Les quantités de sel varient beaucoup d’un hiver à l’autre, certains sont plus froids, plus pluvieux ou plus neigeux. Mais une chose est certaine. Malgré tous les voeux pieux et les projets pilotes, la quantité de sel répandue sur les routes au Canada finit par coûter très cher à l’environnement. Des tonnes de sel usé aboutissement dans les fossés puis les rivières.

Un tracteur charge un camion de sel pour épandage sur les routes en hiver. Photo : Radio-Canada
Selon Environnement et Changement climatique Canada, la quantité de sel gemme utilisée sur nos routes varie de deux à près de cinq millions de tonnes chaque année.
Durant l’hiver 2016-2017, c’est 800 000 tonnes de sel qui ont été versées sur les routes du Québec par le ministère des Transports. Montréal épand en moyenne 150 000 tonnes de sel chaque hiver.
Personne ne sait combien de sel est aussi répandu par les particuliers et les entrepreneurs dans les aires privées de stationnements. Bien des entrepreneurs déposent au sol beaucoup plus de sel que nécessaire, car ils craignent de faire l’objet d’une poursuite en cour pour négligence. Il n’y a pas non plus de directives nationales pour guider leur épandage, ce qui pourrait réduire les quantités de sel utilisées.

Un trottoir sur lequel on retrouve du sel de déglaçage – Photo: Radio-Canada
Même constat en Ontario
En 2008-2009, un hiver particulièrement neigeux, la province de l’Ontario aurait étendu environ 2,2 millions de tonnes de sel sur ses routes.
Le problème du sel gemme (ou sel de voirie), c’est qu’il contient des ions chlorure qui peuvent avoir des effets négatifs sur les écosystèmes qui s’accumulent bien souvent avec le temps. L’an dernier ,la concentration de sel dans certains ruisseaux de la région de Toronto était comparable à celle de l’océan, selon des analyses effectuées par l’Office de la protection de la nature.
L’épandage de sel sur les routes représenterait le quatrième polluant qui menace les sources d’eau potable en Ontario, après les égouts municipaux, les ruissellements agricoles (sources de phosphore) et les eaux usées d’industries.
Au cours des dernières années, des produits à base de betteraves ont aussi été testés sur les routes. On a aussi tenté des expériences avec du chlorure de magnésium. Une fois humidifié avec le sel, le mélange antidérapant agirait plus rapidement. Il serait aussi plus collant et aurait tendance à demeurer plus longtemps sur la chaussée, même lorsque les véhicules roulent dessus. Les résultats se sont toutefois avérés peu concluants.
Voyez ce que révèlent les plus récents projets pilotes pour remplacer ou diminuer notre consommation de sel…
Une pratique aux coûts salés

Bien qu’il existe des solutions de rechange, le sel est tout simplement moins cher. Photo : Radio-Canada
La recommandation canadienne pour la qualité de l’eau pour le chlorure dans l’eau douce est de 120 mg/L. Cependant, dans la région de Toronto et ses environs, on a mesuré des concentrations de 18 000 à 20 000 mg/L. L’eau de mer contient environ 19 250 mg/L.
Le problème ne se résorbe pas avec le retour du beau temps. Des scientifiques canadiens trouvent des quantités élevées de sel même en été, car le sol, qui a absorbé tout ce sel et l’a stocké l’hiver, le libère lentement dans les ruisseaux, les rivières et les lacs.
Cela peut avoir des effets généralisés. Les poissons disparaissent des zones où ils proliféraient autrefois. Les grenouilles, qui se reproduisent dans des mares d’eau, parfois près des routes, ont de la difficulté à se reproduire. Et il y a même la peur que les oiseaux en consomment.

PHOTO MARY ALTAFFER, ASSOCIATED PRESS
RCI avec CBC News et la contribution de Claude Bernatchez, Richard Daigle, Annie Poulin, Colin Côté-Paulette et Franco Nuovo de Radio-Canada
En complément
Réduire l’épandage de sel sur les routes – Radio-Canada
La science du salage des routes – Radio-Canada
Sensibiliser les déneigeurs aux dangers des sels de voirie – Radio-Canada
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