D’après les dernières données rendues disponibles cette semaine, près de 5800 personnes étaient en situation d’itinérance « visible » au Québec en 2018. Des chiffres en nette augmentation par rapport aux années précédentes. Qui sont ses gens fragilisés qui se retrouvent à vivre dans la rue ou dans des centres d’hébergement ? On en parle avec Pierre Gaudreau, directeur Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM).
Lorsque les chiffres sont sortis lundi, Pierre Gaudreau a relevé une phrase de la mairesse de Montréal qui réagissait alors à l’augmentation du nombre de personnes en situation d’itinérance au Québec. « Elle a dit qu’une personne dans la rue, c’était déjà une personne de trop. »
Bien que la situation économique s’améliore au Québec, le nombre d’itinérants ne cesse de monter. Pour le directeur, cette situation représente le revers de la médaille d’une certaine réussite économique. « C’est en partie une conséquence du boom économique qui entraîne à Montréal une augmentation du coût des logements et une diminution du parc de logements accessibles pour les faibles revenus. »
Écoutez l’entrevue de Pierre Gaudreau (16 minutes et 21 secondes) :
Au niveau du genre, plus d’hommes seraient en situation d’itinérance que les femmes. Mais là aussi les chiffres sont à prendre avec précautions, avertit M. Gaudreau. « Pour différentes raisons, les données ont tendance à surreprésenter les hommes. Par exemple, on sait que les ressources sont davantage accessibles pour les hommes. Or, l’organisme fédéral Statistique Canada – dans son enquête générale auprès de 30 000 ménages – énonçait que les situations d’itinérance dans la vie d’une personne est égale ou presque pour les hommes que pour les femmes. »
Au niveau des âges, le directeur explique que les générations sont presque toutes représentées. « Il y a de tout, lance-t-il. Toutefois, on remarque que depuis une vingtaine d’années, l’itinérance vieillit, en particulier à Montréal. On retrouve des gens, tous sexes confondus, dans leur quarante, leur cinquantaine, voire leur soixantaine. Là aussi, les raisons sont multiples. Elles peuvent aller de la perte d’un emploi à une séparation conjugale. »
Pour connaître les résultats du deuxième dénombrement des personnes en situation d’itinérance visible à Montréal, consultez https://t.co/9P6CPXpTwi https://t.co/vk9oS330lS
— Ville de Montréal (@MTL_Ville) 25 mars 2019
En ce qui concerne les types de population, les résultats sont mitigés. « Le nombre d’immigrants ou personnes en demande de statut qui se retrouve dans la rue à Montréal est moindre qu’à Toronto, précise M. Gaudreau. Dans la Ville Reine, près de 30 % des personnes en situation d’itinérance sont des demandeurs d’asile. Par contre au niveau des Premières Nations, il y a une surreprésentation des populations autochtones. »
Le directeur tient à préciser que même si les indicateurs sur l’itinérance dévoilent des chiffres qui sont le portrait d’un seul soir, elle révèle un certain échec des pouvoirs publics. « Néanmoins, le Québec fait des choses pour endiguer le phénomène, rappelle-t-il. On développe des logements et des services, ainsi que des programmes en réinsertion. Les centres d’hébergement font un travail formidable pour éviter que les jeunes se retrouvent à la rue. Mais oui, il reste beaucoup de travail à faire. » Conclut-il.
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