Le Canada est l'un des pays de l'OCDE pratiquant le plus grand nombre de surdiagnostics.( Crédit: Istock)

Système de santé : pour en finir avec le surdiagnostic

« Moins, c’est mieux ». Tel est le thème du congrès national Choisir avec soin qui se tient lundi à Montréal. L’événement, qui réunit plus de 300 médecins, infirmières, décideurs, chercheurs et autres professionnels de la santé, est l’occasion d’échanger sur le surdiagnostic et sur la surutilisation du système de santé.

Le surdiagnostic est la détection d’un problème qui n’aurait pas causé de problème de santé ni la mort. Donc, la découverte de ce problème ou son traitement anticipé n’apportent rien au patient. Ainsi, environ 30 % des interventions, des examens ou des traitements médicaux réalisés au Canada seraient inutiles. Seulement au Québec, l’Association médicale du Québec (AMQ) estimait à 5 milliards de dollars par année le gaspillage dans le réseau de la santé en 2014.Ce qui représentait environ 15 % des budgets liés aux soins.

Dre Guylène Thériault
(Photo : Pierre Longtin)

Selon l’OCDE,  plus de 25 millions d’ordonnances d’antibiotiques ont été suivies au pays en 2015. Cela représente l’équivalent de presque une ordonnance par Canadien de 20 à 69 ans. Le surdiagnostic et la surutilisation des ressources en santé pèsent lourd sur le système. Et il faut y remédier le plus vite possible selon la Dre Guylène Thériault, coresponsable des soins primaires de la campagne Choisir avec soin.

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Une plus grande communication est nécessaire pour éviter le surdiagnostic. Photo : iStock

Quelques conseils en médecine familiale pour éviter le surdiagnostic et la surutilisation du système de santé
  • Ne pas recourir à des examens d’imagerie pour des douleurs au bas du dos à moins d’être en présence de signaux d’alarme.
  • Ne pas utiliser d’antibiotiques pour traiter une infection des voies respiratoires supérieures vraisemblablement d’origine virale, comme une maladie s’apparentant à la grippe, ou spontanément résolutive, comme une infection des sinus qui dure depuis moins de sept jours.Ne pas prescrire de radiographies pulmonaires et d’électrocardiogrammes de dépistage aux patients asymptomatiques ou à faible risque.
  • Ne pas soumettre les femmes de moins de 21 ans ou de plus de 69 ans aux examens de dépistage par frottis cervico-vaginal (test Pap).
  • Ne pas demander d’analyses sanguines de dépistage chaque année, sauf si le profil de risque du patient l’exige.
  • Éviter de prescrire systématiquement un dosage de la vitamine D chez les adultes à faible risque.Éviter d’effectuer de routine la mammographie de dépistage chez les femmes de 40 à 49 ans qui présentent un degré de risque moyen.
  • Pour chaque patiente, l’évaluation des préférences et des risques doit guider la discussion et la décision au sujet de la mammographie de dépistage dans ce groupe d’âge.
  • Éviter de pratiquer l’examen physique annuel chez les adultes asymptomatiques ne présentant aucun facteur de risque particulier.
  • Éviter de prescrire la mesure de l’ostéodensitométrie par absorptiométrie biénergétique à rayons X (DEXA) pour le dépistage de l’ostéoporose chez les patients à faible risque.
  • Éviter de conseiller une routine d’autosurveillance régulière des glycémies capillaires chez les diabétiques qui n’utilisent pas l’insuline.
  • Éviter de prescrire des tests de fonction thyroïdienne chez les patients asymptomatiques.
  • Ne pas continuer l’analgésie par opioïdes au-delà de la période postopératoire immédiate ou de l’épisode de douleur aiguë et intense.Ne pas instaurer de traitement analgésique prolongé par opioïdes pour la douleur chronique avant d’avoir essayé les modalités non pharmacologiques et d’avoir procédé à un essai suffisant des agents non opioïde

(Source : Choisir son soin)

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