Asia Bibi a été condamné à mort au Pakistan, il y a huit ans, pour blasphème après avoir été reconnu coupable d’avoir insulté le prophète Mahomet.
Le plus haut tribunal du Pakistan vient de confirmer, mardi, l’acquittement de Mme Bibi prononcé en octobre dernier et élimine donc le dernier obstacle juridique à son départ de ce pays où l’islam est la religion officielle. Les musulmans y constituent de 95 % à 97 % de la population, alors que le reste des habitants est principalement chrétien et hindou.
Ottawa se dit maintenant prêt à faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la sécurité et permettre à Asia Bibi de se réfugier au Canada. Affaires mondiales Canada considère que son cas est une priorité.
Saiful Malook, l’avocat de Mme Bibi, indiquait dans un article d’opinion dans le Washington Post, le mois dernier, que si sa cliente pouvait un jour quitter le Pakistan, sa destination la plus probable serait le Canada. L’automne dernier, le premier ministre Justin Trudeau déclarait à l’Agence France-Presse, à Paris, qu’Ottawa était en pourparlers avec le gouvernement pakistanais dans cette affaire, sans commenter davantage, étant donné la nature délicate des négociations.

Un partisan pakistanais de l’Ahle Sunnat Wal Jamaat (ASWJ), un parti religieux extrémiste, tient une image de la chrétienne Asia Bibi lors d’un rassemblement de protestation à la suite de la décision d’une cour de l’acquitter de blasphème, à Islamabad, le 2 novembre 2018. AAMIR QURESHI/AFP/Getty Images
Des manifestations au Pakistan ont retardé sa libération
Après le premier acquittement de Mme Bibi, en octobre, des partis religieux radicaux avaient manifesté dans les rues. À la toute dernière minute, des responsables religieux ont également interjeté appel de l’acquittement.
Le gouverneur d’une province qui avait pris la défense de Mme Bibi a été tué par balle, tout comme un ministre du gouvernement minoritaire qui remettait en cause les lois de l’islam contre le blasphème.
La loi pakistanaise sur le blasphème est souvent utilisée lors de règlements de compte ou pour intimider les fidèles de religions minoritaires, y compris les chiites.

Le gouverneur du côté pakistanais du Pendjab, Salman Taseer, reçoit Asia Bibi, en novembre 2010. M. Taseer a été assassiné un mois et demi plus tard parce qu’il s’était opposé à l’utilisation de la loi condamnant le blasphème dans le cas de Mme Bibi. Photo : The Associated Press
Des preuves « douteuses » de la culpabilité de Mme Bibi

Asia Bib récemment British Pakistani Christian Association/AFP/Getty Images
Mardi, le juge en chef de la Cour suprême du Pakistan, Asif Saeed Khan Khosa, a conclu que les accusateurs de Mme Bibi, il y a huit ans, s’étaient rendus coupables de parjure et qu’ils auraient pu être incarcérés à vie si l’affaire n’était pas aussi épineuse.
Le juge Khosa a ajouté que « l’image de l’islam que nous présentons au monde me cause beaucoup de peine et de tristesse ». La plupart des preuves déposées contre Mme Bibi étaient douteuses et certaines semblaient même avoir été fabriquées, a dit le magistrat. Il a rappelé que le religieux qui a accusé Mme Bibi s’est contredit, ce que personne n’a pas contesté au cours du procès.
Affaires mondiales exhorte maintenant le gouvernement pakistanais à prendre toutes les dispositions nécessaires afin d’assurer la sécurité de Mme Bibi.
Une dispute avait éclaté lorsque certains ont refusé de boire dans le même contenant qu’une chrétienne, et deux d’entre eux l’ont ensuite accusé d’avoir insulté le prophète Mahomet.
Elle a été condamnée à mort l’année suivante.

Des partisans du parti politique islamiste Jamiat Ulema-e-Islam-F protestent, le 2 novembre dernier, après que la Cour suprême du Pakistan eut acquitté Asia Bibi, une chrétienne accusée de blasphème, et eut annulé sa peine capitale pour outrage au prophète Mahomet. (Bilawal Arbab/EPA-EFE)
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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