Brian Mulroney lors de son passage à « Tout le monde en parle ». Crédit: Radio-Canada

Mulroney au sujet d’Amanda Simard : « p’tite fille qui a démissionné [..] » : l’image du politicien écornée ?

Le 18e premier ministre du Canada était l’invité de l’émission Tout le monde en parle sur Radio-Canada. Au cours de cette émission, le politicien de 80 ans, qui a dirigé le Canada de 1987 à 1993, en tant que chef du Parti conservateur, a littéralement pris la défense de sa fille, Caroline Mulroney, membre du gouvernement ontarien, dans le dossier concernant les francophones de cette province. Son intervention suscite une tonne de réactions à l’échelle du Canada, à cause d’un concept qui n’a pas manqué de blesser au passage une ancienne collègue de sa fille au Parti conservateur de l’Ontario, Amanda Simard.

Un homme d’État au charisme et à la réputation établis

Brian Mulroney est de ces politiciens qui ont marqué l’histoire du Canada par leurs contributions remarquables à différents niveaux.

À titre de premier ministre, il s’est particulièrement illustré dans la défense des droits de l’Homme. L’une des figures de proue de son combat est le défunt président sud-africain, Nelson Mandela. Celui-ci vint spécialement remercier le Canada pour ses efforts entrepris en vue de la lutte contre l’apartheid et de sa libération de prison en 1990.

M. Mulroney a contribué à la conclusion de différents accords économiques, dont l’ancien ALÉNA qui a fait l’objet d’une refonte récemment.

Ses apports multiples ont permis au Canada de rayonner aussi bien sur la scène nationale qu’internationale. Son charisme et son action au sommet du pays font que la simple évocation du nom de cette figure emblématique suscite respect et admiration. C’est pourquoi chacune de ses prises de paroles en public est profondément scrutée, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Canada.

Dimanche soir, à une heure de grande écoute sur Radio-Canada, l’homme d’État s’est distingué par une déclaration qui alimente les débats.

« Caroline est toujours là pour défendre les intérêts des francophones en Ontario […] Elle est la meilleure voix que les francophones peuvent avoir […] La p’tite fille qui a démissionné, elle n’est plus là […] ».

En voulant défendre sa fille, le politicien aurait peut-être jeté une tâche d’impureté sur son image d’habitude si impeccable.

À titre de rappel, Caroline Mulroney, la ministre ontarienne des Affaires francophones, a eu à prendre certaines décisions défavorables aux minorités francophones dans la province, suscitant de profonds mécontentements aussi bien en Ontario qu’ailleurs dans le pays.

Mme Mulroney a notamment :

  • mis un terme au projet d’université francophone
  • aboli le poste de commissaire aux services en français

C’est à cause de ces décisions jugées hostiles aux Franco-ontariens que l’élue de Glennegarry-Prescott-Russell, Amanda Simard, avait décidé de démissionner du Parti conservateur pour siéger en tant que député indépendante.

Caroline Mulroney, ministre ontarienne des Affaires francophones. (Chris Young/Canadian Press)

Les analyses et critiques fusent de toute part

Depuis la déclaration de Brian Mulroney, les analyses et commentaires pleuvent à tous les niveaux. Pour les uns, le politicien a pris le parti de sa fille, tout en jetant une ombre de mépris sur la député ontarienne. Il s’agit de celle-là même qui a eu le mérite de se tenir debout pour défendre une minorité francophone qui a ses droits et ses aspirations, dont le gouvernement provincial doit tenir compte dans ses prévisions budgétaires en tout temps.

La principale concernée n’est pas restée silencieuse et a pris la parole sur Twitter pour dénoncer des propos passés d’époque.

Presque à l’unanimité, les analystes soutiennent que M. Mulroney, qui se distingue d’habitude par son sens de la répartie, et par ses déclarations publiques bien cernées et efficacement énoncées, s’est quelque peu égaré dans l’émission du présentateur Guy A. Lepage, à travers une expression qui le place aujourd’hui dans une position inconfortable.

Dans une courte déclaration, Brian Mulroney a présenté ses regrets lundi après-midi, en soulignant qu’il aurait dû utiliser l’expression « Jeune fille » à la place de « P’tite fille », et qu’il n’avait pas l’intention « d’insulter qui que ce soit ».

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