Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, assiste à une cérémonie organisée à d'Alger le 29 octobre 2008. (Crédit photo : Reuters/Louafi Larbi)

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a officiellement remis sa démission

Nouveau rebondissement en Algérie. La télévision d’État vient d’annoncer la démission d’Abdelaziz Bouteflika après 20 ans au pouvoir. Lâché par l’armée, le président démissionnaire tire donc sa révérence après les pressions de la rue. Pour comprendre la situation, on joint Omar Aktouf, intellectuel algérien et professeur titulaire à HEC Montréal.

L’annonce de sa démission arrive alors que le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Ahmed Gaïd Salah, a demandé que soit « appliquée immédiatement » la procédure constitutionnelle permettant d’écarter le président Abdelaziz Bouteflika du pouvoir.

« Il a été annoncé qu’il quitterait le pouvoir dans l’échéance de son mandat, le 28 ou le 29 avril prochain, déclare en entrevue téléphonique M. Aktouf. Avec tous les revirements qui se sont produits récemment, la situation devient à la fois ubuesque et cynique. D’un jour à l’autre, on ne sait pas ce qu’il peut se passer. »

Écoutez l’entrevue avec Omar Aktouf (9 minutes et 46 secondes) :

La télévision d’État vient d’annoncer la démission d’Abdelaziz Bouteflika après 20 ans au pouvoir. Lâché par l’armée, le président démissionnaire de l’Algérie tire donc sa révérence après les pressions de la rue. Entrevue avec Omar Aktouf, intellectuel algérien et professeur titulaire à HEC Montréal.

Le professeur ajoute que rien n’est coulé dans le béton. «  Il se peut que demain ou après-demain, les Algériens apprennent que Bouteflika reprend ses fonctions ou qu’il rallonge son mandat comme il semblait le faire savoir il y a de cela deux ou trois semaines. »

Même si cette annonce est sérieuse, de toute façon les manifestants la reçoivent comme une véritable insulte, affirme M. Aktouf. « Ce que les Algériens demandent, ce n’est pas seulement la démission ou le départ du président, mais le départ de tout le système y compris ceux qui gravitent autour du pouvoir, les membres de l’armée, les ministres, les oligarques et les nouveaux riches. La rue demande que tout ce monde-là dégage. »

Pour le professeur, personne ne sait vraiment ce qui se passe dans les arcanes du pouvoir, mais les réactions demeurent calculer. « L’armée n’est pas homogène et elle est loin d’être unie, dit-il. Je ne crois pas qu’il y ait de l’improvisation. Par contre, on semble témoin d’une incapacité à trouver un accord entre les clans. Ceux qui tiennent le pouvoir ne s’entendent pas, alors en attendant, on les voit joués au yo-yo. »

Aucune personne proche du pouvoir, quel que soit son grade ou corps d’appartenance, n’est aujourd’hui légitime aux yeux des Algériens, prétend M. Aktouf.  « Les gens continueront à manifester tant qu’il n’y aura pas de changement profond. Avec 20 millions de personnes qui défilent en Algérie, la rue a atteint un point de non-retour. Elle n’est pas prête à reculer. »

Toutefois, l’avenir peut encore s’assombrir, croit le professeur. « Le chemin sera long. Nous avons des exemples dans le monde arabe qui ne sont pas encourageants comme en Libye, en Syrie et même en Tunisie. Il y a des risques que le mouvement soit noyauté », conclut-il.

Devant un mouvement de contestation qui ne s'essouffle pas, Abdelaziz Bouteflika renonce à un 5e mandat présidentiel en Algérie. La présidence a aussi annoncé que l'élection prévue le 18 avril est reportée sine die. Les explications de Catherine Kovacs.

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