Le général Ahmed Gaid Salah en compagnie de l'ex-président algérien, Abdelaziz Bouteflika, lors d'une cérémonie de remise des diplômes en 2012 à Cherchell, à 90 km d'Alger, Crédit photo : Reuters/Ramzi Boudina.

Algérie : le président Bouteflika inapte à gouverner, selon le chef d’état-major de l’armée

Dernier coup de tonnerre en Algérie. Le chef d’état-major de l’armée algérienne a déclaré Abdelaziz Bouteflika inapte à gouverner. Pendant un discours retransmis en partie à la télévision nationale, Ahmed Gaïd Salah a réclamé que la plus haute juridiction du pays active l’article 102 de la Constitution, qui prévoit la destitution du chef de l’État.

Depuis que Bouteflika a annoncé sa candidature à un cinquième mandat à la présidentielle prévue pour le 18 avril prochain, l’Algérie connaît une contestation populaire inédite. Quelles peuvent être les répercussions des propos du chef des armées? On en discute avec Raouf Farrah, analyste politique, spécialiste de l’Afrique et du Moyen-Orient.

Le général d’état-major a appelé à l’application de l’article 102 de la Constitution algérienne. Qu’est-ce que cela signifie concrètement? « Dans les faits, on pourrait s’attendre à ce que le pouvoir soit confié pour une période intérimaire au chef du Conseil de la Nation, la Chambre haute du Parlement. Des élections présidentielles seront ensuite organisées », explique en entrevue téléphonique Raouf Farrah.

Écoutez l’entrevue avec Raouf Farrah (7 minutes et 23 secondes) :

Le président algérien Bouteflika inapte à gouverner, selon le chef d'état-major de l'armée. Entrevue avec Raouf Farrah, analyste politique, spécialiste de l'Afrique et du Moyen-Orient.

Les déclarations du chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, sonnent comme un désaveu au président algérien. « D’une certaine façon, l’armée lâche Bouteflika, affirme l’analyste. Il faut savoir que l’armée a toujours été une force importante en Algérie. Par contre, Ahmed Gaïd Salah est toujours considéré comme un ami très proche du président Bouteflika. Ils sont tous les deux de la même génération. »

Et même si l’armée lâche le président, cela ne donne pas beaucoup de garanties pour le mouvement populaire, ajoute M. Farrah. « L’armée ne possède aucune prérogative institutionnelle pour appliquer l’article 102. L’armée a adressé son message au Conseil de la Nation. Pour l’instant, le président du Conseil [la fonction est assumée depuis maintenant près de 17 ans par Abdelkader Bensala] ne s’est officiellement pas exprimé sur la question. »

L’analyste rappelle d’ailleurs que le président du Conseil est également un proche du président Bouteflika. Aussi exceptionnelles soient-elles, les déclarations du chef d’état-major ne sont qu’une victoire partielle pour la contestation populaire, croit-il.

« Ce que les Algériens demandent, c’est la fin du système politique qui existe depuis 1962. Encore aujourd’hui, nous nous retrouvons avec un scénario dans lequel le système peut encore perdurer longtemps. L’argument de l’application de l’article 102 est déjà dépassé au vu des circonstances. Il permet de maintenir le système en place. Il permet aussi de protéger le chef d’état-major d’un éventuel départ. »

Pour M. Farrah, l’appel du chef d’état-major aurait dû être lancé il y a plusieurs mois. « L’armée a attendu parce que son chef est en connivence avec Bouteflika et son clan. Je pense que la rue va attendre le temps de voir les tenants et les aboutissants de ce processus. Mais au final, le mouvement populaire va probablement s’opposer à cette solution caduque », conclut l’analyste.

Plus de 2000 personnes manifestent devant le consulat d'Algérie de Montréal en solidarité avec les Algériens, qui ont obtenu du président Abdelaziz Bouteflika qu'il renonce à un cinquième mandat. Les précisions de Louis de Belleval.

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