolaires. Tout cela, déplore l’UNICEF, menace la scolarisation de 3,5 millions d’enfants.  Selon l’organisme, au moins 1 041 écoles sont fermées ou ne sont pas fonctionnelles en raison de la violence, de la crainte d’attaques ou de l’instabilité, perturbant l’éducation de près de 445 000 enfants.

Appel à la responsabilité

Au Cameroun,  des séparatistes s’attaquent aux écoles aux élèves et aux enseignants dans les régions nord-ouest et sud-ouest du pays. En novembre, affirme l’UNICEF, plus de 80 personnes, dont plusieurs enfants, ont été enlevées dans une école de Nkwen, dans le nord-ouest du pays. Ils ont été libérés quelques jours plus tard.  Au total, 93 villages camerounais auraient été partiellement ou totalement incendiés par les séparatistes et de nombreux enfants y sont victimes d’actes de violence extrême, toujours selon l’UNICEF.

Mentionnons aussi le cas de l’Afghanistan où  quelque 5 000 enfants ont été tués ou mutilés au cours des trois premiers trimestres de 2018. Preuve que les choses ne s’améliorent pas dans ce pays, ces chiffres d’une partie de l’année 2018 sont identiques à ceux de toute l’année 2017.

La liste des pays où la situation des enfants est préoccupante est très longue.  L’UNICEF rappelle aux parties belligérantes leur obligation  de respecter les droits de l’enfant et de cesser de cibler des infrastructures civiles, notamment les écoles, les hôpitaux et les réseaux de distribution d’eau. L’UNICEF demande également aux pays qui ont une certaine influence  sur les parties en conflit de s’en prévaloir  pour protéger les enfants.

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