Un cratère vieux de 23 millions d’années sur l’île isolée Devon, au Nunavut, dans le Grand Nord canadien, ressemble à s’y méprendre à la surface de Mars. Grâce à l’application Google Earth, vous pouvez vous offrir une visite virtuelle de ce lieu où la NASA teste une série d’équipements voués à une future mission sur la planète rouge.
« Je pense que les premières personnes qui atterriront sur Mars diront quelque chose dans le genre : « Oh, ça ressemble à l’île Devon, où nous nous sommes entraînés » », a dit Pascal Lee, un scientifique de la NASA, dans un documentaire vidéo produit par Google.
Cet été sera la 23e saison de suite que Pascal Lee se rend sur les lieux et qu’un contingent de chercheurs de la NASA se déplace avec lui pour se familiariser avec la topographie de l’île Devon.
« J’ai invité Google à venir voir notre projet l’été dernier et ils ont amené une équipe de deux personnes et une équipe de tournage… Ils voulaient partager ce que nous faisions avec le reste du monde. »
La contribution de Google au projet signifie que toute personne disposant d’une connexion Internet décente (ce qui, ironiquement, pourrait exclure les Nunavummiuts qui vivent le plus près de l’île) peut maintenant visiter virtuellement la zone d’entraînement et certaines parties de l’île.
Un nom approprié disait-on, car c’est dans cette capitale de la région des T.-N.-O. qu’on retrouve la roche la plus ancienne sur la Terre, vieille de 2,7 milliards d’années.
L’île Devon gelée dans le roc et dans le temps
Ce qui rend cette grande île inhabitée de la Terre si attrayante pour les scientifiques de la NASA, c’est une énorme cicatrice en forme de cratère creusé dans le roc lorsqu’un astéroïde ou un météore a percuté le sol il y a environ 23 millions d’années.
Le froid arctique et la sécheresse relative de la région – c’est un désert polaire – signifient que la zone du cratère d’impact de Haughton, d’une largeur de 20 kilomètres, demeure à peu près la même que lors de sa formation.
« Elle [la cicatrice] est essentiellement conservée dans le congélateur de l’Arctique », explique Pascal Lee.
« À part le fait qu’on ne voit pas de pierres fumantes et que tout s’est refroidi, on dirait que l’astéroïde ou la comète a frappé hier. »
Ce n’est pas le premier projet de cartographie de Google dans le Nord canadien. L’entreprise a apporté sa technologie de cartographie des rues à Cambridge Bay, Iqaluit, Sanikiluaq et Churchill, pour ne nommer que quelques endroits.
Accueillir les futurs astronautes de Mars
Pascal Lee affirme qu’il considère les Inuits de la région comme étant des membres de l’équipe de la NASA grâce à leur rôle de guides, d’hôtes et parfois de collègues au cours des deux dernières décennies.
« Je crois sincèrement qu’il existe un savoir traditionnel et une sorte d’expérience culturelle que les Inuits peuvent mettre à profit pour aider les humains à se préparer à aller dans d’autres mondes, où les ressources sont si rares et où il est si difficile de survivre », indique-t-il.
Il s’attend à ce que lorsque viendra le temps de former des astronautes pour la vie sur Mars, ces astronautes s’entraînent non seulement sur l’île Devon, mais aussi à Resolute Bay et à Grise Fiord, deux communautés du Nunavut relativement près de la station de base du Devon Island Mars Institute.
« Il n’y a pas de fin en vue pour ce que nous apprenons sur l’île Devon, et il n’y a pas non plus de fin en vue de ce que nous pouvons faire avec l’île Devon pour nous aider à nous préparer à retourner sur la Lune et à aller sur Mars », conclu M. Lee.
Ce clin d’œil à la ville canadienne est dû à sa renommée comme étant (parfois) aussi froid que la planète rouge. Le rover martien Curiosity avait par exemple indiqué le 31 décembre 2013 que la région de Mars où il se trouvait avait atteint une température maximale de -29 degrés Celsius, une température que l’on rencontre souvent à Winnipeg pendant une trentaine de jours consécutifs l’hiver.
Avec les vents soufflants ce jour-là, les valeurs de refroidissement faisaient chuter les températures à -40 ou -50, ce qui signifie que la peau d’un Martien exposée aurait gelée en moins de cinq minutes. Un scénario bien connu des Winnipégois.
RCI avec la contribution de Walter Strong de CBC News
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