La présence de déchets canadiens à Manille empoisonne les relations entre Manille et Ottawa (THE CANADIAN PRESS/AP, Aaron Favila)

« Les Philippines ne sont pas la poubelle du Canada »!

Rodrigo Duterte a lancé un ultimatum au Canada mardi. Il donne une semaine au pays de Justin Trudeau pour régler le problème de ses déchets dans le port de Manille. Faute de quoi, ce sera la guerre.

Très remonté contre Ottawa, le président philippin a promis qu’il viendrait en personne décharger les tonnes de déchets indésirables si les Canadiens ne les récupèrent pas. Le problème? En 2013 et 2014, une entreprise canadienne avait expédié à Manille une centaine de conteneurs de déchets présentés comme des matières recyclables.

En réalité, il s’agissait d’ordures ménagères, dont des couches pour adultes souillées et des ordures de cuisine et de déchets électroniques. En somme, c’étaient des déchets non recyclables. Depuis, ces 2000 tonnes de déchets pourrissent dans les conteneurs et pourrissent les relations diplomatiques entre Ottawa et Manille.

Justin Trudeau et Rodrigo DutertePHOTO MARK R. CRISTINO, REUTERS

Le président philippin Rodrigo Duterte menace de déclarer la guerre au Canada. Photo Mark R. Cristino, Reuters

Depuis les débuts de cet incident, le Canada a tenté, en vain, de convaincre les Philippines de se débarrasser des déchets. Mais en 2016, la justice philippine a ordonné que ces ordures soient retournées au Canada.

Un an plus tard, lors de sa visite à Manille en novembre 2017, le premier ministre Justin Trudeau avait promis de s’en occuper. Cette promesse n’ayant jamais été tenue, plus de 100 organismes environnementaux et communautaires aux Philippines ont adressé une lettre commune à M. Trudeau, au début de 2019, pour lui demander de tenir parole.

Ces organismes ont par ailleurs reçu le coup de pouce d’un avocat canadien de la Colombie-Britannique. La semaine dernière, il a soutenu qu’Ottawa était fautif dans ce dossier. Le Canada, selon lui, violait la Convention internationale de Bâle. Cette convention interdit le transfert de déchets dangereux des pays développés vers les pays en développement (PED) sans leur consentement éclairé. Le traité vise également à aider les PED à gérer de façon raisonnable les déchets, nocifs ou pas, qu’ils produisent.

Selon un avocat canadien, Ottawa a violé la Convention de Bâle dans le dossier des déchets expédiés aux Philippines. (La Presse canadienne)

Connu pour son sens de la formule et l’usage de l’hyperbole, Rodrigo Duterte a eu des relations en dents de scie avec Ottawa. En février 2018, au lendemain de critiques du gouvernement canadien sur la situation des droits de l’homme dans son pays, il annulait un contrat d’achat de 16 hélicoptères canadiens Bell pour 235 millions de dollars américains.

Selon Bell, les hélicoptères devaient être utilisés à des fins humanitaires et de transport. Mais M. Duterte avait admis que les appareils achetés au Canada allaient servir à la lutte contre les rebelles et les terroristes.

« Le premier ministre et moi-même avons été très clairs sur les violations des droits de la personne et les exécutions extrajudiciaires du régime Duterte », avait alors déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, ajoutant qu’elle était prête à refuser les permis d’exportation des hélicoptères canadiens.

(Avec Reuters et La Presse canadienne)

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