Le controversé président philippin Rodrigo Duterte s’en prend à une vieille cargaison d’ordures venues du Canada par bateau dans un peu plus de 100 conteneurs expédiés à Manille par une entreprise canadienne en 2013 et 2014.

Le président philippin Rodrigo Duterte (Lean Daval fils | Reuters)
Rodrigo Duterte affirme que si le Canada ne reprend pas ces tonnes de déchets d’ici la semaine prochaine, il « déclarera la guerre » et expédiera lui-même les 103 conteneurs remplis de déchets domestiques et électroniques qui pourrissent dans un port près de Manille depuis près de six ans.
Leurs contenus avaient été mal étiquetés en tant que plastiques à recycler.
Une fois arrivés au port de Manille, les inspecteurs des douanes ont découvert qu’ils contenaient des ordures, y compris des couches pour adultes souillées et des déchets de cuisine.
Dans une vidéo diffusée par RTVM, le service média du bureau du président lance en boutade : « Je leur déclarerai la guerre. J’aviserai le Canada que vos ordures sont en route. Préparez une grande réception. Mange-le si tu veux. »

Des militants philippins de l’environnement portent un faux fourgon rempli d’ordures pour symboliser les conteneurs d’ordures qui ont été expédiés du Canada aux Philippines. (Aaron Favila/Associated Press)
Beaucoup d’attente
Ottawa tente depuis près de six ans de convaincre les Philippines de se débarrasser de ces ordures, même si un tribunal philippin a ordonné le retour des déchets au Canada en 2016.
La semaine dernière, un avocat de la Colombie-Britannique a déclaré dans un mémoire juridique que le Canada viole la Convention internationale de Bâle, qui interdit aux pays développés d’envoyer leurs déchets toxiques ou dangereux aux pays en développement sans leur consentement éclairé.
Une porte-parole de la ministre fédérale de l’Environnement et des Changements climatiques avait déclaré mardi que le Canada examine à nouveau la question. Mercredi, la ministre Catherine McKenna a ajouté qu’elle espérait trouver un moyen pour traiter les tonnes de déchets indésirables. Mme McKenna a dit que son ministère travaille avec Manille sur ce dossier, mais a ajouté que les menaces ne sont pas utiles.
« Nous travaillons très fort pour régler le problème des ordures. Je pense qu’il y a une solution qui peut être trouvée dans les semaines à venir », a déclaré Mme McKenna lors d’un événement à Montréal mercredi.
Le Canada perdrait de sa crédibilité

Gord Johns Photo : Radio-Canada
Le député néo-démocrate Gord Johns, qui a soulevé la question à la Chambre des communes mercredi, a déclaré que la réputation du Canada est en train de se détériorer à cause de ce conflit.
« En fait, cela nous enlève notre crédibilité d’avoir des conversations sur ces questions [de l’environnement] parce que nous n’agissons pas lorsqu’une entreprise, par exemple, ne s’est pas acquittée de ses obligations. Je crois que les Canadiens s’attendent à ce que notre gouvernement ne se contente pas de belles paroles, mais qu’il prenne des mesures concrètes lorsqu’il s’agit d’éliminer de façon responsable nos déchets, nos ordures et nos plastiques. »
« Qu’il s’agisse ou non d’une question juridique pour le Canada, il s’agit d’une question morale », a précisé M. Johns.
« En ce moment, [le gouvernement] est à la traîne et c’est un incident international… C’est une honte pour le Canada et c’est embarrassant pour tous les Canadiens. »

Le premier ministre Justin Trudeau s’entretient avec le président philippin Rodrigo Duterte lors de la 40e session commémorative ANASE-Canada, à Manille, le mardi 14 novembre 2017. (Adrian Wyld/Presse canadienne)
RCI avec La Presse Canadienne, les informations de Catharine Tunney de CBC News et la contribution de Radio-Canada
En complément
D’ici 2050, l’humanité pourrait produire 70% de déchets en plus – RCI
Enquête internationale demandée sur les déchets nucléaires canadiens – RCI
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.