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Une cinquantaine d’experts médicaux dénoncent la surmédication au Ritalin chez les jeunes Québécois

Près de 50 pédiatres et autres spécialistes du Québec tirent la sonnette d’alarme et dénoncent une tendance inquiétante qu’il juge très problématique : la surmédication chez les enfants pour combattre les troubles de déficit de l’attention ou d’hyperactivité.

Photo : IStock

Cette dénonciation prend la forme d’une lettre ouverte publiée dans le Journal de Montréal et signée par 48 experts médicaux, dont 45 pédiatres.

Selon eux, médecins de famille, pédiatres, psychiatres et parents doivent tous examiner les raisons pour lesquelles il est devenu courant au Québec de se tourner si rapidement vers les médicaments pour traiter le Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

Ils citent les données de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Elles montrent que le pourcentage d’enfants de tous les groupes d’âge à qui l’on a prescrit des médicaments comme le Ritalin a augmenté sans cesse depuis 2006-2007.

Dans le cas des 13-17 ans, le nombre d’enfants à qui l’on administre ce type de drogue a presque triplé, tandis qu’au sein des jeunes adultes de 18-25 ans, leur pourcentage est passé de 0,4 % à 3,2 % entre 2006 et 2015. Commercialisés depuis 1996, les comprimés de Ritalin possèdent une composition chimique semblable aux amphétamines.

Près d'un enfant sur 7
Les chiffres de l’INESS montrent qu’en 2014-2015, 14 % des enfants de 10 à 12 ans se sont vu prescrire un médicament pour le TDAH.

Un problème de société québécoise et non canadienne?

Photo : Google

Les experts ajoutent que les données sont particulièrement troublantes par rapport avec ce qui se passe ailleurs au Canada. Au Québec, les responsables de la santé prescrivent aux enfants et aux jeunes adultes des médicaments pour le TDAH trois fois plus fréquemment.

« Nous demandons impérativement à tous ceux concernés, et au fond n’est-ce pas toute la société qui est concernée, de faire un sérieux examen de conscience et de se questionner pour savoir pourquoi tant de jeunes présentent des symptômes d’inattention, d’hyperactivité, d’impulsivité et d’anxiété, au point d’être traités avec des médicaments psychotropes aussi souvent », disent-ils.

Les experts s’interrogent donc sur le manque de patience ou de tolérance de la société québécoise face à des enfants indisciplinés ou un peu trop actifs. Selon eux, les jeunes du reste du Canada jouent aux mêmes jeux vidéo et vivent les mêmes soucis.

Le groupe d’experts précise dans sa lettre publiée dans le Journal de Montréal que « même s’il a été clairement démontré que le traitement médicamenteux est efficace à court terme, il reste que ce n’est pas nécessairement le cas à long terme. Les données de l’étude intitulée Multimodal Treatment of Attention Deficit Hyperactivity6 Disorder Study, appelée étude MTA, qui a évalué un traitement multimodal combinant un médicament et une approche comportementale, ont remis en question leur efficacité à long terme, mais ont aussi émis des réserves sur l’effet négatif potentiel sur la croissance».

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RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada

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