Une stratégie canadienne sur la démence devrait reconnaître le rôle central des personnes vivant avec la démence et leurs aidants ainsi que l’importance de la prévention et la sensibilisation pour bien vivre avec la démence, a conclu un comité d’experts formé par l’Académie canadienne des sciences de la santé (ACSS) à la demande de l’Agence de la santé publique du Canada.
Ces données sur la population, ainsi que celles qui prouvent que les coûts associés à la démence pour le système de santé et de services sociaux sont déjà très élevés, ont confirmé la nécessité pour le pays de s’interroger sur la meilleure manière de répondre aux défis imposés par la démence.
Une stratégie nationale en matière de démence s’est avérée essentielle pour établir une vision centrale claire qui permettra d’orienter la mobilisation des ressources pour répondre aux besoins.
Selon le comité d’experts, la stratégie nationale devrait également aider le Canada à se préparer à l’apparition de symptômes précurseurs de la démence et à la recherche sur des médicaments modificateurs de la maladie. Cela permettrait un changement positif sur la vie de nombreuses familles canadiennes, mais pourrait aussi entraîner de la pression supplémentaire sur le système de santé et de services sociaux et rendre plus difficile d’assurer un accès équitable.
PRINCIPALES CONCLUSIONS DU RAPPORT DU COMITÉ D’EXPERTS
1. Approche globale – Le Canada peut être fier des contributions issues des nombreuses stratégies provinciales en matière de démence qui ont déjà été élaborées et mises en œuvre. Ces initiatives se comparent très avantageusement à celles adoptées dans d’autres parties du monde.
2. Favoriser la participation active des personnes vivant avec la démence – Il est de plus en plus courant que les personnes vivant avec la démence participent activement à leurs propres soins, de même qu’à la recherche et au façonnement des services de santé. Cette approche est considérée comme une pratique exemplaire émergente dans presque toutes les stratégies en matière de démence du Canada et d’ailleurs dans le monde.
3. Prévention, sensibilisation et approches pour bien vivre avec la démence – Il existe suffisamment de données probantes pour encourager l’adoption de projets de promotion de la santé (amélioration des niveaux de scolarisation, saine alimentation, exercice, désaccoutumance au tabac, prévention des traumatismes crâniens) et d’interventions de prévention (détection précoce de l’hypertension, de l’hyperlipidémie et du diabète, entre autres).
4. Améliorer les services sociaux et les soins de santé offerts aux personnes vivant avec la démence – Beaucoup de personnes vivant avec la démence de même que leurs aidants ont un accès limité aux évaluations et aux services en lien avec la démence.
5. Éducation et soutien pour les aidants – Les aidants souhaitent offrir des soins et en tirent des bienfaits. Cependant, ils font face à des défis associés à leurs responsabilités accrues envers la personne vivant avec la démence, défis qui ont des effets sur leur propre santé, leur emploi et leurs finances.
6. Bâtir et soutenir la main-d’œuvre du secteur des services sociaux et des soins de santé – La planification des effectifs est essentielle pour s’assurer que le nombre et le type de fournisseurs de soins sont adéquats pour répondre aux besoins.
7. Recherche et innovation – Les investissements doivent être répartis équitablement entre les quatre thèmes de recherche (recherche biomédicale; recherche clinique; recherche sur les services de santé; et recherche sur les facteurs sociaux, culturels et environnementaux qui influent sur la santé des
populations).
8. Mise en œuvre – Un leadership solide du gouvernement, la collaboration des diverses parties prenantes et une définition claire des rôles sont des éléments essentiels pour guider, encourager et évaluer le changement.
La Loi relative à une stratégie nationale sur la maladie d’Alzheimer et d’autres démences a été adoptée par le Parlement en 2017. Elle prévoit l’élaboration d’une stratégie nationale en matière de démence pour le Canada.
La ministre fédérale de la Santé, par l’entremise de l’Agence de la santé publique du Canada, a demandé à l’ACSS de produire une évaluation officielle basée sur des données probantes afin d’orienter les priorités de cette stratégie nationale.
Qu’est-ce que la démence?
Le terme démence décrit une combinaison de déficiences cognitives et fonctionnelles acquises qui réduisent la capacité d’une personne à réaliser des activités courantes et à vivre de manière autonome. Les changements d’humeur et de comportement sont fréquents. La démence n’est pas un aspect normal ou inévitable du vieillissement, même si la probabilité de la développer augmente après le milieu de la vie.
- La démence touche les femmes de manière disproportionnée, elles sont plus nombreuses à vivre avec la démence et à agir à titre d’aidantes.
- La démence a de nombreuses facettes et elle touche des personnes de toute culture, origine ethnique, religion, nationalité, orientation sexuelle et capacité. Cependant, les données probantes disponibles suggèrent que chez les Premières Nations, la prévalence de la démence est 34 % plus élevée qu’au sein de la population générale et qu’elle augmente à un rythme plus rapide.
Pour en savoir plus :
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Sources : Académie canadienne des sciences de la santé. (2019). Améliorer la qualité de vie et les soins pour les personnes vivant avec la démence et leurs aidants. Le comité d'experts sur les soins aux personnes vivant avec la démence au Canada, ACSS.
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